Le week-end du 15 août –jour férié, à l’occasion de la fête catholique de l’Assomption- aura été marqué par une succession d’actes et de déclarations islamophobes.
On a d’abord vu un magistrat du Tribunal administratif de Nice valider l’arrêté inique du maire de Cannes, le Républicain David Lisnard, interdisant le port du « burkini » (terme inventé par les médias pour décrire une tenue de baignade couvrant tout le corps mais pas le visage, à l’instar des combinaisons de véliplanchistes, par exemple) sur les plages.
Cette atteinte flagrante aux libertés citoyennes a été expressément « justifiée » par le fait que le « burkini » serait un encouragement aux « attentats islamistes » !
C’est du délire, bien sûr, et le CCIF (Comité contre l’islamophobie en France), qui contestait la décision cannoise devant le Tribunal administratif de Nice, va faire recours devant le Conseil d’Etat, en principe dès ce mardi.
Mais en attendant, tandis que les tenues de plage les plus dénudées possible sont promues dans les médias, l’arrêté municipal de Cannes fait des émules. Une autre ville de la Côte d’Azur, Villeneuve-Loubet, interdit à son tour le « burkini », de même que la mairie de Sisco, en Corse.
Dans ce village balnéaire proche de Bastia, une violente bagarre avait opposé samedi trois familles musulmanes –dont les femmes se baignaient en burkini- à des dizaines d’autres habitants, faisant plusieurs blessés de part et d’autre.
Mais le pire était à venir le lendemain lorsqu’à Bastia, plusieurs centaines d’habitants, drapeau corse en tête, aux cris de « Aux armes, on est chez nous ! » et « Arabi fora » (« Les Arabes dehors »), ont entrepris de marcher à l’assaut du quartier censément habité par les familles musulmanes (tout aussi corses que les autres habitants de l’île, que l’on sache), avant d’être contenus par policiers et gendarmes.
Les responsables politiques ne sont pas en reste : pour bien montrer qu’on est dans le « deux poids, deux mesures », et suggérer fortement qu’il y a un « eux » (les « musulmans ») et un « nous » (la France chrétienne éternelle), le très laïque ministre de la police Bernard Cazeneuve a fait le déplacement de Lourdes (Hautes-Pyrénées) pour assister au pèlerinage de l’Assomption, sous couvert d’inspection du dispositif de sécurité (500 policiers et gendarmes) mis en place après le monstrueux assassinat du prêtre Jacques Hamel, dans la banlieue de Rouen, par deux jeunes terroristes se réclamant de l’Etat Islamique (Daech)
Et tandis que la hiérarchie catholique fait preuve de retenue (voir la déclaration du pape François pour qui « le premier terrorisme, c’est le Dieu argent »), ce sont les politiques qui jouent la guerre des religions : pourquoi diable, sinon, François Hollande, en pleines vacances, a-t-il sollicité une entrevue au Vatican, que le pape lui a accordée, et qui aura lieu mercredi ? En parallèle, les merdias sortent opportunément un sondage réalisé auprès de « catholiques pratiquants », dont la moitié considéreraient l’islam comme une « menace ».
Pourquoi, aussi, sortir de la naphtaline le vieux politicien nationaliste Jean-Pierre Chevènement, dont les amis se surpassent régulièrement dans l’islamophobie (avec par exemple ce projet –avorté pour le moment- d’interdire aux nourrices agréées de confession musulmane de porter le voile à leur propre domicile) ?
Chevènement a en effet été pressenti par le gouvernement pour relancer une institution visant à accentuer la tutelle de l’Etat français sur les musulmans, la « Fondation pour les œuvres de l’Islam en France ».
Devenue une coquille vide, cette dernière avait été créée en 2005, sous les auspices du gouvernement de Dominique de Villepin.
Son premier financement, cela ne s’invente pas, avait été assuré par un don du milliardaire Serge Dassault, politicien de second ordre multipliant qui plus est les ennuis judiciaires, mais industriel de premier plan comme fabricant des redoutables avions Rafale, ceux-là même qui prouvent l’excellence de « nos » armes avec leurs bombardements de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Syrie, soit autant de pays … musulmans.
Pas encore sûr de vraiment vouloir le poste–l’homme a fait sa chochotte tout au long de sa carrière-, Chevènement annonce cependant la couleur : dans une interview au Parisien (http://www.leparisien.fr/politique/je-ne-me-deroberai-pas-15-08-2016-6041519.php), qui fleure bon le paternalisme de l’Algérie coloniale, il ordonne par avance aux musulmans de faire preuve de « discrétion ».
C’est dans ce contexte, passablement alarmant, que le CCIF vient de lancer un appel à la mobilisation générale, qui s’adresse à tous les citoyens épris de liberté, musulmans ou pas, et que nous relayons bien volontiers.
C’est à lire ici : http://www.islamophobie.net/articles/2016/08/12/alerte-generale-contre-lislamophobie-tous-mobilises-avec-le-ccif
CAPJPO-EuroPalestine