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L’AVENIR POLITIQUE ET DEMOGRAPHIQUE D’ISRAEL : L’ADDITION FINALE

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21 juin – Sami Shalom Chétrit, pédagogue et universitaire israélien d’origine marocaine, a publié de nombreux essais politiques, articles, chroniques et poésies dans de nombreux journaux principalement en hébreu. Il est cette année, chargé de recherche à l’UCLA (Université de Californie à Los Angeles).

Il est l’un des intellectuels les plus actifs dans la lutte contre les discriminations des juifs de culture arabe, et pour une véritable coopération entre ces communautés juives orientales et les Palestiniens. Il est l’un des fondateurs de Kedma (orient en hébreu) : organisation d’enseignement alternatif pour l’égalité dans l’éducation israélienne. Il a aussi été fondateur de l’ “ Arc-en-ciel démocratique oriental ” qui lutte pour la justice sociale et économique (traduction Michèle Sibony, UJFP)


La démographie en Israël – Palestine dicte des solutions claires au conflit. A travers la totalité de l’espace Israélo-palestinien, de la méditerranée au Jourdain, du Liban au nord, à l’Egypte au sud, la suprématie démographique de la population juive sur la palestinienne représente à peine 200 000 personnes. Depuis que ce tableau inclut aussi près de 300 000 Russes non Juifs, la suprématie juive dans cette zone est une fiction. Si l’on ajoute au nombre des non Juifs environ 250 000 travailleurs/ esclaves étrangers, le calcul sioniste révèle un déficit camouflé. 1)

Mais il s’agit seulement de la première partie du calcul : le taux moyen de l’accroissement naturel annuel dans les Territoires Occupés de 67 est de 3,7 %, alors qu’il est de 1,5% en Israël. Les femmes israéliennes ont en moyenne 2,54 enfants alors que les palestiniennes ont une moyenne de 5,3. Selon ces statistiques, d’ici quelques années les Juifs seront devenus une minorité dans toute la zone sous contrôle israélien (s’ils ne le sont pas déjà). De plus il s’agira d’une minorité vieillissante. La population israélienne vieillit avec 10% de personnes de plus de 65 ans contre 3% chez les Palestiniens.
Telles sont les statistiques de la démographie nationale. Cependant il faut aussi tenir compte des perspectives culturelles. Les Juifs d’origine européenne constituent avec les immigrants russes seulement 25% de la population totale de la zone sous autorité et contrôle israélien. Cependant cette minorité culturelle est actuellement située dans les échelons les plus élevés de l’échelle économique, sous lesquels se situent les Orientaux suivis par les citoyens palestiniens d’Israël, et dessous les Palestiniens des Territoires Occupés de 67. Le million d’électeurs de Shas (Juifs sous-privilégiés d’origine moyen orientale) et leurs familles (près du quart de la population juive) sont situés dans la même catégorie économique que les Palestiniens d’Israël.

A partir de ces données des questions sérieuses doivent être posées. Par exemple, qui souhaite vivre en Israël aujourd’hui ? Etant donné l’atmosphère de combat, de la “ nation ” mobilisée pour une nouvelle “ guerre pour l’existence ” on pourrait attendre des jeunes israéliens qu’ils souhaitent “ s’enraciner ” ici. Mais ce n’est pas le cas. Les Juifs israéliens âgés de 18 à 40 ans – c’est à dire ceux qui doivent servir dans les unités régulières ou de réserve de l’armée – tentent leur chance à l’étranger.
25% des Juifs israéliens de la tranche d’âge 18-29 ont déclaré qu’ils pensaient sérieusement quitter le pays de façon permanente. De plus 16% de la tranche d’âge 30-39 ont aussi déclaré qu’ils pensaient à présent quitter Israël pour de bon. Alors qui restera ? Et qui a–t-il à offrir à ceux qui souhaitent rester ? En réalité le mythe de la menace d’extermination d’Israël est tout ce qui reste du Sionisme, et la peur de la réalisation de cette menace est manipulée par tout le spectre politique depuis le député Yossi Sarid (président du Meretz – “ sionisme de gauche ”) jusqu’au ministre de l’équipement Effi Eitam (chef du Parti National Religieux –Mafdal).
La production et la reproduction de ce mythe ont été très fructueuses. 71% des juifs d’Israël pensent que les Palestiniens veulent détruire Israël, et seulement 34% pensent qu’il est nécessaire de travailler à la réalisation d’un accord de paix. Le reste croit en “ l’élimination de la terreur ” telle que dictée par la culture politique militariste régnante.
Il faut associer à cela une autre statistique importante : . La “ Gauche ” (Travaillistes et Meretz) croit encore qu’il n’y a pas de rapport entre les crises économique et politique. Seuls 5% des électeurs du Meretz considèrent qu’il est nécessaire d’améliorer la situation économique des gens. Les votes travaillistes montrent 15% de leurs “ socialistes ” allant dans le même sens.

Comptes

Que pouvons nous conclure des éléments ci dessus ? La réalité du terrain n’est rien d’autre qu’un espace culturel méditerranéen à majorité arabo-islamique gouverné par une minorité juive ashkenaze (incluant ceux qui ont été cooptés par cette minorité). Quiconque essaye de dessiner une image différente de la réalité fait commerce de mensonges et d’illusions (par exemple ceux qui cultivent l’espoir de faire venir 2 millions supplémentaires de Russes blancs en Israël).

Nous devons donc essayer de fournir des paradigmes alternatifs concernant la nature évoquée du futur état – société – culture dans cette région. Ma vision idéale serait un grand état démocratique et civique avec une autonomie culturelle pour les nombreux groupes culturels dotés un espace commun civique et démocratique. Aujourd’hui cette réponse peut sembler utopique et coupée de la réalité. Quel soldat – Rambo israélien conduisant un tank ou volant dans les unités aériennes de combat accepterait de vivre sous un gouvernement en majorité arabe ? Quel juif ashkenaze qui contrôle aujourd’hui tous les moyens de l’éducation et de la culture et a le pouvoir de distinguer les poètes et les dramaturges comme s’il était Dieu, accepterait de vivre sous une majorité moyen-orientale ?
De mon point de vue, cet état citoyen multiculturel et binational est la seule vraie solution à tous les maux du nationalisme et de la religion. Mais la majorité des Israéliens vit de nombreuses angoisses et pressions, et je suis donc prêt à soutenir la possibilité de solutions alternatives. A la lumière du pronostique démographique qui panique tant les Juifs israéliens, il n’y a pas tellement d’alternatives. Ceux qui nient l’existence du peuple palestinien et son droit à un état indépendant et souverain se retrouvent devant un choix restreint d’alternatives.
Une possibilité est l’extermination rapide et systématique de tous les Palestiniens. En réalité il y a beaucoup de Juifs qui fantasment sur cette terrible solution et la retiennent seulement à cause de la situation internationale “ problématique ”, et non en raison d’une quelconque considération morale. La droite israélienne est cependant pragmatique et choisit donc la seconde alternative c’est à dire une expulsion massive de la plupart des Palestiniens, notamment des activistes du mouvement national Palestinien, sous l’écran de fumée d’une guerre du Moyen Orient, objet de tous les rêves de Sharon. Choisir cette alternative aurait évidemment des implications régionales et internationales qu’aucune aile droite messianique ne peut même imaginer.
Cependant, si les Américains ne fournissent pas l’écran de fumée épais nécessaire à la réalisation de ce projet, alors la droite sera forcée d’adopter la troisième option à sa disposition : un état d’Apartheid officiel. Clairement, en annexant tous les territoires occupés sous loi israélienne, et conférant aux Palestiniens un statut dénué de droits politiques. Alors, tous les dirigeants et activistes de la lutte de libération seront chassés et toutes les organisations politiques déclarées hors la loi.
Une sorte d’autonomie dirigée par des collaborateurs sera mise en place qui se verra conférer les responsabilités municipales, d’éducation, santé, eaux usées, etc. …

Choix

L’espace total sous contrôle israélien est déjà régi par des lois et règlements semblables à l’apartheid. Cependant si ce système devient officiel, le niveau des liquidations, arrestations, meurtres par “ erreur ” et démolition de maisons atteindra un sommet sans précédent. La motivation des jeunes israéliens –qui n’ont pas de futur économique- de servir leur pays baissera considérablement, et le taux des refus de servir dans l’armée augmentera. Finalement le gouvernement sera forcé de privatiser l’armée et d’utiliser des mercenaires, comme les Américains le font déjà en Afghanistan avec le financement d’énormes compagnies pétrolières. Les premiers Ministres israéliens et leurs ministres seront vêtus d’uniformes de l’armée, et ils délivreront des réglementations militaires pour la totalité de la terre raciste qu’ils gouverneront.

Tournons-nous à présent vers “ la Gauche ”. S’il y avait une vraie gauche en Israël, ce serait à présent le moment de demander ce que la Gauche fera lorsque cette terrible perspective se produira. Mais il n’y a pas de Gauche en Israël. S’il y en a eu une, il y a longtemps qu’elle s’est transformé en cul du gouvernement, bégayant quelques critiques tout en se traînant derrière lui. De plus de nombreux “ gauchistes ” se sont “ calmés depuis longtemps et ne soulèvent plus de questions ou de doutes sur l ‘ “ élimination de la terreur islamique ” ici comme dans le monde au sens large.
Ainsi le compte de la gauche nous laisse avec un groupe affaibli sur lequel on ne peut compter pour prévenir la catastrophe.

On peut trouver un espoir dans le courant principal du public israélien qui de temps en temps change ses positions en fonction de l’atmosphère politique dominante. Aujourd’hui ce courant a rallié la position du “ brisez leurs les reins ” et “ la force est la meilleure solution ”. Le seul chemin pour calmer cette majorité instable et habituellement conformiste, terrifiée par le spectre d’un “ second holocauste ”, et qu’elle parvienne à se défaire de ses illusions sur ses dirigeants, est de confronter courageusement le tableau démographique réel, et d’abandonner une fois pour toutes les solutions proposées par la droite auxquelles la gauche ne fournit pas de réelles alternatives.
Il vaudrait mieux que la majorité israélienne accepte les le simple calcul démographique que j’ai présenté ici, parce que le calcul du sang sera bien plus douloureux.

Se calmer à présent, signifie le démantèlement de toutes les colonies, un retrait total sur les frontières de 67, et l’établissement d’un état palestinien indépendant sur tout le territoire au-delà de ces frontières, avec sa capitale dans Jérusalem Est. C’est la solution qu’Israël demandera comme une faveur après 20 ans supplémentaires d’occupation ou d’un état d’Apartheid, quand Il sera complètement désintégré de l’intérieur, alors que son économie tout entière se sera transformée en une grande machine de blanchiment d’argent. C’est la seule solution, même si elle mène à une confrontation violente à l’intérieur de la société israélienne. L’histoire nous a appris que parfois l’ennemi intérieur est plus dangereux qu’un quelconque ennemi extérieur. Il y a un urgent besoin d’éliminer le nationalisme messianique de la société israélienne.

Toute personne qui se considère comme de gauche doit se préparer au moment où l’extrême droite messianique commencera avec Sharon ou ses descendants à réaliser l’une des solutions démentes mentionnées plus haut. Le jour où l’extermination ou l’expulsion de masse ou l’annexion et l’apartheid officielle commenceront, tous ceux de la gauche devront se rebeller et se battre. Parce que quiconque ne s’élèvera pas contre cela en sera complice.

1) Ces éléments se fondent sur 3 sources :
– The CIA World Fact Book, octobre 2002
– The palestinien Center for Public Opinion, beit Sahour – Nabil Kokali et Walid Shumali,
octobre 2002
– The Peace Index dirigé Ephraïm Ya’ar et Tamar Herman, septembre 2002

Cet article a été publié en anglais dans “ News from within ” publication de l’Alternative Information Center en mars 2003 –
(traduction Michèle Sibony – UJFP)

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