Que se cache-t-il derrière la réconciliation annoncée entre le Hamas et le Fatah sous les auspices du dictateur Sissi ? L’analyse de Ramzy Baroud, éditorialiste palestino-américain, auteur et co-fondateur du site PalestineChronicle.com.
Ismail Haniyeh, chef du Hamas, avec le responsable des services secrets égyptiens, Khalid Fawzi, à Gaza le 3 Octobre
« L’enthousiasme de l’Egypte concernant l’arbitrage entre les deux factions ennemies, le Fatah et le Hamas, n’est pas le résultat d’une soudaine prise de conscience de la part du Caire, qui joue depuis longtemps un rôle destructeur dans la manipulation de la division palestinienne pour ses intérêts propres, et qui n’a cessé de renforcer le caractère hermétique du blocus entre Gaza et l’Egypte », écrit Ramzy Baroud.
« C’est en coordination avec les Israéliens et les Américains que les dirigeants égyptiens jouent actuellement les bons offices entre les deux partis. Si on lit attentivement les déclarations de Netanyahou, on voit qu’israel n’est pas opposé à la participation du Hamas à un gouvernement d’unité piloté par Mahmoud Abbas, qui aurait pour conséquence d’éloigner le Hamas de l’Iran.
Même si Netanyahou a bien entendu demandé que le Hamas reconnaisse l’Etat d’israel et désarme ses combattants.
De même Sissi a tout à gagner d’un affaiblissement du Hamas, d’une marginalisation de l’Iran, et d’un accord qui replacerait l’Egypte au centre de la diplomatie moyen-orientale, après une période où son image a été singulièrement ternie, tant par sa brutalité envers l’opposition intérieure que par ses interventions armées dans différents pays, dont la Libye et le Yemen.
Mais on imagine difficilement Sissi être le réel artisan de cette « réconciliation », alors que des tentatives précédentes ont échoué , en raison de l’opposition de Bush, puis d’Obama qui, à la demande d’Israël, ont plusieurs fois menacé de geler les fonds de l’autorité palestinienne en cas de gouvernement d’unité nationale.
Il semblerait que Trump, après avoir fait des déclarations intempestives sur le déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem, soit dans une démarche visant à apparaître comme un personnage important au Moyen Orient, et l’artisan d’une paix (tenant avant tout compte des intérêts israéliens), dont il vient de parler à plusieurs reprises dans ses récentes déclarations.
Avec le feu vert américain et israélien, l’Egypte qui est le réceptacle d’une généreuse aide militaire des USA, est l’intermédiaire tout trouvé pour le rôle qui lui est attribué.
Le Hamas a donc accepté de dissoudre son « comité administratif » en échange d’une réelle participation dans le « gouvernement d’unité nationale », tout en déclarant qu’il n’était pas question de désarmer la résistance à l’occupation israélienne.
Que va-t-il se passer maintenant, alors que le peuple palestinien est demandeur d’une réconciliation et ne supporte plus les divisions fratricides, mais qu’il ne veut pas non plus se soumettre pieds et poings liés à la puissante occupante ? Quelle va être la stratégie de libération nationale de ce nouveau gouvernement ? Aura-t-il aussi peu de pouvoir, de marge de manoeuvre, et de représentativité que les « gouvernements palestiniens » précédents ?
Comment ne pas redouter que les intérêts des partis prennent le pas une fois de plus sur les aspirations populaires ?
On ne peut qu’être très sceptique sur le devenir d’une telle réconciliation, conclut Ramzy Baroud, quand on a compris que cette réconciliation se fait sous les auspices israélien et américain. »
Ramzy Baroud
(Traduit et synthétisé par CAPJPO-EuroPalestine)
Source : http://www.maannews.com/Content.aspx?id=779316
CAPJPO-EuroPalestine