18 décembre 2002 (appel) DES RUBANS BLANCS POUR BETHLEEM
« Le monde entier s’apprête à célébrer la Nativité du Christ. Mais il n’y a qu’un endroit au monde dont on est d’ores et déjà certain qu’il ne sera pas de la fête. Il s’agit du lieu même de cette Nativité, Bethléem.
En effet, cette ville déjà meurtrie, comme toute la Palestine, par une occupation cruelle, vient de subir un nouvel outrage. Dernière manifestation en date d’une domination sans limite, le gouvernement israélien vient de menacer la ville d’un blocus jusqu’au 30 décembre 2002.
A la veille d’un soir où une multitude de crèches feront revivre à travers le monde la naissance du Christ et quelques jours après l’adoration des Rois Mages, le monde doit savoir que ceux-ci, s’ils entendaient le même appel, en ce début de XXIème siècle, se heurteraient à un check-point infranchissable. A l’heure où les chrétiens du monde entier, mais aussi des croyants de toutes religions et des non croyants soucieux de perpétuer la tradition de Noël, seront réunis dans les églises et autour de la table familiale, le vide de l’Eglise de la Nativité fera écho au silence de nos dirigeants, incapables d’exiger d’Israël le simple respect du droit. C’est à cela qu’il faut nous opposer et contre cette situation qu’il faut protester.
Au regard de la tragédie quotidienne infligée au peuple palestinien, avec les bouclages permanents, la destruction délibérée de centaines de tonnes de vivres du Programme Alimentaire Mondial, l’humiliation des check-points et des rafles, l’assassinat régulier d’enfants et de vieillards (souvenons-nous de cette vieille dame de 95 ans tuée alors qu’elle préparait la fête de l’Aïd pour ses 19 petits-enfants), bref, de ce qu’un universitaire israélien appelle « l’entreprise de politicide du peuple palestinien », ce dernier épisode n’est peut-être pas le plus grave. Il résonne cependant comme un point d’orgue sinistre à l’interminable martyrologe du peuple palestinien. C’est en cela qu’il nous est insupportable.
Comment pouvons-nous imaginer que, dans un tel contexte, nous puissions fêter Noël dans la joie et la sérénité ? Il aura certes un goût amer. Le devoir de tous ceux, chrétiens ou non, attachés au message universel de paix de Noël (« Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté »), est de marquer leur désaveu devant ce manque de respect religieux et humain élémentaire. Ce désaveu devra être visible. Nos dirigeants ont à l’évidence besoin d’être interpellés pour qu’ils contribuent du poids de toute leur autorité au rétablissement de la justice et de la paix dans cette région du monde Il faut qu’ils entendent un message fort de la société, un message qui indique clairement qu’en ces temps de violence et de non respect des droits de l’homme, la morale a encore droit de cité.
A ceux qui estiment que les mesures prises par Israël sont nécessaires à sa sécurité, qu’ils méditent ces mots de Monseigneur Sabbah, patriarche de Jérusalem : « Si vraiment toutes ces condamnations de la violence sont sincères, il faut être cohérent et mettre fin à la cause qui produit ces violences. L’injustice produit la violence ! Enlevez l’injustice, vous n’avez plus la violence. L’occupation est une injustice : enlevez l’occupation, vous n’avez plus de violence. » (La Croix, lundi 9 décembre 2002).
En signe de protestation contre cette occupation et contre l’apartheid, en signe de solidarité avec les Palestiniens, les signataires de ce texte accrocheront des rubans blancs à leurs fenêtres et à leurs balcons à l’approche de Noël. Qu’ils soient imités par le plus grand nombre serait le gage que, décidément, la justice a encore de l’avenir dans ce monde profondément troublé.
Mgr Pierre BOZ (exarque des Melkites catholiques, Paris) ; Michel COOL (directeur de Témoignage Chrétien) ; Sylvie DEPLUS-PONSIN (médecin) ; Mgr Jacques GAILLOT ; Michel GROLLEAUD (prêtre à la Mission de France, Paris), Pr Albert JACQUARD (généticien) ; Dominique JAMET (écrivain) ; Michel JONDOT (prêtre, diocèse de Nanterre) ; Emmanuel LEBRUN (prêtre, Paris) ; Patrice LEBRUN (juriste) ; Xavier LEROLLE (prêtre, Aubervilliers) ; Bernard MARIE (prêtre, Paris) ; Colette MESNAGE (écrivain) ; Emmanuel PARRAUD (réalisateur) ; Daniel ROUSSIERE (prêtre, Stains) ; Brahim SENOUCI (universitaire, Pontoise) ; Pr Léon SCHWARTZENBERG (cancérologue); Robert THIRION (prêtre, Vanves) ; Fernand TUIL (élu, responsable associatif) ; Olivia ZEMOR (journaliste)
Initiative soutenue par la CAPJPO ET LE CEDETIM
(CAPJPO), 16bis rue d’Odessa, 75014 – Paris
Tel : 01.45.48.40.38
Email : info@paixjusteauproche-orient.asso.fr
http://www.paixjusteauproche-orient.asso.fr