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LE MUR DE LA HONTE : UNE HABITANTE D’ABU DIS TEMOIGNE

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2 septembre : Terry, une palestinienne habitant à Abu Dis avec sa famille, lance un cri d’alarme face à la construction par le gouvernment israélien du mur qui est en train, à coups de bulldozers, de séparer des familles, de confisquer leurs terres et leurs propriétés, et de rendre impossible leurs déplacements quotidiens vers leur école ou leur hôpital.


« Depuis mardi soir, 21 août 2003, notre vie est totalement bouleversée. Accompagnée d’un énorme bulldozer, de forces de sécurité et d’autres hommes, l’armée israélienne a envahi notre quartier, démoli le mur de l’hôtel voisin et pénétré les terres de la famille Ayyad* dans Abu Dis. Le bulldozer n’a pas cessé son action depuis lors et, aujourd’hui, quatre autres bulldozers sont venus le renforcer.

L’armée israélienne creuse le sol pour ériger le mur de l’Apartheid dans toute la localité d’Abu Dis ainsi que sur les terres du village de Sawahreh. Ce mur va séparer des familles comme celles des Surkhi (à Sawahreh) et des Ayyad (à Abu Dis).

Depuis l’intervention de l’armée israélienne, le quartier de l’hôtel voisin (abritant notamment la demeure familiale des Ayyad) est soumis à un contrôle de sécurité rigoureux, assuré par une entreprise spécialisée (apparemment privée), pour ne rien dire des jeeps des garde-frontière patrouillant jour et nuit (même au milieu de la nuit) autour de nos maisons et de nos terres. Nous en sommes littéralement réduits à vivre dans un camp militaire où le mot « sécurité » permet n’importe quoi, dont des ordres donnés pour confisquer des terres et des propriétés toutes les demi-journées.

Nos familles s’emploient actuellement à se battre pour leurs terres et leurs propriétés, alors même que qu’elles luttent pour la reconnaissance de leurs droits en qualité d’êtres humains tout en s’efforçant de ménager un itinéraire direct et sûr pour leurs enfants qui doivent faire leur rentrée scolaire à Abu Dis, lundi prochain. Actuellement, nous nous efforçons de nous frayer un passage qui nous conduira sur notre lieu de travail, nous permettra de nous rendre chez le médecin (notamment pour nos parents âgés), etc…

Nous vivons une situation démente que d’aucuns auraient du mal à imaginer. La semaine dernière, les Israéliens ont donné à leurs soldats de vagues ordres, leur remettant des cartes imprécises pour ériger le mur avant d’entreprendre quelque opération que ce soit. Avant qu’un homme de loi ait pu éventuellement s’opposer à l’exécution de tels ordres (le délai qui nous était accordé n’étant que d’une semaine), les bulldozers sont arrivés et ont commencé leur travail. Depuis jeudi soir, tout évolue si rapidement que nous, humains, avons du mal à savoir exactement ce qu’il en est.

Il semble que le mur encerclant nos villages (qui devrait atteindre huit mètres de hauteur !) doive être achevé dans un délai d’un mois. En conséquence, des milliers de dunums de nos terres nous seront arrachés (et un certain nombre de maisons confisquées). Notre mode de vie sera ébranlé par un véritable séisme qui le bouleversa totalement sous tous ses aspects sur les plans économique, social, et même psychologique !

Quelque 50 000 Palestiniens vont être piégés derrière le mur, privés d’accès à l’hôpital, voire à un centre médical d’urgence ! Tout ce qui arrive dépasse l’entendement et, pendant ce temps, le monde reste coi. Au fond de nous, nous nous sentons terrorisés par les actes de terrorisme que la communauté internationale voudrait nous imputer*.

Au nom de sa sécurité, Israël nous prive d’innocence, de sécurité, et même d’avenir pour nos enfants.

Nul ne sait combien de temps la folie, l’injustice et l’oppression se perpétueront mais, compte tenu de l’absence de réaction de la communauté internationale, IL NE FAIT PAS DE DOUTE qu’elles se poursuivront par-delà notre génération.
***

* Dans un second message, Terry explicite sa pensée : « Quand je dis que nous sommes terrorisés, j’entends par là que les crimes commis à notre endroit sont tous perpétré « au nom de la lutte contre le terrorisme ». Le monde politique nous a tellement et si profondément terrorisés que lorsque nous autres, qui vivons au Proche-Orient, parlons de violations des droits humains, le monde extérieur nous considère comme des terroristes et n’hésite pas à déclarer : « il vaut mieux les terroriser avant qu’ils ne commettent des actes terroristes contre le monde occidental ».

** NdT : chaque jour, notre amie Terry conduit les « anciens » de la famille de son mari à l’hôpital Makassed (Jérusalem) pour tenir compagnie à un vieil oncle maintenu en vie de manière artificielle, après avoir conduit ses propres filles à l’autobus qui les achemine vers leur école située du « bon » côté. L’itinéraire est semé d’embûches, dont des contrôles par l’IDF. J’en témoigne : en octobre 2002, la voiture a été arrêtée sur la route (fort heureusement, les aïeules ont plus d’un tour dans leur sac et sont passées à pied pendant que nous, Terry – Palestinienne de Jérusalem – et moi-même, citoyenne française, justifiions de notre identité …).

(traduit par Annie Coussemant)

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