Après des années d’atermoiements, l’Autorité Palestinienne a finalement annoncé vendredi son adhésion à la Cour Pénale Internationale (CPI), un instrument permettant d’engager des poursuites contre les dirigeants israéliens coupables de crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
La demande a été officiellement remise vendredi matin au Secrétariat général des Nations-Unies, qui a 60 jours pour la répercuter aux Etats membres de la CPI. C’’est pourquoi, selon Saeb Erekat, l’un des dirigeants de l’Autorité Palestinienne, la Palestine sera membre de ce tribunal au mois de mars au plus tard.
Parallèlement, l’Autorité Palestinienne a ratifié l’adhésion de l’Etat de Palestine à une vingtaine de traités internationaux, dont les Conventions de Genève et leurs protocoles additionnels, qui concernent en particulier les crimes de guerre.
Cela fait au minimum deux ans –depuis la reconnaissance de la Palestine comme Etat observateur « non membre » aux Nations-Unies en novembre 2012- que l’Autorité Palestinienne aurait pu demander justice auprès de la CPI.
Mais Mahmoud Abbas et son équipe de Ramallah ont traîné des pieds, pour complaire à Israël et aux Etats-Unis, allant jusqu’à saboter, en juillet dernier, en plein massacre de Gaza, une plainte pourtant déposée par un membre à part entière du gouvernement palestinien (le ministre de la Justice) !
Pour autant, la collaboration avec un occupant toujours plus gourmand ne paie pas : à la demande d’Israël, les Etats-Unis n’ont même pas laissé passer, en début de semaine au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, une résolution palestinienne dépourvue de toute portée pratique, mais qui aurait permis à Abbas d’afficher un semblant de « succès diplomatique ».
D’où la rebuffade de l’AP, et son initiative en direction de la CPI, où seront dénoncés, selon les déclarations faites par les dirigeants palestiniens un certain nombre des Israéliens auteurs des crimes de guerre.
Il y a évidemment loin de la coupe aux lèvres, en premier lieu parce qu’il n’est même pas exclu que la CPI trouve des artifices pour déclarer irrecevables les plaintes de la Palestine.
Pour autant, l’initiative palestinienne est susceptible de gêner les déplacements à l’étranger d’une série de criminels israéliens, qui pourraient hésiter à prendre le risque d’une interpellation policière à leur descente d’avion dans telle ou telle capitale.
C’est pour cette raison que Netanyahou et son gouvernement ont réagi avec leur hystérie coutumière à l’annonce de l’initiative de l’Autorité Palestinienne, promettant de nouvelles sanctions.
De nouvelles « sanctions » ? Mais lesquelles ? Contre le peuple palestinien, les violences israéliennes sont de toute façon continuelles.
Contre les dirigeants de l’AP, alors ? En les privant de leurs privilèges ? C’est possible : la quasi absence de réaction de l’AP au récent assassinat, par des soldats israéliens, du ministre palestinien Abou Ein, ne peut qu’encourager en ce sens Netanyahou, qui plus est en pleine campagne électorale, avec ce que cela suppose de surenchère guerrière.
CAPJPO-EuroPalestine