La décision israélienne de voler une partie supplémentaire des taxes sur les produits importés destinés au régime de Mahmoud Abbas est en passe de provoquer l’effondrement de l’Autorité Palestinienne en Cisjordanie, dont le rôle principal est pourtant de museler toute résistance populaire à la puissance coloniale d’occupation, selon une analyse du Haaretz.
(flics palestiniens encadrés par des policiers français)
Netanyahou a en effet commencé à appliquer une loi votée l’an dernier, qui consiste à déduire une partie des sommes qu’elle prélève sur les arrivées de produits étrangers dans les ports israéliens, mais qui correspondent à des achats destinés à la Cisjordanie.
Ce système « d’enveloppe douanière unique », élaboré dans le cadre des funestes « accords d’Oslo », prévoit qu’Israël commence par empocher les droits de douane sur ces marchandises, qu’elle reverse ensuite au destinataire final, l’Autorité Palestinienne.
Sauf que … Dans sa guerre d’étranglement de l’ensemble du peuple de Palestine –et pas seulement de la population de Gaza-, Israël a décidé de voler une partie de cet argent, qui forme l’essentiel des recettes de l’Autorité Palestinienne. Cette dernière est punie parce qu’elle continue d’assurer un soutien financier mensuel aux prisonniers et à leurs familles privées de tout autre revenu.
Les droits de douane fixés par l’Autorité Palestinienne sur les importations représentent environ 150 millions d’euros par mois, et constituent les deux tiers environ des recettes du régime de Mahmoud Abbas, maintenant que Trump a supprimé toute contribution états-unienne à la Cisjordanie.
Or, sur ces 150 millions d’euros, Netanyahou et sa bande ont commencé, le mois dernier, par en confisquer environ 10%, au titre de la « lutte contre le terrorisme » (les prisonniers palestiniens étant des « terroristes », il est logique de les affamer eux et leurs familles, pour des génocidaires, rien de plus logique, n’est-ce-pas ?)
Mais le kollabo Abbas s’est rebiffé.
(manifestants arrêtés par la police de Mahmoud Abbas)
Il sait, comme tout le monde, qu’Israël a impérativement besoin de ses propres « forces de sécurité » pour terroriser la population palestinienne de Cisjordanie, et garantir colons et armée d’occupation contre le développement de la résistance.
Or, les flics d’Abbas ne collaboreront plus avec le régime d’apartheid –que ce soit en torturant des résistants ou en les livrant directement aux services israéliens- s’ils ne touchent pas leur salaire.
Déjà, du fait de la suppression des subventions états-uniennes, les fonctionnaires civils de l’Autorité en Cisjordanie (enseignants, personnels de santé..) n’ont touché depuis deux mois que la moitié de leurs salaires, pourtant modestes.
Mais Abbas vient d’aller plus loin : dans un geste de bravade, il a retourné à Israël le chèque douanier amputé des 10% cités plus haut dans cet article, renonçant donc a quelque 135 millions d’euros. Craignant une explosion de colère populaire, il a ainsi déclaré qu’il était hors de question de céder au diktat de Netanyahou, et de renoncer aux allocations mensuelles aux prisonniers et à leurs familles.
Ce faisant, l’Autorité Palestinienne s’expose volontairement au risque de ne même plus être capable de payer ses 30.000 policiers –formés depuis des années sous la houlette des Etats-Unis- et donc de priver Israël de cette indispensable force supplétive.
Tous les responsables, directs et indirects, de la tragédie du peuple palestinien, voient le danger, pour Israël, de la situation : le ramassis de corrompus appelé « Ligue Arabe » a voté le principe d’une aide mensuelle à l’Autorité (ce n’est pas l’argent qui manque dans les coffres du saoudien MBS et de ses comparses), sans pour autant débloquer immédiatement l’argent.
Une conférence internationale, avec représentants de gouvernements et des agences de l’ONU, doit se ternir mardi à Bruxelles pour évoquer le risque de chute imminente de l’Autorité Palestinienne.
Des représentants de l’armée israélienne s’y sont invités, croit savoir le quotidien Haaretz, et ils y feront pression pour que tout le monde, sauf Israël bien entendu, mette la main à la poche pour combler le déficit alarmant de l’Autorité Palestinienne, et avoir de quoi payer ceux qu’on appellerait en France les « harkis » du régime colonial.
CAPJPO-EuroPalestine