1er septembre (rédac CAPJPO) – Israël a procédé, ces derniers jours, à une escalade délibérée dans son entreprise de destruction du peuple palestinien, en multipliant les assassinats de civils, en particulier des enfants et adolescents.
En l’espace d’une semaine, une trentaine de Palestiniens ont ainsi été tués, dont une large majorité de femmes, enfants, et adolescents ne pouvant, même avec la plus grande mauvaise foi, être associés à des actes de résistance armée à l’occupant.
Samedi, à Toubas en Cisjordanie, des tirs de missiles par les hélicoptères ont tué 5 Palestiniens, dont deux enfants de moins de 10 ans, 2 jeunes de 15 ans, et un homme de 24 ans, ce dernier étant présenté après coup par Israël comme un membre « important » des brigades des Martyrs Al-Aqsa. Indifférente à l’incohérence de ses propos, l’armée israélienne a déclaré qu’elle visait primitivement un « chef local du Hamas », mais qu’elle avait raté sa cible ! Peu importe, puisqu’au lieu de tuer 1 Palestinien, elle en avait finalement assassiné 5 dans cette seule action, faisant en outre 10 blessés, dont plusieurs enfants. Côté gouvernemental, les réactions se sont partagées entre larmes de crocodile et indifférence à l’égard de tels « dommages collatéraux ».
Dimanche matin, on a appris la mort de 4 jeunes Palestiniens, près de Hébron. De sources palestiniennes, les 4 hommes étaient des ouvriers revenant d’une carrière de pierres. Israël a reconnu les avoir mitraillés de sang-froid, déclarant qu’ils s’apprêtaient à couper les barbelés protégeant une colonie voisine, mais a avoué n’avoir trouvé aucune arme à proximité de leurs cadavres. Ils se préparaient donc à attaquer la colonie, puissamment défendue, avec une paire de tenailles ? Plus tard dans la journée, des sources autorisées des services de sécurité israéliens, citées par le quotidien Haaretz, ont publiquement démenti l’armée, disant que les quatre martyrs étaient « des civils insoupçonnables ».
(note : lire, en bas de cette dépêche, une synthèse des événements, établie jusqu’à samedi soir par Safwan Qasem, à partir des médias locaux et régionaux)
Cette escalade ne doit pas surprendre quiconque a lu les propos du tout nouveau général en chef de l’armée israélienne, Moshe Ya’alon.
Dans une grande interview, publiée par l’édition électronique en langue anglaise du quotidien Haaretz, le général parle ouvertement de la « menace palestinienne » comme d’un « cancer ». Très fier de ses métaphores médicales, le militaire se déclare ensuite certain de son « diagnostic », et indique qu’il en est aujourd’hui à la « chimiothérapie » des Palestiniens, en attendant de passer à des traitements plus lourds.
Un aveu de taille, à propos du bombardement de Gaza du 22 juillet dernier, dont l’objectif officiel était l’assassinat d’un responsable du Hamas, Shehade, et qui fit au total 16 morts et des dizaines de blessés, dont une majorité d’enfants : « Nous voulions éviter de tuer ses filles, mais nous avions assumé le risque de tuer son épouse, si elle se trouvait à côté de lui au moment du tir ». Au final, les enfants de Shehade furent quand même tués, en même temps que d’autres jeunes.
Posant au « professionnel » qui se refuse à « faire de la politique » (une opposition dépourvue de sens dans un pays où le gouvernement civil est dirigé par des militaires de carrière, comme Sharon ou Barak avant lui), Moshe Ya’alon s’autorise cependant à porter de multiples jugements, condamnant le processus d’Oslo, s’opposant au moindre retrait des territoires occupés, et affirmant, sans sourciller « qu’Israël est aujourd’hui comme hier dans le rôle de David contre Goliath, et mène une guerre pour sa survie ». Enfin, tandis que le gouvernement israélien pousse tous les jours Bush à attaquer l’Irak, Moshe Ya’alon évoque déjà une autre étape, avec l’élargissement de l’agression à l’Iran.
« On a dit des dinosaures qu’ils avaient disparu en raison d’une faiblesse caractéristique : un corps démesurément important par rapport à leur tête. On pourrait en dire autant d’Israël, et de son nouveau chef d’Etat-major » résume le militant pacifiste
Voici maintenant une synthèse de la presse palestinienne et arabe sur les événements de ces derniers jours (jusqu’à samedi soir), établie par Safwan Qasem (les sources, numérotées, sont indiquées au bas du document)
« * Toubas : 5 tués dont 4 enfants, 10 blessés
* Ramallah : 1 tué, déni de soins
* Jénine : résistance
* Camp de réfugiés de Jénine : boucliers humains, 7 blessés dont trois enfants, 60 maisons menacées
* Naplouse : la préfecture dynamitée, résistance
* Toulkarem : l’université attaquée
* Rafah : 2 enfants tués, 11 blessés
* Khan Younes : 5 blessés
* Gaza : Crime: Israël utilise des bombes à fléchettes pour tuer un maximum de civils
* Nouvelle année scolaire en Palestine
* La deuxième chaîne de télévision d’Israël
* Pillage d’eau au Liban
* Sondage d’opinion en Israël : Soutien à Sharon et à un certain « Etat palestinien »
Toubas (5 tués dont 4 enfants, 10 blessés) (1)(2)
Dans une nouvelle exécution extra judiciaire, l’armée israélienne a tué par missile le responsable des brigades des martyrs d’Alksa à Toubas, tuant au passage deux adolescents et deux enfants et blessant 10 personnes parmi les passants..
Les hélicoptères israéliens ont lancé 3 missiles sur un véhicule civil, tuant Raafat Daraghmeh (26 ans), sa fille Bahira Daraghmeh (6 ans), son cousin Osama Daraghmeh (10 ans) qui étaient tous les deux en dehors du vehicule, ainsi que Sari Subaih (15 ans) et Yazid Abderrazek (15 ans). Selon des témoins palestiniens au moins deux des corps ont été complètement carbonisés et déchiquetés, rendant l’identification très difficile. L’un des missiles a touché une maison voisine touchant plusieurs civils et enfants.
L’armée israélienne a reconnu que plusieurs de ses hélicoptères de combat avaient participés à ce nouveau carnage.
Ramallah (1 tué, déni de soins) (2)(3)
Dans l’après-midi de vendredi, les soldats israéliens ont tué un Ribhi Jasser Roubine (34 ans) en le bloquant à un barrage militaire jusqu’à sa mort.
Roubine, qui rentrait de son travail en Israël, avait été atteint une crise cardiaque en essayant de contourner un barrage militaire par un chemin de terre difficile menant à son village Jammala. Les habitants ont transporté Roubine au dispensaire du village proche de Naaline où le médecin a décidé de l’accompagner d’urgence vers l’hôpital de Ramallah dans un véhicule civil. Le voyage a pris fin au barrage militaire à l’entrée du village de Naaline où les soldats ont retardé le véhicule pour « raison de sécurité » jusqu’à la mort du malade. Des sources militaires israéliennes ont confirmé que Roubine est arrivé au barrage militaire accompagné d’un médecin dans un taxi et qu’il était vivant et se plaignait de douleurs au thorax.
Ribhi Roubine était père de quatre enfants et travaillait en Israël où il passait la semaine avant de rentrer voir sa famille. Vendredi il rentrait après une absence de deux semaines pour arriver sans vie.
Jénine (résistance) (2)(3)
Israël a reconnu hier, que 3 des ses soldats ont été blessé par une attaque de la résistance palestinienne dans le quartier Marah à Jénine. Les soldats d’une unité spéciale, dont les blessures ont été qualifiées de moyennes et légères, ont été attaqués pendant qu’il procédait à la fouille et au saccage des maisons du quartier qui a été encerclé dès l’aube par les chars épaulés d’hélicoptères de combat.
Les soldats avaient sorti les habitants de leurs maisons à l’aube et les ont maintenus rassemblés dans la rue pendant plusieurs heures.
Camp de réfugiés de Jénine (boucliers humains, 7 blessés dont trois enfants, 60 maisons menacées) (2)(3)(4)
Dans un communiqué, les brigades des martyres d’AlAksa ont déclaré que des résistants palestiniens ont attaqué, vendredi, une patrouille des forces de l’occupation israélienne à l’entrée du camp de réfugiés blessant plusieurs soldats sans donner plus de précisions.
Une force israélienne composée de 25 chars et blindés avait envahit le camp pendant la nuit de jeudi à vendredi pour exécuter des fouilles. Les soldats ont ouvert le feu des mitrailleuses de manière sporadique et aléatoire sur les habitations pendant toute la nuit, et ont également tiré sur le générateur d’électricité alimentant le camp et la ville plongeant toute la région dans le noir.
Des témoins palestiniens ont déclaré que les soldats ont demandé par haut-parleurs aux habitants de sortir de leurs maisons sous la menace de les détruire sur leurs têtes, et que les soldats les ont énuméré avant de les forcer à marcher vers un quartier voisin où ils ont été maintenus rassemblé dans la rue pendant des heures avec interdiction de boire ou de faire leurs besoins. Les témoins ont ajouté que les soldats ont ouvraient le feu au-dessus des têtes ou sous les pieds des habitants pour les effrayer et les forcer à marcher.
Les témoins ont déclaré que les soldats ont ouvert le feu pendant la fouille de la maison de Allam Abu Heija (22 ans) qui a été touché d’une balle dans le ventre puis arrêté et emmené dans une Jeep militaire avant d’être remis à une ambulance du croissant rouge palestinien.
Des sources médicales palestiniennes ont déclaré que 4 palestiniens ont été blessés par des tirs pendant la fouille des maisons dont la fille Aya Khalifa (7 ans) touchée à l’intérieur de son domicile, le garçon Mohammad Khalifa (13 ans) et Wael Saadi (16 ans) tous blessés aux jambes, trois autres personnes ont été touchées légèrement par des éclats de balles.
Des témoins ont déclaré que 15 véhicules israéliens sont revenus au camp, vendredi, pour la troisième fois dans une même journée, et que la force qui voulait fouiller la partie sud du camp a sorti le citoyen Ali Saadi, sa femme et leurs enfants de chez eux et les a utilisé comme boucliers humains dans la fouille des maisons voisines.
Les soldats ont également lancé une bombe incendiaire dans la maison de Moussa Al-Khatib y déclenchant un incendie.
Moustapha Barghouthi directeur de l’union des comités palestiniens de secours médical à déclaré que la situation humanitaire dans le camp de réfugiés et que la destruction de maisons s’y poursuit à une cadence inquiétante, ajoutant que 60 maisons sont actuellement menacées de destruction par l’armée de l’occupation.
Naplouse (La préfecture dynamitée, résistance) (2)
Des responsables palestiniens ont déclaré que l’armée israélienne a levé le couvre feu de la ville de Naplouse pendant 4 heures consécutives. Le couvre feu était sévèrement imposé à Naplouse pendant 8 jours consécutifs.
Les forces de l’occupation ont dynamité plusieurs parties du siège de l’autorité palestinienne à Naplouse abritant l’hôtel de la préfecture, les bureaux du président, la direction de la police palestinienne et la direction des prisons.
Toulkarem (l’université attaquée) (2)
L’armée israélienne a profité de la première journée de l’année scolaire pour envahir la dépendance de l’université ouverte de Jérusalem à Toulkarem. Les soldats qui encerclaient l’université ont demandé aux 400 étudiants présents de se rendre en sortant des bâtiments dans des situations humiliantes avant de vérifier leurs identités sous prétexte de l’existence de militants recherchés.
Rafah (bande de Gaza) (2 enfants tués, 11 blessés)
Lors d’une nouvelle incursion dans la ville de Rafah jeudi dernier, les chars israéliens ont ouvert le feu de leurs mitrailleuses vers un groupe d’enfants tuant AbdelHadi Hamaida (14 ans) et un autre enfant de 12 ans et blessant 11 enfants et jeunes. 5 des blessés sont âgés de moins de 12 ans et les 6 autres entre 14 ans et 17 ans.
Khan Younes (5 blessés) (1)
L’armée israélienne a ouvert le feu samedi à partir des colonies voisines vers le quartier Al-Amal (l’espoir) dans la ville de Khan-Younes. Un obus a touché directement une maison appartenant au citoyen Wael Al-Hissi blessant 5 personnes de la même famille.
Gaza (Crime: Israël utilise des bombes à fléchettes pour tuer un maximum de civils) (4)
Le journal israélien Haaretz a affirmé que l’armée israélienne a utilisé des obus remplis de fléchettes dans son attaque sur une famille en sommeil dans la nuit de 28 au 29 août dans le village de Cheikh Ijline près de Gaza, tuant une mère, ses deux enfants et leur cousin et blessant 8 autres personnes de la même famille. Le journal a ajouté que les bombes à fléchettes sont utilisées par ce que leur effet couvre une grande superficie.
Selon l’association israélienne des droits de l’homme B’Tselem, cette arme ne serait pas explicitement interdite par le droit international, mais elle a ajouté qu’utiliser ce genre de bombes dans une zone d’habitation civile revient à ouvrir le feu aveuglément, ce qui est interdit par le droit international, car il conduit à tuer sans distinction.
Nouvelle année scolaire en Palestine (1)(2)
Plus d’un million d’élèves palestiniens et 45 000 enseignants ont découvert ce matin le chemin de l’école sous l’occupation et le couvre feu qui en a fait des prisonniers dans leurs maisons. Dans plusieurs villes les enfants ont dus passer en fil indienne à travers les barrages militaires où les soldats fouillaient les cartables. A Naplouse comme à la vielle ville d’Hébron et le sud de la ville, le couvre feu a été maintenu. Les soldats de l’occupation ont ouvert le feu en direction des habitants qui ont essayé de sortir de chez eux, empêchant le début de l’année scolaire. A Naplouse les soldats de l’occupation israélienne avaient perturbé également la fin de l’année scolaire passée en empêchant pendant des semaines la tenue du dernier examen du baccalauréat.
Le ministère de l’éducation palestinien et l’UNICEF ont démarré une campagne sous le titre « J’ai droit à l’Education ».
Depuis le début de la deuxième Intifada en septembre 2000, l’armée israélienne a tué 230 élèves et étudiant(e)s, en a blessé 2600. 166 étudiants et 75 enseignants sont actuellement prisonniers en Israël.
Sur 2500 écoles que comptent les territoires palestiniens, 7 ont été fermées par ordres militaires. 197 écoles et 3 directions d’éducation régionales ont été bombardées. Dans la dernière invasion israélienne 25 écoles ont été occupées et transformées en centres de détention et d’interrogatoires. Dans la ville d’Hébron, l’armée de l’occupation continue d’utiliser 3 écoles comme casernes militaires.
La deuxième chaîne de télévision d’Israël (1)
La deuxième chaîne de télévision israélienne a diffusé un reportage sur la deuxième Intifada. On pouvait voir défiler les photos des israéliens tués depuis le début de la deuxième Intifada, alors qu’ont pouvait entendre des déclarations d’officiels israéliens appelant à poursuivre la guerre, battre les Palestiniens, bombarder tous les villages et toutes les maisons ou encore à évacuer les territoires palestiniens de leurs habitants, mélangées avec des déclarations de citoyens israéliens appelant à finir la guerre, à rappeler l’armée à la maison et à quitter les territoires occupés. Après la fin du défilement des photos des morts, des cadres vides en attente de photos ont continué à défiler pour symboliser les morts que l’occupation israélienne des territoires palestinie ns continuera à faire parmi les Israéliens.
Pillage d’eau au Liban (1)
Le président du parlement libanais a déclaré qu’Israël a fait parvenir au Liban une menace lui interdisant d’utiliser l’eau des rivières qui coulent au sud du pays. Il a ajouté qu’Israël utilise 150 millions mètres cubes d’eau des rivières hasbani et wazzani qui passent par le sud Liban alors que le Liban utilise seulement 7 millions de mètres cubes. Il a également rappelé qu’aux fermes de Chebaa occupées par Israël depuis 1967, il y a 224 sources d’eau exploitées par l’état occupant.
Sondage d’opinion en Israël (Soutien à Sharon et à un état palestinien) (4)
Un sondage d’opinion en Israël publié par le journal israélien Maariv montre que la majorité des israéliens soutiennent la création d’un état palestinien et soutiennent la politique de Sharon. Ce sondage réalisé sur un échantillon représentatif de 590 personnes avec une marge d’erreur de 4% a montré que :
54% soutiennent la création d’un état palestinien dans les territoires occupés contre 38%.
58% contre 33% soutiennent le démantèlement des colonies dans la bande de Gaza dans le cadre d’un accord de paix.
47% contre 41% soutiennent le démantèlement des colonies en Cisjordanie dans le cadre d’un accord de paix.
46% contre 46% soutiennent un retrait total de toute la Cisjordanie n’incluant pas jérusalem-est et toute la bande de Gaza.
56% contre 35% s’oppose au retrait israélien des quartiers de Jérusalem-est à majorité arabe, même si Israël gardait des partie de la ville occupée en 1967.
78% des israéliens d’opposent à la reconnaissance du droit au retour des réfugiés palestiniens chassés de leurs maisons en 1948.
La popularité du premier ministre israélien Ariel Sharon était en augmentation de 10 points par rapport au sondage précédent. 56% contre 38% se sont déclarés satisfait globalement d’Ariel Sharon.
(1) Al Manar TV 31/08/02
(2) Al Jazeera TV 31/08/02
(3) Journal Al-Ayyam 31/08/02
(4) Journal AlQuds 31/08/02
Safwan QASEM
