3 mars – L’armée israélienne a perpétré un nouveau massacre dans la nuit de dimanche à lundi au camp de réfugiés d’El Boureij (au sud de la ville de Gaza), tuant au moins 8 Palestiniens dont un enfant et une femme enceinte, et en blessant plusieurs dizaines d’autres.
La colonne israélienne, forte de 35 chars et autres véhicules blindés, accompagnée d’hélicoptères lance-missiles, a pénétré en force dans le camp, faisant sauter plusieurs maisons à l’explosif, tandis que la résistance palestinienne n’a pu lui opposer, comme on le sait, que quelques tirs d’armes légères, incapables d’égratigner les engins de destruction massive.
Un homme de 60 ans, Mohammed Taha, ainsi que ses cinq fils, tous présentés par Israël comme des responsables du Hamas, ont été arrêtés, et plusieurs d’entre eux blessés au cours de l’opération. Des témoins palestiniens ont rapporté que l’armée israélienne s’est en outre opposé pendant des heures à l’évacuation de blessés vers les hôpitaux.
La France, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a légèrement haussé le ton. Paris se dit désormais « consterné » par les exactions israéliennes, et non plus seulement « préoccupé », comme c’était le cas dans la dernière période.
Ces paroles verbales, qui ne seront même pas répercutés aux dirigeants israéliens par l’ambassadeur de France à Tel-Aviv Jacques Huntziger (qui passe au contraire de la pommade au gouvernement israélien, dans toutes ses déclarations), auront d’autant moins d’effet sur Sharon que celui-ci vient de recevoir de nouveaux encouragements de la part de Bush.
Ce dernier vient en effet de délivrer à Sharon un véritable permis de tuer Yasser Arafat, le chef de l’Autorité Palestinienne.
L’an dernier, Sharon allait, répétant aux compagnons d’extrême-droite avec lesquels il gouverne, que s’il ne tenait qu’ à lui, il aurait liquidé Arafat depuis longtemps. Mais il avait donné sa parole à Bush de ne pas attenter aux jours du Président de l’Autorité, et il était donc prisonnier de son serment, ajoutait-il.
« Or, les choses viennent de changer », estime le militant palestinien Elias Sanbar. Intervenant vendredi soir au meeting de la CAPJPO à Paris, Elias Sanbar a ainsi averti qu’il fallait prêter une extrême attention aux derniers propos de George Bush.
« Tel un véritable parrain mafieux, Bush a publiquement annoncé qu’il fallait s’attendre à la disparition du dirigeant palestinien. C’est une licence de tuer qu’il a délivrée à Sharon. D’ailleurs, la presse israélienne est bourrée de rumeurs, depuis quelques jours, prêtant à Arafat des déclarations selon lesquelles il aurait demandé à ses gardes du corps de le tuer en cas de descente israélienne à la Mouquata’a, pour ne pas être capturé vivant. Ces pseudo-fuites sont là pour accréditer par avance la mort d’Arafat, portée par une main arabe qui plus est. Il n’est d’ailleurs même pas impossible que l’assassin d’Arafat soit déjà dans les murs de la Mouquata’a, attendant le signal de ses maîtres », a expliqué Elias Sanbar.
