La procureure de la 17ème chambre correctionnelle du tribunal de Paris a requis mercredi la condamnation du chroniqueur Eric Zemmour, jugé le même jour pour provocation à la discrimination et à la provocation à la haine, après une série de propos d’une rare virulence contre la population musulmane de notre pays.
Mis en délibéré, le jugement sera rendu le 22 juin prochain.
Le chroniqueur était jugé sur citation directe de notre association CAPJPO-EuroPalestine, qui s’était résolue à se porter partie civile, après avoir constaté l’inertie de la justice face aux propos pourtant ouvertement délictueux tenus par Eric Zemmour lors de l’émission C’ à Vous sur France 5, le 6 septembre 2016.
A l’antenne, Zemmour avait estimé que tous les musulmans sont terroristes puisque « le djihad guerrier fait partie du Coran » et sommé les musulmans de « faire le choix entre l’Islam et la France », tirant un trait d’égalité entre les auteurs « djihadistes » d’attentats et l’ islam.
La vidéo des éructations racistes du journaliste à « C à Vous » n’a toujours pas été retirée :
Zemmour lui-même, sûr de lui quand il pérore à la télévision ou à la radio, est manifestement moins à l’aise avec la perspective d’un débat public et contradictoire : il a ainsi séché l’audience mercredi, et c’est son avocat Olivier Pardo qui a tenté de le défendre.
Tenté, mais sans succès. Car malgré moult moulinets et un certain appétit pour l’injure et la diffamation , ce « ténor » du barreau n’a pu défendre l’indéfendable.
Passons sur la tentative préliminaire de M° Pardo de faire déclarer CAPJPO-EuroPalestine irrecevable, qui a échoué : notre association existe depuis maintenant 15 ans, ses statuts tout comme son action attestent depuis toujours notre engagement anti-raciste, et nous sommes par conséquent parfaitement fondés à attaquer en justice les agissements du –trop- célèbre chroniqueur.
Ne sachant trop à quel saint se vouer, M° Pardo nous avait notamment accusés d’être de « faux anti-racistes », ne s’intéressant qu’à la Palestine, et de n’avoir par exemple jamais agi en justice sur des affaires d’antisémitisme.
« Mauvaise pioche ! », lui a rétorqué Olivia Zémor, Présidente d’EuroPalestine, en rappelant que nous avions été partie prenant à un procès contre le responsable d’un site ayant appelé sur internet à l’agression physique de personnalités qualifiées par lui de « juifs traîtres », mettant une étoile de David en regard de leur nom.
Sur le fond, M° Pardo est resté aussi impuissant face, d’abord, au réquisitoire de la procureure, qui a pointé la « courageuse » absence de son client, et conclu à la gravité, voire à « l’extrême dangerosité » des propos de Zemmour, avant de requérir sa condamnation, sous la forme de 60 jours-amende de 100 €.
On avait auparavant rappelé qu’Eric Zemmour est un récidiviste en matière d’incitation à la haine raciale, avec déjà deux condamnations à son compteur, dont l’une est définitive, et l’autre en attente d’examen d’un pourvoi par la Cour de Cassation.
M° Bérenger Tourné, qui représentait CAPJPO-EuroPalestine, a pour sa part décortiqué, un à un, les 5 passages de l’émission poursuivis devant le tribunal, montrant, à chaque fois, en quoi il s’était agi de la part d’Eric Zemmour, lequel avait le culot de plaider « la bonne foi », d’une provocation délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard des musulmans.
CAPJPO-EuroPalestine