Janet et Janine Africa, incarcérées en Pennsylvannie depuis qu’elles ont 20 ans, et pendant une durée de 40 ans, pour un crime qu’elle n’ont pas commis, ont été libérées samedi de prison, annonce le collectif français LIBERONS MUMIA.
Ces deux militantes du mouvement révolutionnaire « Move 9 », libérées un an après leur compagne de cellule Debbie Africa, sont les premières à sortir vivantes de la prison de Cambridge Springs en Pennsylvanie.
Le gouvernement américain aura tout fait depuis plusieurs décennies pour décimer les membres de cette communauté qui refusait de se plier aux règles d’un système qu’elle jugeait corrompu… et qui avait le tort de faire un nombre croissant d’émules.
Ces dix dernières années, ces 3 femmes avaient régulièrement sollicité leur libération devant le Conseil de probation et de libération de Pennsylvanie. Leurs demandes ont été systématiquement rejetées au motif qu’elles refusaient de faire amende honorable pour un crime qu’elles ont toujours réfuté avoir commis et pour lequel elles ont été condamnées – ainsi que six autres membres de leur famille – à des peines de 30 à 100 ans de prison.
« Pendant 40 ans, raconte le journal « The Guardian », Janine Africa avait une technique pour faire face au fait d’être enfermée dans une cellule de prison pour un crime qu’elle dit ne pas avoir commis. Elle évitait les anniversaires, Noël, le Nouvel An et tout autre événement qui mettait l’accent sur le temps qui passait alors qu’elle n’était pas libre.
La libération de Janine, 63 ans, et de Janet, 68 ans, marque un moment clé dans l’histoire du Move 9, le groupe de militants afro-américains du pouvoir noir et de l’environnement qui ont été emprisonnés après un siège de leur domicile par la police en août 1978. Ces deux femmes étaient les dernières des quatre femmes du groupe à être libérées sur parole ou à mourir derrière les barreaux.
La saga de Move a été l’une des plus dramatiques et des plus surréalistes de la lutte pour la libération des Noirs des années 1970. Avec leurs pairs, les femmes vivaient dans une maison commune à Philadelphie sous la direction de John Africa, alias Vincent Leaphart, fondateur du groupe. Tous les membres ont pris le nom de « Africa » pour montrer qu’ils se considéraient comme une famille.
Entre les Black Panthers et les hippies de la côte ouest, Move a fait campagne non seulement pour l’égalité de traitement des Afro-Américains, mais aussi pour le respect des animaux et de la nature, en prenant soin de 48 chiens errants dans leur maison. De telles attitudes non conventionnelles les ont mis en conflit avec leurs voisins et la police de Philadelphie, une force notoirement brutale, même selon les normes américaines.
Après un siège de plusieurs mois, le 8 août 1978, des officiers sont entrés pour évacuer le groupe de la propriété. Dans la mêlée, l’officier James Ramp a été tué.
Malgré le seul tireur, et malgré le fait que le groupe ait toujours protesté contre le fait qu’ils n’étaient pas armés et que Ramp ait été tué par le feu de ses collègues officiers, les cinq hommes et les quatre femmes ont chacun été condamnés de 30 à 100 ans de prison.
Durant leur incarcération, elles ont participé à des collectes de fonds communautaires et à des programmes sociaux, y compris la formation de chiens d’assistance.
Le Guardian a correspondu avec Janine Africa dans le cadre d’un projet journalistique visant à faire la chronique de la vie de 19 noirs radicaux qui sont ensuite restés derrière les barreaux. Elle a décrit comment, après avoir été arrêtée à 22 ans, elle a partagé une cellule avec Janet et Debbie Africa.
Pendant plus de 40 ans, elles ont gardé le moral en s’occupant d’un chien élevé dans leur cellule qu’elles ont formé pour travailler avec des personnes vulnérables. EIles aidaient également les jeunes détenues et cultivaient des légumes dans l’enceinte de la prison.
Janine et Janet Africa vont probablement retourner vivre à Philadelphie. L’organisation Move existe toujours dans la ville, où elle continue de faire campagne sur les questions de justice raciale et de protection de l’environnement.
Pour Janine Africa, sa libération est ressentie comme douce-amère. Dans ses correspondances avec le Guardian, elle parle de la double tragédie de sa vie.
Deux ans avant le siège de 1978, la police s’est présentée à la Move House de Powelton Village et a commencé à harceler le groupe. Une bagarre s’en est suivie et Janine a été renversée alors qu’elle tenait son bébé de trois semaines dans ses bras. Le bébé a été piétiné, son crâne brisé. Il est mort plus tard dans la journée.
Puis, le 13 mai 1985, alors que Janine Africa était en prison depuis sept ans, elle a appris la terrible nouvelle que les autres membres de la « famille » de Move avaient été agressés une deuxième fois. À cette occasion, la police ne s’est pas contentée d’y aller en tirant des coups de feu, elle a largué une bombe incendiaire à partir d’un hélicoptère, ce qui a provoqué un incendie et détruit la Move House et 60 autres maisons dans un quartier majoritairement afro-américain. Onze membres de Move ont été brûlés à mort. Ils comprenaient le fondateur John Africa et cinq enfants, dont l’un était l’autre fils de Janine, Little Phil, âgé de 12 ans.
La libération conditionnelle de Janine et Janet Africa fait suite à la libération en juin dernier de Debbie Sims Africa, qui avait été arrêtée comme elles lors du siège de 1978 alors qu’elle était enceinte de huit mois et qui avait ensuite donné naissance à son fils, Michael Davis Jr, dans une cellule. Une quatrième femme, Merle Austin Africa, est morte en prison en mars 1998.
Trois hommes de la « famille » Move sont toujours en prison : Eddie Goodman Africa, qui a récemment comparu devant un comité de libération conditionnelle, ainsi que Chuck Sims Africa et Delbert Orr Africa. Michael Davis Africa Sr, le père du garçon né dans une cellule et mari de Debbie, a été libéré en octobre 2018. Phil Africa est mort en prison en janvier 2015.
L’avocat des deux femmes libérées, Brad Thomson du People’s Law Office, a déclaré que leur libération conditionnelle était une victoire non seulement pour elles et leurs proches, mais aussi pour l’organisation Move et le « mouvement pour libérer tous les prisonniers politiques ». Il a souligné que le personnel pénitentiaire les avait décrits comme des détenues modèles et qu’aucune des deux n’avait fait l’objet d’une sanction disciplinaire durant leurs 40 années d’incarcération. »
The Guardian
(Traduit par le Collectif français LIBERONS MUMIA rassemblant une centaine d’organisations et de collectivités publiques, MEMBRE DE LA COALITION MONDIALE CONTRE LA PEINE DE MORT.
Courriel : contact@mumiabujamal.com -Site Web: www.mumiabujamal.com)
– ICI EN FRANCE, C’EST LE MÊME TYPE D’INJUSTICE QUI FRAPPE GEORGE IBRAHIM ABDALLAH INCARCÉRÉ DEPUIS 35 ANS ALORS QU’IL EST LIBÉRABLE DEPUIS 1999.
Comme Janet et Janine , il paye le fait de refuser de se repentir de ses actions révolutionnaires, contre l’occupant israélien et l’impérialisme américain.
UNE MARCHE POUR SA LIBÉRATION AURA LIEU A PARIS LE SAMEDI 22 JUIN A PARTIR DELA PLACE DES FÊTES A 14 H
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CAPJPO-EuroPalestine