La librairie Résistances aura l’honneur d’accueillir, jeudi prochain 21 septembre, Marie-Jeanne Manuellan, sans laquelle les classiques de l’anticolonialisme de Frantz Fanon, « Les Damnés de la Terre » et « L’an V de la Révolution algérienne », n’auraient sans doute jamais vu le jour.
Eh oui ! En 1957, Marie-Jeanne part avec son mari Gilbert se mettre au service de la jeune Tunisie, qui vient tout juste d’arracher son indépendance à la France. Tandis que Gilbert est ingénieur, Marie-Jeanne, assistante sociale, est affectée au centre neuro-psychiatrique de jour de l’hôpital de Tunis, dirigé par un certain psychiatre nommé Frantz Fanon.
Marie-Jeanne ne sait pas grand chose de ce médecin âgé de 32 ans à peine, qui a déjà un long parcours d’engagements à son actif . Volontaire, à 18 ans, pour libérer la France occupée, le jeune Martiniquais est blessé en combattant dans les Vosges dans les rangs de l’armée française.
La paix revenue, Fanon obtient une bourse pour faire des études de médecine en France, période pendant laquelle il écrit aussi un premier ouvrage d’analyse du racisme colonial, « Peau noire, masques blancs ».
Nommé en 1953 à l’hôpital de Blida en Algérie française, le Dr Fanon entre en contact, dès le déclenchement de la guerre d’indépendance, avec des responsables du FLN. Fin 1956, il remet sa démission aux autorités coloniales, qui l’expulsent du territoire algérien quelques semaines plus tard.
Le Dr Fanon rejoint alors la Tunisie, peu de temps avant que Marie-Jeanne ne l’y retrouve au service de psychiatrie de l’hôpital.
« Je vais avoir besoin de vous, pour écrire un livre », lui dit un beau jour le médecin. Surprise, Marie-Jeanne Manuellan, qui ne sait pas encore taper à la machine, accepte néanmoins. Et c’est ainsi que Fanon va lui dicter, successivement, les deux livres devenus des ouvrages de référence, dans le monde entier.
La machine à écrire de Marie-Jeanne, sur laquelle elle a tapé les manuscrits de Frantz Fanon
Parallèlement, leurs relations personnelles, plutôt froides à l’arrivée de la jeune française dans le service, se transformeront en véritables liens d’amitiés, interrompus par la disparition précoce de Fanon, mort de leucémie à l’âge de 36 ans, en décembre 1961.
A l’indépendance de l’Algérie, Gilbert et Marie-Jeanne s’y installeront avant de revenir en France quelques années plus tard.
Ecrit à la première personne, le récit de Marie-Jeanne Manuellan se lit d’une traite, que l’on connaisse ou pas –pas encore, devrait-on dire– l’œuvre de Frantz Fanon. ( Editions L’AMOURIER)
Florence Aubenas vient de lui rendre un bel hommage dans le monde avec un article qui montre combien le livre l’a passionnée :
http://www.lemonde.fr/culture/article/2017/09/12/dans-l-ombre-de-frantz-fanon_5184215_3246.html
Et nous, nous aurons la chance de l’accueillir pour une présentation et des dédicaces ce jeudi 21 septembre à la librairie Résistances à partir de 19 H. Venez nombreux !
Librairie Résistances
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