1er août – Ci-joint un message de Gush Shalom concernant une action commune de protestation palestino-israélienne, avec le soutien d’ISM (International Solidarity Movement) contre le Mur construit par le gouvernement israélien.
A noter par ailleurs que Gush Shalom vient de publier une nouvelle annonce dans le quotidien Haaretz dont l’intitulé est « L’OCCUPATION, C’EST L’INFRASTRUCTURE DU TERRORISME : IL FAUT LA DETRUIRE ».
« Kodem Kol-Hachoma Tippol » (« En premier lieu, il faut que le mur tombe !!») ont chanté les militants de la paix, lors d’une manifestation contre le Mur de l’Apartheid, en chœur avec les organisations publiques de la ville palestinienne de Qalqilya, l’association israélienne Gush Shalom et l’association internationale ISM.
La ville de Qalqilya s’est vu offrir cette semaine par Sharon son passage sous contrôle palestinien. Mais il n’est pas question de supprimer les murs et les clôtures qui encerclent presque totalement la ville, ne laissant qu’un passage étroit pour sortir. « Autrefois, centre commercial prospère pour sa région, notre ville a été réduite à une extrême misère » a déclaré dans un discours Ma’aruf Zaharan, maire de Qalqilya.
Ce matin Zaharan et des centaines de ses concitoyens ont marché depuis le centre de la ville jusqu’au Mur, déployant des drapeaux et des banderoles, accompagnés par une délégation non négligeable d’internationaux. Sur le chemin des enfants s’étaient débrouIllés pour décorer le mur de toutes sortes de graffitis. Finalement, ils sont arrivés au sud de la ville – le rendez-vous prévu, où une clôture avec des barreaux permet de voir de l’autre côté. Là un groupe d’israéliens est arrivé, des militants qui se sont impliqués depuis 1967 (et même avant), côtoyant de dynamiques jeunes anarchistes. Nous avions aussi des internationaux avec nous, venus de pays aussi différents que les Etats-Unis, le Danemark, et la Pologne, – y compris un vétéran de la guerre du Vietnam devenu militant de la paix, qui la nuit dernière pilotait un avion à réaction de New-York à Tel-Aviv. « Cette nuit je dois être à l’aéroport Ben Gourion pour le ramener, mais cet intermède me permet de faire ce que j’ai choisi » a-t-il dit.
Après être sortis du bus, nous nous sommes déployés en une longue ligne devant le mur avec des banderoles : « Le mur – un ghetto pour les Israéliens, une prison pour les Palestiniens », « La Ligne Verte : Frontière de Paix », « Là où il y a des murs il n’y a pas de paix ». Des Palestiniens, agitant leurs drapeaux au vent étaient nettement visibles de l’autre côté, à quelque vingt mètres. Ils entendaient les félicitations en arabe que leur adressait au mégaphone l’historien Teddy Katz, et ils répondaient de même.
Prise en sandwich entre les deux bords une importante force militaire se déployait pour empêcher que les deux groupes ne trouvent le moyen de se rejoindre. Le jeune Itay Rotstein de Tel Aviv s’empara du mégaphone et s’adressa directement aux militaires : « Soldats, avez-vous la moindre idée de ce que vous êtes en train de faire ici ? Réalisez-vous qu’on vous fait garder un ghetto ? Oui, un ghetto ? Réalisez-vous que vous êtes les geôliers de dizaines de milliers de gens, empêchant les fermiers de cultiver leurs terres, empêchant les marchands d’avoir une clientèle, conduisant tout une population à la pauvreté et à la misère ? Pouvez-vous vous regarder dans la glace ? ». Les soldats semblaient imperturbables, sans réactions apparentes.
Pour leur part, les camarades de Rotstein éclatèrent en slogans : « Pas de barrière mais un ghetto, pas de soldats mais des gardiens de prison » et « Refusez, Refusez, Refusez ».
« Il y a un débat sémantique à propos des termes par lesquels il faut désigner cette chose qui est en face de nous : « mur » ou « clôture ». Parce que physiquement c’est un peu des deux » a dit Uri Avnery « mais en raison de sa fonction, le meilleur terme pourrait être « nœud coulant ». Un nœud étrange autour de Qalquilya, autour de tous les Palestiniens, autour du cou de nous tous dans ce pays et cette région, une menace directe contre tous nos espoirs de paix ».
Vers la fin de la manifestation le commandant militaire sur place se calma au point de permettre à un seul Palestinien de traverser la barrière si bien gardée, et de saluer les participants israéliens. Il donna son accord pour une mesure aussi radicale, mais à contre-cœur, déclarant d’abord « c’est un risque pour la sécurité (déclaration qui fut accueillie par des remarques et des railleries de la part des manifestants)
Des photos de la manifestation de Qalqilya sont visibles sur le site du Gush Shalom
http://www.gush-shalom.org/actions/q_fence_eng.html
Pour une carte du mur de séparation :
http://www.gush-shalom.org/thewall/index.html (en anglais)
Sur le chemin du retour à Tel-Aviv, nous avons écouté les informations, et notre petite action a été mentionnée (et le journal du soir de Channell II couvrit largement l’action du côté palestinien du Mur).
Parmi les nouvelles moins réjouissantes, nous apprîmes que la Knesset venait de voter le jour même la loi qui rend désormais impossible à un citoyen israélien de donner par le mariage la citoyenneté israélienne à son conjoint arabe pour vivre en Israël – une mesure qui obligera les arabes israéliens en particulier à choisir entre quitter le pays ou y vivre dans la clandestinité.
PS : De retour à Tel-Aviv, le bus du Gush Shalom s’est dirigé directement vers la Cour fédérale où quelque 25 manifestants ont rempli les bancs durant l’audience de deux internationaux qui après leur arrivée hier se sont vu refuser l’entrée et sont détenus durant leur recours en appel. Le juge, Tzippora Baron, s’est dite surprise que ces détenus fraîchement débarqués aient autant d’amis. La décision sera rendue plus tard dans la semaine. Parallèlement, David Watson et Michael Shake – deux « récidivistes internationaux» restent dans les cellules de détention fort peu confortables de l’aéroport. Ils sont défendus par les avocats Gabi Laski et Yoni Lerman.
(Traduit par Carole Sandrel)