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CONFERENCE DE PRESSE DE THOMAS PELLAS APRES SON EXPULSION D’ISRAEL ET DE PALESTINE OCCUPEE

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22 juillet – Thomas Pellas, pacifiste français expulsé d’Israël le 18 juillet dernier, en même temps que plusieurs autres internationaux, a raconté mardi, à l’occasion d’une conférence de presse organisée par l’AFPS et le CICUP, la manière dont l’armée et le gouvernement israélien ont bafoué le droit international lors de leur arrestation, de leur détention, de leur “ jugement ” et de leur expulsion.


“ Je suis entré en Israël le 30 juin dernier pour participer à un projet d’assistance civile
consistant à suivre l’aménagement d’une aire de jeux, financée par l’AFPS, pour l’école primaire des Bédouins Jahalin (déportés par Israël de leur Néguev ancestral en 1950, et vivant depuis dans un bidonville de la banlieue de Jérusalem-Est, au pied de la grande colonie israélienne de Maalé Adumim), et à y animer des ateliers pour les enfants (anglais, mathématiques, activités artistiques et sportives).

En contact avec des membres d’ISM (International Solidarity Movement, dédié à la protection et défense des intérêts des Palestiniens sous occupation israélienne) afin d’obtenir notamment leur aide pour l’acheminement des équipements pour l’aire de jeux (balançoires, toboggans), je me suis joint à l’une de leurs initiatives, qui sont toutes strictement pacifistes et non-violentes, le 10 juillet au sud de Naplouse, en Palestine occupée.

En concertation avec des responsables palestiniens des villages de Til et d’Iraq Bourin, une vingtaine de pacifistes internationaux, dont je faisais partie, ont aidé un bulldozer palestinien qui tentait d’ouvrir la route reliant ces deux villages à la ville de Naplouse, bloquée par trois barrages mis en place par Israël et constitués de sable et de grosses pierres. Les blocages des routes sont destinés à empêcher toute liberté de circulation à l’intérieur des Territoires occupés. Alors que le bulldozer travaillait à réduire le dernier barrage, quatre fantassins et deux jeeps de l’armée israélienne d’occupation sont arrivés. Après des tirs de grenades lacrymogènes, des coups de feu en l’air, puis des menaces d’abattre le conducteur palestinien effectués par l’armée israélienne – et donc la création par les militaires d’une situation générale d’extrême violence – des négociations menées avec les militaires israéliens nous ont permis d’aboutir à ce qu’aucune arrestation ne soit opérée, en échange de la remise en état des barrages. La remise en état exécutée, l’armée a annoncé qu’elle allait finalement saisir le bulldozer et arrêter son conducteur palestinien. Les pacifistes se sont alors interposés de manière non-violente . Nous sommes six, dont deux pacifistes Israéliens, à avoir alors été mis en état d’arrestation.

La veille, le 9 juillet, quatre autres internationaux avaient été violemment interpellés près de Jénine (tête plaquée contre le sol, coups de pieds dans les côtes, soulevés du sol par les menottes), alors qu’ils manifestaient pacifiquement, sous une tente, contre la confiscation de terres palestiniennes destinées à la construction du Mur d’annexion et de séparation (dit “ de sécurité ” par l’Etat d’Israël).

Le 11 juillet, moins de 24 heures après notre arrestation, les deux Israéliens qui étaient avec nous ont été libérés, sans qu’aucune charge n’ait été émise à leur encontre. La discrimination dont ont été victimes les Internationaux (non Israéliens) est patente.

Les autres ont été incarcérés dans le centre de police de la colonie d’Ariel située au sud de Naplouse (illégale, comme toutes les colonies israéliennes, au regard du droit international), où nous avons subi interrogatoires et intimidations. Les conditions pénibles de détention, ainsi que plusieurs violations
des droits de l’homme sont à souligner :

– à notre arrivée, nos affaires personnelles ont été confisquées (en particulier, l’un d’entre nous, sujet à des crises d’asthme, est resté cinq jours privé de son médicament, Ventoline) ;
– nous étions huit, entassés dans une cellule exiguë (environ 13m2), sans fenêtre, la lumière électrique allumée en permanence ;
– pendant toute la durée de notre détention (8 jours en ce qui me concerne) nous avons été privés de promenade quotidienne ;
– les possibilités de joindre nos avocats, ainsi que nos familles, ont été extrêmement réduites ;
– l’accès à la “ cantine ” nous était interdit, nous ne pouvions donc pas acheter cartes de téléphone, cigarettes, biscuits, café, sucre etc…
– l’un d’entre nous, un Canado-Palestinien, a subi des violences graves (coups et clés de bras musclées) alors que des gardiens l’emmenaient pour un énième interrogatoire.
– A signaler également que lors de notre transfert en camion, le capitaine au volant, particulièrement brutal et menaçant, a provoqué un accident dont les conséquences physiques sur les détenus n’ont pu être examinées par des médecins indépendants pendant notre détention.

Nous avons été présentés une première fois devant un juge du Tribunal de Tel-Aviv le dimanche 13 juillet : celui-ci a alors renvoyé les parties estimant que les charges portées contre nous par l’armée israélienne étaient insuffisantes, mais refusant néanmoins notre mise en liberté sous caution, au motif que nous représentions un grave danger pour l’ordre public ” (motif évidemment fallacieux puisque les deux Israéliens arrêtés en même temps que nous ont été relâchés au bout de 24 H en l’absence de charges, comme l’exige la législation israélienne appliquée aux Israéliens).

Le 17 juillet le tribunal a ordonné notre expulsion dans les plus brefs délais, sans que la preuve de l’illégalité de nos activités n’ait été à aucun moment établie par le procureur Israélien . Les quatre pacifistes arrêtés à Jénine ont fait appel (notamment en raison des violences physiques subies) devant la Cour Suprême, et deux d’entre eux (un Palestino-Canadien et un Suédois) se trouvent encore en détention à Ariel jusqu’à la date de l’audience.

J’ai été expulsé le 18 juillet sur un vol de la compagnie israélienne El Al, de l’aéroport Ben-Gourion, à destination de Paris. Je n’ai pas été autorisé à récupérer mes affaires qui se trouvaient à Jérusalem.

Je me réserve la possibilité de poursuivre le gouvernement israélien, notamment en raison de l’illégalité de mon arrestation puis de mon expulsion, ainsi que du défaut du respect du droit international quant aux conditions de ma détention.”

Thomas Pellas s’est notamment élevé contre l’image que la propagande israélienne essaie de véhiculer contre ISM et les autres pacifistes internationaux, les présentant comme des têtes brûlées, parfaitement irresponsables, alliés des terroristes et mettant en danger la sécurité des Israéliens. Il a décrit leur sens des responsabilités dans chacune de leurs actions volontairement non violentes et totalement légitimes face aux violations de la IVème Convention de Genève et du droit international par les autorités israéliennes qui, non seulement n’apportent aucune assistance à la population qu’elles occupent, mais empêchent en outre qu’il lui soit porté secours. D’ailleurs des journalistes présents sur le terrain ont filmé et photographié ces actions, autant de preuves de leur caractère non dangereux.

En conclusion, Thomas Pellas, ainsi que l’ensemble des associations luttant pour le respect du droit international, attendent que le gouvernement français élève une protestation officielle et vigoureuse face au sort réservé à l’un de ses ressortissants et que s’il s’estime impuissant face aux nombreuses entraves à la circulation et atteintes aux règles internationales commise par Israël, il est grand temps de demander l’envoi d’une force de protection internationale du peuple palestinien.

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