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ISRAEL : LA RISPOSTE PALESTINIENNE AUX AGRESSIONS SANS PRECEDENT DE TSAHAL N’A SURPRIS PERSONNE

Les deux attentats qui, samedi soir, ont provoque la mort de treize israeliens et fait pres d’une centaine de blesses n’ont surpris personne.


La veille, autour de la table du shabat, on ne se demandait pas si les Palestiniens allaient riposter a l’offenssive de l’armee israelienne dans les camps de refugies palestiniens mais ou ils frapperaient.

Ils ont frappe a Netanya et au Cafe Moment, lieu privilegie des milieux « branchés » de Jerusalem.

Samedi matin, les porte-paroles du gouvernement et les correspondants militaires des chaines de radios et de television israeliennes faisaient un premier bilan de l’attaque massive contre les camps de refugies palestiniens de la region de Tulkarem et de Bethlehem, dans laquelle avaient ete impliquees, en plus de l’aviation, d’unites de blindes et de commandos marins, les trois brigades les plus prestigieuses de l’armee de terre israelienne.

STALINGRAD SUR JOURDAIN ? LE MILITARISME ISRAELIEN NE CRAINT NI L’ODIEUX, NI LE RIDICULE

Ce bilan triomphaliste, repete à l’envie à longueur de journee, a ceci de particulier qu’il soutient deux conclusions contradictoires. D’une part, il veut donner l’impression d’une grande victoire militaire, menee dans des conditions difficiles contre un ennemi cruel et dangereux.

A entendre Carmela Menashe, correspondante militaire de Kol Israel qui a été autorisée à accompagner la brigade Golani a Tulkarem, la bataille qu’elle vient de couvrir pourait etre comparee a Stalingrad et la “reddition” de 600 Palestiniens, pour la plupart de jeunes civils non-armes, a celle de la 6emme armee de Von Paulus. Golani vient de sauver Israel.

Mais au meme moment, la seconde chaine de television montre des rangees de detenus palestiniens, assis par terre, les mains sur la terre, et commente longuement que l’operation des camps a demontre que la resistance armee des Palestiniens n’etait qu’un tigre en papier incapable de mener un quelconque combat contre les forces armees israeliennes. Les châines internationales, photo et télévision, sont également invitées au festin, afin de diffuser dans le monde entier ces images de détenus les yeux bandés et les bras en l’air, procédé classique utilisé de longue date par les services de propagande militaire, des Aurès à Guantanamo, pour humilier l’adversaire.

Stalingrad ou la deroute honteuse de l’armee egyptienne dans le Sinai en 1956? Ni l’un ni l’autre evidement. Ce qui se passe depuis trois jours en Cisjordanie, et dans une moindre mesure dans la Bande de Gaza, c’est l’offensive d’une des armees les plus fortes du monde contre une population civile, en particulier les habitants des camps de refugies, au sein de laquelle operent quelques reseaux armes de fusils, de revolvers et de quelques missiles inefficaces et de plusieurs dizaines de mortiers artisanaux. Il va de soi que les militants armes ont, dans leur grande majorite, quitte les camps avant l’entree des soldats israeliens. Houda, du camp de refugies de Deheisheh, pres de Bethlehem, me dit, samedi soir, au telephone: “en accord avec la decision de la coordination des organisations de resistance, tous les jeunes et les hommes armes ont quitte le camp. Il n’y a que des enfants, des femmes et des vieillards”.

Ce qui n’empeche pas le commandant de la brigade des parachutistes de decrire avec pathos la bataille de Deheisheh, et de montrer a la presse les “terroristes” arretes par ses braves soldats.
Selon le quotidien Haaretz (10.3.2002), entre jeudi a minuit et samedi soir, 42 Palestiniens ont ete tues, dont 29 civils et 9 policiers palestiniens qui ne participaient pas aux confrontations. Trois brigades d’elite, des centaines de blindes, l’utilisation de F16 et d’helicopteres de combat pour neutraliser 4 (sic) combatants, c’est plutot les frappes americaines en Afghanistan que Stalingrad…

MAIGRES INFRASTRUCTURES RAVAGEES

Et comme là-bas, ce sont des zones ravagees que l’armee israelienne laisse derriere elle, des centaines de maisons detruites, une infrastructure reduite a zero et une population terrorisee. A la sortie de Tulkarem j’ai vu Atef, photographe pour un média français, pleurer en me decrivant la destruction dans un des camp de refugies de la ville.

Si le gouvernement Sharon se sent obligé de decrire son opération de pacification coloniale comme une grande victoire militaire contre un ennemi extremement dangereux, c’est d’abord pour redorer l’image de marque de l’armee israelienne qui s’est fait recement plusieurs fois humiliee par des operations particulierement audacieuses et efficaces de commandos palestiniens; c’est ensuite pour renforcer, en Israel, le sentiment qu’il s’agit bien d’une guerre de survie, mais que l’armee est capable de proteger le peuple.

C’est aussi une carte a jouer dans les negociations qui, tot ou tard, vont imposer un cessez-le-feu: “les actions de l’armee ont pour objectif de creer des conditions favorables, (…) , pour la reprise des negociations” ecrit Amir Oren dans le Haaretz du 10 Mars, “des negociations qui se deroulent uniquement sur un arriere fond d’attentats risqueraient de donner l’image d’une inferiorite israelienne”.

Parrallelement, et d’une facon apparament contradictoire, l’etat-major en particulier, a un besoin d’humilier la resistance palestinienne. Il s’agit, la aussi, de tenter d’effacer l’image de plus en plus persistante d’une guerilla palestinienne courageuse et assez souvent performante, face a une armee d’occupation lourde et non preparee a ce type de combat. Qui peut oublier ce berger palestinien qui, la semaine derniere, a reussi pendant pres d’une demie-heure (sic), a cibler, avec une simple carabine, des soldats postes a un barrage, faisant dix morts, avant de se replier sans une egratignure? Ou ce combatant qui, jeudi soir, a reussi a penetrer dans une colonie de la bande de Gaza, a tirer et a lancer des grenades pendant plus d’un quart d’heure, dans un centre de formation pre-militaire ou se trouvaient de nombreux soldats et ou presque tout le monde est entraine et arme?

Le second objectif de cette campagne d’humiliation s’inscrit dans la volonte aussi persistante qu’utopique de Sharon de mettre les Palestiniens a genoux, et a leur faire comprendre qu’il ne servait a rien de resister, que les forces armees palestiniennes et les reseaux de resistance etaient impuissants, et que la seule solution etait de capituler.

1.200 PRISONNIERS-OTAGES AU NOUVEAU CAMP D’OFFER (CISJORDANIE)

Les paras du colonel Cochavi n’ont pas gagne la bataille de Stalingrad mais mene une ratonnade a grande echelle dans la region de Bethlehem, et les 1200 detenus – civils non combattants pour la plupart – au nouveau camp d’internement Offer pres de Ramallah ne marquent en rien la fin a la resistance, comme le confirment (et se voulaient de confirmer) d’une facon tragique les attentats de samedi soir. C’est dire que le cercle vicieux de la violence qu’engendre la politique coloniale de Sharon-Peres n’est pas pret de s’achever, et que la liste des morts continuera irremediablement a croitre.
D’ou l’urgence d’une intervention internationale, pour sauver des vies humaines, palestiniennes et israeliennes.

SHARON : UN HOMME QUI NE S’ARRETE PAS AUX FEUX ROUGES

“Il ne s’arrete pas au feu rouge” est le titre de l’excellente biographie d’Ariel Sharon par Uzi Benziman, et comme l’avait deja confirme la guerre du Liban, meme le nombre croissant de victimes juives ne le fait pas reculer. Seule une pression internationale forte et determinee peut imposer au gouvernement israelien un cessez-le-feu, et la mise en oeuvre des conclusions du rapport Mitchell, dont le gel de toute colonisation, l’application des accords deja signes et la reprise de negociations. Il est plus que temps que l’Europe prenne ses responsabilites et cesse d’attendre de George Bush qu’il calme la furie destructrice d’Ariel Sharon. La France en particulier a fait des declarations justes et claires sur la responsabilite du gouvernement Sharon dans la deterioration rapide de la situation. Il faut maintenant traduire ces declarations par des actes.