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HOMMAGE A TOM HURNDALL, PACIFISTE BRITANNIQUE TUE PAR L’ARMEE ISRAELIENNE, par Silvia CATTORI

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16 janvier – Après un coma de plusieurs mois, Tom s’est définitivement éteint le 13 janvier 2004. Il avait à peine 22 ans. De fait, Tom avait déjà cessé de vivre sa vie de jeune homme entreprenant et passionné, en ce 11 avril 2003, où un soldat israélien l’a visé en pleine tête avec la franche intention de le tuer, sans quoi il aurait ajusté le tir sur le bas de son corps.


Son assassinat c’est produit à Jebna, un quartier miséreux du camp de réfugiés de Rafah, dans la bande de Gaza – l’endroit le plus martyrisé de la Palestine – alors qu’il voulait protéger, en compagnie de ses camarades du Mouvement international de solidarité (ISM), les enfants victimes des abus de l’armée israélienne .

Tom, était un être de droiture. Photographe, il voulait, par son témoignage, attirer l’attention du monde sur cet univers apocalyptique où la folie d’Israël a plongé ces damnés. C’est ainsi que nous aimons nous souvenir de Tom. En ce geste, où il s’oublie, où il se met de côté, où il se tourne vers ces victimes de la violence aveugle que le monde veut ignorer.

Quand je suis arrivée dans les bureaux de l’ISM, il y avait là une quinzaine d’internationaux, abattus, repliés sur eux-mêmes. Personne n’osait rompre le silence. Un silence oppressant. Le corps ensanglanté de Tom – que ses camarades d’infortune avaient baptisé depuis son arrivée à Rafah, Thomas, pour éviter de le confondre avec l’autre Tom, britannique comme lui – était dans tous les regards.

Le drame de la veille, les avait traumatisés. Tom gisait sur un lit d’hôpital désormais. Tom respirait encore. Mais tous savaient, dans le secret de leur cœur, que leur camarade ne sortirait plus de son profond sommeil. Et cela était dur à accepter. La guerre, les violences, les situations aigues, où des vies sont en jeu, avait déjà marqué leurs jeunes visages, depuis qu’ils étaient arrivés à Rafah.

Comment contenir cette rage impuissante qui les rongeait ? Il fallait du temps et du recul pour digérer la barbarie à l’état pur, l’incompréhensible.

Chacun se remémorait ces difficiles moments partagés avec Tom, où des soldats totalement fous, venus d’Israël, tiraient sur les enfants et les adolescents palestiniens, sans raison autre que de s’amuser, que de « bouffer » du Palestinien.

Chacun savait qu’il n’y avait pas de place pour la vie, ici à Jebna. Mais chacun avait déjà plus ou moins décidé, en son for intérieur, qu’il ne partirait pas. Qu’il était impossible de laisser ces persécutés seuls. Chacun savait surtout, qu’il était impératif pour Israël – qui voulait s’annexer plus de terres qu’il en avait déjà volées – de « nettoyer » Jebna, coûte que coûte.

Quand il a fallu répondre aux questions des médias, pour se laver de ses responsabilités, le commandement militaire a menti et a dit en substance que Tom était armé, qu’il tirait sur eux, qu’il était engagé dans des échanges de coups de feu.

Il a fallu six mois d’âpre lutte à la famille de Tom, pour obtenir l’ouverture d’une enquête publique afin que la vérité soit dite. Cette famille admirable se bat aujourd’hui également en défense du peuple palestinien, dont elle a découvert, au travers de la fin brutale de Tom, la totale déshumanisation. « Nous ne pouvons rester silencieux et permettre que des gens comme Tom et Rachel, Brian Avery, Ian Hook et James Miller, deviennent de si tragiques victimes. Si nous ne nous dressons pas pour que le gouvernement israélien rendre compte de ses actions, alors il n’y aura pas de fin à ces terribles pertes en Palestine» affirmait avec indignation la sœur de Tom.

Pourquoi, en 2003, décision a-t-elle été prise par l’état Major militaire israélien, d’aller jusqu’à tirer sur les internationaux ?

Il faut se mettre dans l’univers de pensée des militaires israéliens pour trouver des éléments de réponse. Israël mène une guerre de déstabilisation et de destruction massive contre les Palestiniens. Une guerre accompagnée de massacres qu’il s’agit de cacher au monde. Les internationaux qui se trouvent dans ces zones où Israël a programmé de mener ses opérations meurtrières, gênent l’armée ; ils sont considérés comme des ennemis potentiels d’Israël.

Le photographe Tom – comme le cameramen Miller – voulait témoigner des ces étranges opérations, qui conduisent les soldats – entre autre – à tuer chaque jour un certain nombre d’enfants, pour forcer les parents paniqués, dont on a déjà détruit la maison, à décamper. Israël a été le premier surpris par l’endurance des habitants de Jebna qui ont persisté à vouloir rester sur leur lopin, malgré des mois de bombardements continus, d’exécutions arbitraires.

Tom n’a pas été tué par hasard. Il dénonçait la barbarie de ces bataillons de soldats envoyés à Rafah avec des chars d’assaut, des
F 16, pour mener une guerre folle contre des enfants qui résistaient avec des pierres et qui tombaient régulièrement sous les balles et les obus. Tom faisait partie de ces êtres qui comprenaient que, dans la logique des stratèges militaires, un enfant palestinien est une bombe à retardement. Et que le tuer, en tuer quelques dizaines par mois, faisait partie de tout un système. Et cela était pour lui inacceptable.

Tom a été tué parce qu’il gênait les militaires israéliens dans l’exécution de leurs crimes. Ces internationaux qui regardent les Palestiniens comme des êtres humains, sont considérés par Israël, comme des ennemis de guerre, comme des gens abattre.

Israël a voulu les faire fuir par la terreur. C’est le contraire qui s’est produit. C’est pourquoi, ne pouvant les tuer tous, Israël le geôlier qui maintient la Palestine sous clé, a multiplié les restrictions, pour les filtrer, les empêcher d’entrer en Palestine. Ces restrictions destinées à isoler les Palestiniens, sont particulièrement inquiétantes.

Le monde n’a jamais pris conscience de la gravité des mesures criminelles prises par Israël pour martyriser les Palestiniens et provoquer à coup de « petits » massacres, leur départ « volontaire » ou forcé.

Jenine, Balata, Naplouse, Rafah, Tulkarem, sont des villes martyres, où tuer est facile, où les soldats, qui n’ont aucun problème de conscience, se montrent féroces.

Ils exécutent sans états d’âme, avec désinvolture, des ordres qui ont quelque chose à voir avec ce projet de « nettoyage ethnique », de « transfert », commencé en 1948, que Sharon a l’obsession d’achever.

Et nous, qui avons la chance de vivre en toute sécurité, nous n’avons pas le droit de garder ce privilège pour nous.

Silvia Cattori
www.ism-suisse.org

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