Des milliers de personnes ont participé mercredi à l’enterrement du jeune Youssef Shaaban Abou Athra, tué le matin même par un obus d’artillerie israélien sur la bande de Gaza.
L’adolescent était élève en classe de seconde au lycée al-Najar de Rafah, dans le sud du territoire palestinien assiégé par le régime d’apartheid.
Deux autres jeunes Palestiniens ont été blessés par les tirs. Leur crime ? « Ils s’approchaient de la barrière de séparation ; ils étaient donc suspects ; nous avons tiré », a déclaré un porte-parole de l’armée, interrogé par l’agence Maan.
On rappelle que non content d’enfermer près de 2 millions d’hommes, de femmes et d’enfants, dans le plus grand camp de concentration du monde à ciel ouvert, Israël a décrété une « zone interdite » de 300 mètres de profondeur le long de la barrière de séparation, mais à l’intérieur du déjà minuscule territoire palestinien ! Quiconque pénètre cet espace, qui représente en surface près de 20% des terres agricoles de Gaza, s’expose aux tirs mortels de l’armée d’occupation.
L’assassinat de Youssef intervient dans un climat manifeste d’escalade de la part d’Israël, qui a pris plusieurs formes au cours des derniers mois.
Ainsi, tandis que le Hamas ne s’est pour sa part livré à aucune action militaire depuis longtemps, le patron de l’armée israélienne, le général Gadi Eizenkot, s’est vanté mercredi devant les députés de frapper « de manière disproportionnée » la bande de Gaza, en réponse à quelques tirs isolés de roquettes qui n’ont fait ni victimes ni dégâts, et dont les dirigeants israéliens reconnaissent eux-mêmes qu’ils ne sont pas le fait du Hamas.
La presse israélienne multiplie de son côté les roulements de tambour depuis quelques jours, dans ce qui pourrait bien être le prélude à un massacre de grande envergure.
GUERRE CONTRE L’AIDE HUMANITAIRE
Parallèlement, Israël a entrepris de décourager le plus possible l’apport d’une aide humanitaire aux habitants de Gaza, dont près de 80.000 restent encore sans abri après les terribles destructions de l’été 2014, et où les signes de malnutrition se multiplient.
C’est le cas notamment pour l’ONG australienne World Vision, dont le responsable du bureau de Gaza, Mohamed al-Halabi, est emprisonné en Israël depuis août dernier.
Al-Halabi avait été arrêté au point de passage d’Erez, et aussitôt accusé par les Israéliens d’avoir détourné, au profit du Hamas, des « dizaines de millions de dollars » donnés par World Vision.
L’ONG avait rapidement dénoncé l’absurdité de l’accusation, d’une part parce que les sommes citées dépassaient de très loin son budget pour la bande de Gaza, et d’autre part parce que rien ne permettait d’incriminer al-Halabi pour un mauvais usage des fonds qui lui avaient été confiés. Néanmoins, tous les programmes d’aide à Gaza ont été gelés par World Vision.
Mercredi, c’est le gouvernement australien lui-même qui a publié les résultats de sa propre enquête, concluant, elle aussi, à l’absence d’un quelconque détournement. Mais pas question de reprendre l’aide aux Gazaouis pour autant.
De même, l’armée israélienne a arrêté le mois dernier le représentant à Gaza de l’ONG turque TIKA, Mohamed Murtaja, et celui de l’association Save the Children, ainsi qu’un ingénieur travaillant pour le PNUD (Programme des Nations-Unies pour le Développement)
CAPJPO-EuroPalestine