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ARNO KLARSFELD A BIEN COMMIS UNE DIFFAMATION EN ACCUSANT LE MRAP D’ANTISEMITISME, ESTIME LA PROCUREURE

L’avocat Arno Klarsfeld, qui s’est « distingué » récemment par des positions ultranationalistes dans le conflit israélo-palestinien, a délibérément et incontestablement diffamé le MRAP en traitant l’association anti-raciste d’antisémitisme, a estimé jeudi l’accusation, devant la XVIIème Chambre correctionnelle du Tribunal de Paris.

Le jugement a été mis en délibéré, et sera rendu le 20 juin.


Le MRAP s’était résolu à porter plainte, après qu’en janvier 2001, au cours d’une émission de télévision, Arno Klarsfeld ait qualifié l’association, devant des millions de téléspectateurs, dans les termes suivants : « Le MRAP ? N’est-ce pas une association sous laquelle on a crié ‘Mort aux Juifs’ il n’y a pas longtemps ? ».

A l’audience, Arno Klarsfeld a reconnu les propos tenus ce jour-là à l’antenne de Canal +. Il a dit qu’il faisait référence au fait qu’au cours d’une manifestation de protestation contre la répression conduite par Israël contre les Palestiniens, à Paris le 7 octobre 2000, des cris antisémites (« Mort aux Juifs »), avaient été entendus.

Le MRAP, partie prenante à cette manifestation, ayant « tardé » selon lui à dénoncer de tels dérapages, il était légitime de les lui imputer, a résumé Klarsfeld, en toute impudence.

Pour la partie civile, le secrétaire général du MRAP Mouloud Aounit, puis l’avocat du MRAP Pierre Mairat, se sont attachés à démontrer le caractère particulièrement odieux de l’accusation portée contre une association créée au lendemain de la deuxième guerre mondiale par des Juifs survivants de la Shoah, dont la lutte contre l’antisémitisme a précisément été un thème fondateur.

Documents à l’appui, ils ont ensuite établi que le MRAP avait, dès la fin de cette manifestation du 7 octobre 2000, clairement dénoncé, publiquement, les cris antisémites émanant d’une poignée de provocateurs entendus dans les rangs de la manifestation de soutien au peuple palestinien.

Inversement, on n’a pas entendu la même prise de distance de la part du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France), à propos des graves violences (ratonnade, commissaire de police poignardé) exercées par des manifestants sortis de ses rangs lors du défilé pro-Sharon du 7 avril à Paris.

Pierre Mairat a donné plusieurs exemples, relatifs à d’autres affaires, épinglant Arno Klarsfeld en flagrant délit de mensonge ou d’attaques personnelles tenant lieu chez lui de débat d’idées.

Ils ont ensuite souligné que les accusations d’antisémitisme portées contre le MRAP, aussi absurdes soient-elles, avaient un but précis : exercer un chantage, quand bien même il banalise pour le coup l’antisémitisme, afin de faire taire toute dénonciation de la politique du gouvernement israélien.

Les calomnies véhiculées par Klarsfeld se sont d’ailleurs accompagnées, depuis, d’une série d’attaques physiques de la part de nervis pro-israéliens du Bétar et de la « Ligue de défense juive », et d’attentats répétés contre les locaux du MRAP.

Pierre Mairat a également rappelé que s’agissant de la question palestinienne, Arno Klarsfeld s’est récemment prononcé, publiquement, pour une politique d’apartheid des Palestiniens, avec maintien de l’occupation et des colonies, et que sa calomnie, sur Canal+, participait d’une telle stratégie.

Dans son réquisitoire, la procureure a de son côté indiqué que l’enquête avait permis d’établir que les slogans antisémites avaient été proférés, le 7 octobre 2000, par un « petit groupe de personnes » se situant en avant –100 mètres environ- du cortège unitaire défilant de Bastille à République.

Elle a estimé qu’en se prononçant comme il l’a fait à la télévision, Arno Klarsfeld avait délibérément choisi de « jeter de l’huile sur le feu » et qu’il s’était livré à une diffamation incontestable.

Arno Klarsfeld, qui tient l’essentiel de sa notoriété du combat de « chasseurs de nazis » mené par ses parents Serge et Beate Klarsfeld, avait invité à le soutenir des militants de l’association Filles et Fils de Juifs de France Déportés, mobilisés jeudi pour une cause passablement étrangère à la leur. Plusieurs dizaines d’entre eux ont assisté à l’audience.

Il y avait aussi des éléments plus jeunes, et menaçants : une camarade palestinienne portant keffieh, venue elle aussi assister au procès, nous a raconté après l’audience qu’elle a été menacée de mort par quatre voyous, la décence nous interdisant de reproduire ici le délire verbal et les obscénités de ces derniers.