Coalition internationale des femmes contre le blocus de Gaza : Impressions de Camille de l’AFPS de Saint-Etienne, partie avec le groupe de Lyon le 5 mars 2014.
« Dès lors que j’ai été informée de l’appel au secours des femmes de Gaza, il m’a semblé impensable de ne pas y répondre soit directement en y participant soit au moins en agissant pour le relais de leur appel. C’est avec les militants de Lyon que je me suis engagée à travailler et à partir pour Gaza.
Arrivée à l’aéroport du Caire avec le groupe de Lyon le 5 mars, rien ne nous laissaient supposer que nos amies arrivées plus tôt avaient rencontré un refus d’entrée sur le sol égyptien. Nous arrivons dans le hall, et trouvons nos amies parisiennes, marseillaises, américaines d’ici ou de là-bas assises sur le sol de l’aéroport. Les premiers mots sont qu’il y a eu des passeports confisqués et que certaines ne répondent pas à l’appel, isolées quelque part dans l’aéroport. Mon impression est tout de suite, l’inquiétude pour ces dernières.
Je n’aurai pas imaginé une seule fois que nous puissions être bloqués à l’aéroport du Caire. L’interdiction d’entrer sur le territoire égyptien m’a paru aberrante, illégale, illogique. Nous savions qu’il nous aurait été difficile d’avoir l’autorisation de passer Rafah et rejoindre Gaza ; mais de quel droit nous interdire de nous rendre au Caire, que craindre de nous ? Une fois établi notre sit-in, j’ai eu bon espoir que notre situation se décante et qu’on nous laisse enfin rejoindre les autres membres de la coalition qui avaient réussi à passer avant nous.
Notre sit-in était placé à un endroit stratégique et donc embarrassant pour les autorités égyptiennes et le personnel de la sécurité de l’aéroport… Nous étions placés au passage de douane, contrôle de passeport. Tous les passagers des vols atterrissant au Caire nous voyaient. Si bien que sur la trentaine d’heures passées là, comme au niveau du terminal, nous avons été visibles.
Le combat contre le blocus de Gaza s’est fait connaitre. Les personnes nous prenaient en photo, filmaient. Les réseaux sociaux et des médias ont étés informés de notre situation et de la raison de notre présence. Les cordons de sécurité autour de nous ; matériel et humain ont desservi nos geôliers !
Oui nous avons toutes eu une déception de ne pas passer; pourtant nous avons révélé le parti pris des autorités égyptiennes et l’ingérence d’autres pays à notre droit de circulation. Nous étions, nous femmes de la coalition, sur un échiquier, mais nous n’en étions pas les pions. Nous avons révélé que Gaza, et le reste de la Palestine continuent d’être asservis, que l’étau du blocus de Gaza se resserre de plus en plus.
Notre déplacement prouve pourtant que les palestiniens ne sont pas soumis et qu’ils ne le seront jamais, qu’il y a une force plus grande que le sionisme et ceux qui marchent avec eux, qui s’appelle la solidarité. Nous lutterons contre le blocus et nous ne nous laisserons pas intimider.
C’est donc plus déterminée que je reviens en France, plus forte grâce aux rencontres faites et aux expériences communiquées de chacune. J’aspire à repartir pour Gaza et vivre une expérience sur le territoire palestinien. J’espère la réussite des prochaines missions, même si pour moi celle-ci n’est pas un échec car elle a participé à la dénonciation du blocus de Gaza. Nous ne sommes pas des douces rêveuses, nous avons un pouvoir, nous réussirons à faire tomber ce blocus car nous n’avons pas peur d’Israël. Nous sommes toutes concernées par la lutte et l’appel de ces femmes de Gaza, de leur conquête de droits et de justice là-bas, si loin des projecteurs, si loin enfermées. »
Camille de Saint-Etienne
CAPJPO-EuroPalestine