Le procès des 9 inculpés de Palestine Action ayant perturbé la production de l’usine d’armement israélienne Elbit à Bristol l’an dernier, à l’occasion du 15 mai, s’est ouvert ce mardi à Bristol. Une délégation d’Europalestine etait présente en solidarité.
Plusieurs jours sont consacrés à définir les lignes de défense autorisées par le juge aux accusés pendant le procès qui s’ouvrira réellement le 8 janvier prochain, en présence non seulement des 9 militants et de leurs avocats mais aussi de 12 jurés populaires.
La justice britannique s’emploie à modifier les règles du « jeu » et à restreindre les possibilités de défense des militants, qui souhaitent naturellement plaider l’absence de proportionnalité entre les dommages qu’ils ont causés à l ‘usine d’armement Elbit, la plus grosse entreprise d’armement israélienne, en comparaison des milliers de civils palestiniens tués par les armes qu’elle produit, et à la nécessité de faire cesser une activité aussi mortifère. Le procureur général estime qu’il s’agit d’une action criminelle — les accusations portées par la Couronne étant « L’entrée par effraction sur un site privé », et « dégâts criminels »– et que seuls les faits doivent être examinés, les motivations des militants ne devant pas entrer en ligne de compte, selon le représentant de la justice britannique, entendu toute la journée de mardi.
Mieux, il a demandé mardi aux juges, d’organiser le procès du 8 janvier prochain sans la présence de jurés, ou bien en imposant à ces derniers de ne pouvoir entendre aucun argument de la défense sur ses motivations. Ces derniers, a-t-il plaidé, ont trop souvent donné raison à des accusés, » indument relaxés », a-t-il affirmé. Il a listé différents précédents, donc le cas devenu célèbre des « Colston 4 », ces 4 militants britanniques aquittésrelaxés par les jurés après avoir déboulonné à Bristol la statue de l’esclavagiste Edward Colston, installée au beau milieu de la ville de Bristol.
Il est important de noter que, jusqu’à récemment, Elbit –qui possède 4 usines en Grande-Bretagne, dont une (à Oldham) qui a dû fermer en 2022 en raison des attaques répétées de Palestine Action bloquant la production–, avait renoncé à plusieurs procès, après avoir porté plainte contre Palestine Action. Elbit, ne souhaitait pas être obligé, lors de ces procès, de révéler le détail des ses activités criminelles.
Mais du coup c’est maintenant le gouvernement britannique qui a pris le relais, engageant des poursuites contre les militants, en son nom. Et deux procès viennent de se dérouler, sans qu’Elbit soit partie civile. Mais les jurés, après l’exposition par les accusés du rôle d’Ebit dans des crimes commis contre la population palestinienne, notamment à Gaza, ont jugé les militants de Palestine Action non coupables. Et ils ont été relaxés.
Face à ces échecs, le ministère britannique de la justice a durci le ton, et refuse de prendre en considération ce qu’elle appelle les « excuses » des inculpés. « L’importance des dégâts causés à Elbit, ainsi que les outils utilisés pour détruire la propriété privée sont simplement des violations des lois et doivent être exclusivement jugées en fonction des lois », a argumenté mardi le procureur général. Il a également souhaité que le juge exige des jurés qu’ils prennent cette fois leur décision « uniquement au regard des lois », lors du procès qui commencera en leur présence le 8 janvier prochain.
Mais le plus extraordinaire est que Elbit, censé être la « victime », et dont le nom n’a cessé d’être prononcé toute la journée, est totalement absent du procès. Elbit est purement et simplement défendu par le gouvernement britannique. Mais il est dispensé d’engager des poursuites, et de venir s’expliquer ou accuser qui que que ce soit !!
Le durcissement du ton s’est également manifesté dans le fait qu’après leur arrestation, le 15 mai dernier, à Bristol, les 9 militants n’ont pas subi une simple garde à vue, avant la tenue de leur procès, mais ont été conduits en prison. Si sept d’entre eux n’y sont restés que 5 jours, les deux opposants israéliens, Ronnie et Stavit, y ont passé 1 mois avant d’être soumis aux arrêts domiciliaires en Angleterre, avec confiscation de leurs passeports, et interdiction de communiquer avec qui que ce soit. Ils n’ont retrouvé leur liberté provisoire que la semaine dernière, en raison de leur comparution devant le tribunal, et du fait qu’ils devront encore attendre 9 mois avant de connaître la décision du « tribunal de la couronne »(Crown Court) concernant leur sort.
La comparution des 9 militants de Palestine action se poursuivra jusquà ce vendredre, date à laquelle le juge du tribunal de Bristol devrait faire connaître sa décision et dire ce que la défense aura le droit de plaider ou pas en janvier prochain.
CAPJPO-EuroPalestiine
