Le chef du gouvernement colonial vient d’annoncer lundi son intention de ne pas renouveler le mandat de la force internationale d’observation (TIPH) mise en place il y a 20 ans à Hébron, en Cisjordanie occupée. Ses rapports ne lui plaisent pas. Ses soldats et ses colons veulent avoir les mains encore plus libres.
« Nous ne pouvons autoriser la présence d’une force internationale qui agit contre nous », a déclaré lundi Netanyahou.
Son mandat, mis en place en 19997 pendant les accords d’oslo, est renouvelé tous les 6 mois par le régime d’apartheid. Et le 31 janvier prochain, il ne sera donc pas renouvelé.
En décembre, le journal Haaretz avait révélé un rapport confidentiel du TIPH, citant de nombreuses violations du droit international par Israel à Hébron et décrivant la ville comme déchirée par une occupation civile et militaire.
Ce rapport de 100 pages faisait était de 40.000 violations du droit international sur 20 ans et indiquait en con lusion qu’ Hébron prenait une direction totalement opposée à celle définie par Israel et l’OLP dans le Protocole d’Hébron .
– Dans une série de témoignages de « Breaking the Silence », publiés par Orientxxi, on a un aperçu de la « cruauté ordinaire » subie quotidiennement par les Palestiniens dans la ville d’Hébron sous occupation
Dans un nouveau rapport qui vient de paraître, l’ONG israélienne publie une cinquantaine de témoignages de militaires ayant servi dans la ville entre 2011 et 2017.
Hébron (Al-Khalil en arabe) est un microcosme de l’occupation israélienne. Elle est partagée en deux zones : H1, sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, où vivent 175 000 Palestiniens. Et H2, sous contrôle israélien, où entre 500 et 800 colons israéliens fanatiques se sont installés en plein centre-ville, protégés par l’armée, au milieu de 40 000 Palestiniens. La ville est en outre entourée de plusieurs colonies israéliennes, dont les membres traversent régulièrement les zones palestiniennes pour se rendre au tombeau des Patriarches, supposé abriter les tombes des personnages légendaires des trois religions monothéistes.
Les affrontements sont quotidiens entre les colons et les Palestiniens. L’armée, qui doit en principe séparer les deux populations, est en fait là pour protéger les colons, accuse l’organisation Breaking the Silence (Briser le silence), constituée de soldats et d’officiers israéliens opposés à l’occupation des territoires palestiniens, qui dénoncent les violences commises par leur armée contre les Palestiniens.
Le truc avec les masques
Grade : lieutenant — Unité : Nahal, 932e bataillon — Période : 2014
— Quel est le problème avec les masques ? Pourquoi les portiez-vous ?
— Je me souviens de mon impression quand, jeune soldat, j’ai vu des combattants sortir pour procéder à des arrestations avec le visage masqué. L’impression c’est « Ouah, je suis entré dans une unité d’élite, je suis, genre, dans une unité de police antiterroriste ». Cela touche à l’envie de faire partie d’une unité spéciale qui s’engage dans ces opérations commando complètement dingues. Et j’imagine aussi l’impact psychologique sur la personne arrêtée, ceux qui l’arrêtent n’ont pas de visage, ils deviennent simplement des uniformes. C’est-à-dire qu’il ne s’agit plus d’une personne. Je veux dire, il y a des soldats devant toi, qui sont venus pour une opération. Tu les regardes dans les yeux, tu ne vois aucune expression, rien. Comme si l’obscurité totale venait t’arrêter. Je pense qu’en fait c’est une question de style pour les militaires ; mais c’est vrai, c’est vraiment effrayant. C’est mortellement effrayant. Pensez à une équipe qui vous réveille alors que vous êtes au lit, avec une lampe de poche au bout d’une arme pointée sur vous et qui vous dit : « Habillez-vous – vous êtes en état d’arrestation », avec des masques, en pleine nuit. Il y a des histoires de gens qui pissaient de peur dans leur pantalon quand ils étaient arrêtés. Une personne se réveille avec une arme dans la figure. Peu importe depuis combien de temps on vit à Hébron et qu’on est habitué à cette routine – c’est un choc.
Méthode sadique
Grade : Sergent — Lieu : tombeau des Patriarches, Porte 6 — Période : 2017
— Il y a un endroit, un poste spécifique où j’ai vu une méthode quelque peu sadique. C’était à la porte 6, la porte menant de la kasbah au côté musulman du tombeau des Patriarches. À la porte 6, il y a un poteau sur lequel il suffit d’appuyer sur un bouton, et quand on appuie sur ce bouton, la porte tourne, une porte en fer qui peut tourner. Si on relâche le bouton, le portail se bloque. Quand ce portail se coince, il surprend vraiment celui qui se tient à l’intérieur, il le frappe au visage.
— C’est une sorte de porte tournante ?
— Oui. Et ils (les agents de la police des frontières stationnés à la porte 6) piégeaient intentionnellement les gens au milieu, leur claquaient la porte au visage.
— Ils le faisaient intentionnellement ?
— C’était… Oui. Je me souviens que j’ai essayé de me rendre à ce poste avec le bouton parce que je ne pouvais tout simplement pas supporter de voir ça. Je leur ai parlé et ils m’ont dit : « Qu’est-ce que j’en ai à faire ? Il est coincé là, il ne peut rien me faire ». C’était la réponse.
— Comment les Palestiniens réagissaient-ils ?
— Les Palestiniens ? Il y a eu très peu de cas où un Palestinien s’est exprimé. Il semblait qu’ils étaient habitués à cette routine.
Les cadeaux de colons aux soldats
Grade : Sergent-chef — Unité : Nahal, 932e bataillon — Période : 2014
— Il y avait ce soldat qui a tiré sur quelqu’un avec la permission du commandant de compagnie. Il y avait une grosse émeute et il lui a tiré dans le genou. Ils l’ont attrapé (le Palestinien) après ça. Le commandant de la compagnie en a parlé devant tout le monde, il l’a félicité.
— Sais-tu si plus tard, le soldat qui a fait ça a reçu un cadeau ?
— Un cadeau, je crois, mais pas de la part du commandant de compagnie.
— De qui ?
— De quelqu’un qui habite là-bas. Ils ont toujours fait ça. Ils nous ont apporté beaucoup de cadeaux.
— Les colons ?
— Oui. Je ne me souviens pas des noms, mais je sais à quoi ils ressemblent. Il y en a un qui apporte aussi des cadeaux. Ils nous apportaient des cadeaux et des trucs à chaque fois qu’on faisait quelque chose, parce que…
— Que veux-tu dire par « fait quelque chose » ?
— Soit nous les avions touchés (les Palestiniens) avec des balles en caoutchouc ou des balles réelles, soit nous avions attrapé quelqu’un ou nous avions été, je ne sais pas, bons pendant l’émeute, je ne sais pas quoi. Et il… il nous apportait toujours quelque chose.
— Comment le savent-ils ?
— Ils regardent de leurs toits, ils nous questionnent, ils l’apprennent par la police, par d’autres soldats. C’est une petite communauté, ils savent tout. Ils connaissent les gens qui causent vraiment des problèmes et déclenchent des émeutes. Ils le savent. Ils se connaissent.
— Tu veux dire qu’ils apportent un cadeau personnel au soldat qui a tiré ? Ou est-ce qu’ils apportent…
— Oui, oui. Ils offraient des haches et des couteaux. Ils faisaient ça tout le temps.
— Dans ce cas précis dont tu parles, sais-tu de quel cadeau il s’agissait ?
— Il a reçu un couteau. Je me souviens d’une deuxième personne (un soldat), et il a reçu une hache.
– il y a Anat’s corner (une station de café gratuite adjacente à la colonie de Beit Hadassah à Hébron, dirigée par Anat Cohen, un activiste d’extrême droite d’Hébron), oui. Anat’s Café. Et on y passait du temps. Quand nous étions en patrouille, il est venu, il a apporté du gâteau, un cadeau pour quelqu’un. Il prononçait une bénédiction [religieuse], puis presque chaque fois il terminait sa bénédiction avec : « et les fils de putes palestiniens ». Il ajoutait ça à sa bénédiction à chaque fois, et comme… Je ne suis pas religieux, mais ça me dérangeait vraiment. Il ajoutait quelque chose de vraiment violent, de vraiment haineux, à quelque chose qui évoque vraiment une émotion, tu comprends ? Et ça t’embrouille la tête.
Quand les touristes français s’en mêlent
Grade : Sergent-chef — Unité : Nahal, 932e Bataillon — Lieu : colonie de Beit Hadassah – Période : 2014
Groupe de français marchant sur Hébron
[Ce témoignage décrit la visite tragi-comique d’une délégation de Français juifs extrémistes, que l’interviewé appelle avec un certain mépris des « touristes ».]
— J’étais près de Beit Hadassah et un groupe de touristes français est arrivé, au moins cinquante personnes, quelque chose comme ça. Et il y a quelques habitations palestiniennes près de la clôture, près de Beit Hadassah, et il y avait un drapeau palestinien.
— De l’autre côté de Beit Hadassah ?
— Oui. De leur côté (les Palestiniens). Les touristes ont vu ça et sont devenus fous. Ils ont commencé à crier « La nation d’Israël vit, la nation d’Israël vit », « Mort aux Arabes, mort aux Arabes ». Ils ont trouvé une échelle pour pouvoir grimper. Des gens d’Hébron sont arrivés, soit plus de cent personnes, quelque chose comme ça, et une émeute de juifs a commencé. La plupart des gens n’étaient pas des Israéliens, mais plutôt des touristes. Et puis les résidents (colons) sont arrivés, ont quitté leurs maisons. Un célèbre colon d’Hébron et tous ces gens. Ils criaient « Mort aux Arabes, mort aux Arabes ». Ils ont commencé à gravir l’échelle. Deux de ces idiots sont restés coincés dans les barbelés en essayant d’atteindre le drapeau. Nous devions les faire descendre. J’étais énervé parce que rien ne se passait et ils (les colons) – on aurait dit qu’ils allaient tuer quelqu’un, et personne ne faisait rien. Personne ne faisait rien pour les empêcher. La patrouille…. Le commandant de peloton et tout le monde a essayé de les calmer, mais cela n’a pas aidé. Maintenant, nous devions nous préoccuper de protéger les juifs qui étaient pris dans les barbelés, pour qu’il ne leur arrive rien, parce que la famille [palestinienne] de cet appartement était sur le toit et filmait tout. Ils voyaient tout et ils disaient : « regardez, les juifs essaient d’arracher notre drapeau, ils essaient d’entrer sur notre territoire ». Et ils ont raison, c’est exactement ce qui s’est passé. Ils ne mentent pas, ils n’exagèrent pas. C’est vraiment ce qui se passe. Et finalement, on a réussi à le faire descendre, lui, la personne [prise dans les barbelés]. Puis on nous a dit d’aller du côté palestinien, de monter sur le toit et de démonter le drapeau. Comme, comme un ordre.
On est donc entrés par le portail, on est arrivés à la maison, on est montés sur le toit et on a essayé de démonter le drapeau. Cette personne (le résident palestinien de la maison) – continuait à filmer. Et à la fin, on ne l’a pas fait,.
— Mais le but était de montrer aux colons que l’armée fait quelque chose ?
— Oui.
Source : https://orientxxi.info/magazine/hebron-la-cruaute-ordinaire-de-l-occupation-israelienne,2859
– Quelques autres photos d’agressions des Palestiniens :
Colon jetant du vin sur une femme palestinienne
Femme palestinienne prise à partie par un groupe de colon
Palestinienne dont une femme colon arrache le foulard
L’éducation des enfants de colon à Hébron
Le traitement des enfants d’Hébron
Enfant de 5 ans embarqué et terrorisé
La terreur quotidienne imposée à toute la population d’Hébron
La LDJ ne donne pas sa part aux chiens
CAPJPO-EuroPalestine