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LA PALESTINE DECOUPEE EN ILOTS . UNE NOUVELLE PHASE DU PROCESSUS D’ASSERVISSEMENT

27 mai – L’extrême-droite israélienne –qui a toujours constitué le meilleur marqueur des intentions réelles d’Israël- fait preuve d’une franchise certaine : son but est de rendre la vie des Palestiniens tellement insupportable qu’ils finiront par partir.


Interrogé sur sa conception du « transfert volontaire » des Palestiniens, le rabbin Benny Eylon, ministre chargé du Tourisme, n’a pas hésité à comparer cette notion de « volontariat » au « volontariat » exigé d’un époux Juif qui aurait refusé une sentence de divorce ordonnée par un tribunal rabbinique.

Comme on le sait, un tribunal rabbinique ne peut défaire un mariage sans le consentement du mari ; il a donc recours à des mesures contraignantes (excommunication du mari récalcitrant, que l’on battra, ou emprisonnera, etc) jusqu’à ce que l’homme se soumette « volontairement » au jugement de divorce. Voilà comment il faut traiter les Palestiniens jusqu’à ce qu’ils « acceptent » de partir, résume alors Benny Eylon.

(…)

Opération « Mur de protection » : au-delà des violences, l’enfermement généralisé

Celui qui cherche à analyser la politique israélienne d’oppression est dans la position de l’homme qui fait une partie d’échecs avec le diable : ce dernier a malheureusement toujours au moins deux coups d’avance sur vous.

Car quel étaient les objectifs réels de l’opération « Mur de protection » ?

La justification officielle –« démanteler les infrastructures du terrorisme »- ne peut pas être prise au sérieux. Maintenant que les attentats suicide ont recommencé, et qu’il faut bien dire à l’opinion israélienne pourquoi et comment cela reste possible, les « experts » militaires se rappellent soudain que l’équipement rustique dont a besoin un kamikaze ne nécessite en fait quasiment aucune « infrastructure ».

Non, ce qui a sous-tendu l’opération, et continue de le faire, c’est toujours la même chose : la poursuite de la colonisation, à laquelle « Mur de protection » a fourni une impulsion considérable, les Palestiniens ayant de moins en moins de moyens de s’y opposer.

Les révélations de la journaliste de Ha’aretz Amira Hass sont de ce point de vue particulièrement éclairantes.

De quoi s’agit-il ?

Israël a ouvertement entrepris de transformer les territoires palestiniens (Cisjordanie, Jérusalem-Est, Gaza) en au moins 10 enclaves totalement séparées les unes des autres, dont même un piéton ne peut plus sortir s’il ne dispose pas d’un permis délivré par l’armée israélienne.

Quant aux marchandises, elles doivent désormais faire l’objet d’un transbordement, c’est-à-dire être déchargées d’un véhicule et chargées sur un autre, pour passer d’une enclave à l’autre.

Un chargement de légumes peut ainsi nécessiter plus de 24 heures, et 3 ou 4 véhicules différents, pour effectuer un trajet qui correspondrait, en région parisienne par exemple, à la distance séparant le marché de Rungis de la ville d’Evry (une vingtaine de kilomètres).

Les permis pour les personnes n’étant valides que de 5 heures du matin à 19 heures (quand il n’y a pas couvre-feu total), l’idée d’aller passer une soirée chez des parents ou amis habitant un autre de ces « cantons » (toute référence à la Suisse ne pouvant résulter que de l’imagination du lecteur) n’existe tout simplement plus.

Il ne faut jamais perdre de vue que la Cisjordanie a la taille d’un département français (5.000 kilomètres carrés, dont 40% déjà entièrement contrôlés par les colonies et le reste par l’armée israélienne), qu’elle mesure 130 kilomètres dans sa plus grande longueur, 50 kilomètres dans sa plus grande largeur, et qu’un tiers du territoire, à l’Est, est un désert.

TROIS HABITANTS SUR QUATRE ONT MOINS DE DEUX EUROS PAR JOUR POUR VIVRE

Il a été établi, depuis 10 maintenant que la politique de bouclage a commencé, que le revenu disponible par habitant des territoires est directement proportionnel au nombre de jours de bouclage au cours d’une année donnée.

Entre 1994 et 1996, où l’on a eu une moyenne de 80 jours par an d’interdiction de circuler à l’intérieur des territoires, la baisse a été d’environ 15%. Au cours de la période relativement calme du gouvernement de Netanyahu (1996-1999), où les jours de bouclage ont été beaucoup plus rares, le niveau de vie des Palestiniens a presque retrouvé celui de 1994.

Mais avec l’arrivée de Barak en 1999, et le déclenchement de la nouvelle Intifada un an plus tard, on a eu un record de 210 jours de bouclage en 2001, et une chute de 30% du revenu par habitant. L’année 2002 sera évidemment bien pire encore.

On estime aujourd’hui, au lendemain de l’opération « Mur de protection », que 75% des 3 millions de Palestiniens (Cisjordanie, Jérusalem-Est, Gaza) ont moins de 2 euros par jour pour vivre.

Une conclusion s’impose : la principale mesure pour venir à bout des Palestiniens, ce n’est pas tant la guerre que le bouclage, ou plus exactement ce qu’on doit appeler maintenant le siège permanent de toute une population.

C’est la raison pour laquelle Israël a tant de hâte à l’institutionnaliser.

L’AIDE INTERNATIONALE, UN PIEGE POUR INSTITUTIONNALISER LES « BANTISTANS » ?

Après avoir chassé les Palestiniens de son marché du travail (en leur interdisant de travailler en Israël et en « important » des milliers de travailleurs de contrées lointaines comme la Thaïlande), Israël institutionnalise maintenant le bouclage et le siège intérieurs des enclaves avec le système des permis.

Israël compte sur la communauté internationale –les «Etats donateurs »- pour financer, à travers l’Autorité Palestinienne, une population qu’il a intentionnellement appauvrie.

Il faut dénoncer cette sale entreprise.

Le « système des permis » démontre clairement que c’est Israël, et lui seul, qui dirige les territoires occupés, et qu’il est doit être par conséquent tenu pour seul responsable des conditions de vie de cette population.

Nous devons nous opposer à la destruction systématique de l’économie et de la société palestinienne. La liberté de mouvement est un droit élémentaire ; sa défense doit constituer un objectif prioritaire.