Des manifestations ont eu lieu à Haïfa et Nazareth ces derniers jours pour protester contre la volonté du gouvernement israélien d’exclure les députés qui représentent la minorité palestinienne au parlement, et les manoeuvres utilisées contre eux à cette fin.
Manifestation à Haïfa
Plus d’une vingtaine de membres de Balad ont été arrêtés et détenus en Israel sous couvert de financement illégal de leur parti. Il s’agit en fait de criminaliser l’action des députés de la liste unie arabe qui représentent les 20 % de la population israélienne qui sont palestiniens.
Raids et saisie de documents et d’ordinateurs à leurs domiciles, pour faire bonne mesure.
« Une action politique, et non légale » a déclaré Jamal Zahalka, leader de groupe Balad à la Knesset.
Ce groupe est la bête noire du gouvernement israélien, car il revendique qu’Israël devienne « l’Etat de tous ses citoyens » et non un « Etat juif » comme c’est le cas. Il souligne qu’Israël n’est pas de ce fait une démocratie, comme il le prétend.
Les nouvelles arrestations de membres de Balad ne sont qu’un coup supplémentaire porté contre le parti qui est sous l’oeil du cyclone depuis plus de 10 ans.
Pour rappel, son ex-dirigeant Azmi Bishara a été obligé de s’exiler depuis 2007, car accusé de trahison et d’assistance au Hezbollah pendant l’attaque d’Israët sur le Liban.
Une accusation qui revient sans cesse à l’encontre de ce parti et qui se traduit par des arrestation, un harcèlement constant, des amendes et des campagnes de diffamation, afin de créer une atmosphère hostile à ce parti dans le pays et d’effrayer ses électeurs.
Depuis le début de l’année, plus de 150 de ses membres ont été interrogés par la police, sous divers prétextes.
En juillet dernier, le parlement a voté la « Loi Expulsion » à la demande de Netanyahou, qui permet aux 3/4 des parlementaires d’exclure l’un des membres du parlement, visant clairement Haneen Zoabi, membre du Balad la plus populaire.
Et un mois plus tôt, Haneen Zoabi avait dû être protégée par des vigiles de la Knesset alors qu’elle était prise à partie pendant l’un de ses discours sur les 10 humanitaires turcs tués par Israël pendant l’attaque du Mavi Marmara.
En février, 3 des députés du Balad avaient été suspendus de leurs fonctions pendant plusieurs mois pour avoir rencontré des familles palestiniennes à Jérusalem Est et les avoir aidé à récupérer les dépouilles de leurs fils tués par Israël, afin de pouvoir les enterrer.
Sur les 13 dernières années, des candidats Balad aux élections ont été empêchés de se présenter à plusieurs reprises, la Cour suprême devant intervenir.
Les service secrets israéliens (Shin Bet) ont maintes fois désigné Balad comme une « menace inhérente » au sein du pays, dans la mesure où ils rejettent le concept d’Etat juif pour désigner Israël.
Donc tout est bon pour tenter de les discréditer : accusations répétées de corruption, de rencontres avec « des agents étrangers » , d’incitation à la haine, etc.
Et le Shin Bet ne se gêne pas pour convoquer tous les jours de nombreux militants pour le défense de la minorité palestinienne au sein de la population israélienne. On leur demande de donner les noms de tous ceux qui militent et on les prévient qu’ils sont surveillés et risquent gros pour leur carrière, et leurs projets », souligne Jafar Farah, qui dirige un groupe de défenses des citoyens israéliens palestiniens.
“Israël, estime-t-il, veut une population palestinienne sans direction politique, sans vision politique, sans revendications, et qui soit traitée comme une tribu religieuse ».
« Et Netanyahou a profité du climat international actuel pour interdire le « Mouvement islamique » (branche du Nord d’Israël, mouvement en dehors du parlement, dirigé par Sheikh Raed Salah) en novembre dernier, en prétextant des liens avec « les terroristes du Hamas ». Et ceci, a souligné le quotidien israélien Haaretz, en dépit du fait, que le Shin Bet a été incapable de trouver le moindre lien avec des activités terroristes.
En fait, le Mouvement Islamique offre des services importants en matière de santé et d’éducation à la minorité palestinienne en Israël, et s’oppose à la judaïsation comme à la destruction de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem.
Raed Salah et Said Nafa, ancienss député du Balad sont actuellement emprisonnés par Israël, l’un pour avoir fait un prêche contre la politique israélienne, et l’autre pour avoir « rencontré un agent étranger pendant une visite en Syrie ».
Et cerise sur le gâteau, pour diminuer l’influence des partis arabes au parlement, il y a une nouvelle loi en préparation afin que des centaines de milliers de juifs vivant à l’étranger puissent participer aux élections en Israël.
Quant au ministre de la défense, Avigdor Lieberman, il a carrément appelé en septembre à la déportation des Palestiniens qui vivent en Israël, afin qu’ils soient « transférés » en Cisjordanie occupée.
(traduit par CAPJPO-EuroPalestine)
Source : http://www.jonathan-cook.net/2016-09-20/palestinians-in-israel-warn-of-bid-to-criminalise-political-activity/#sthash.5Utxdsep.dpuf
Manifestation de protestation à Nazareth
CAPJPO-EuroPalestine