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LA PREPARATION DES ELECTIONS PALESTINIENNES SOUS OCCUPATION

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Les élections présidentielles palestiniennes qui doivent se dérouler le 9 janvier prochain sont très compromises dans la situation d’occupation, d’impossibilité de circuler librement pour l’ensemble des citoyens et notamment pour les candidats à l’élection, tous tributaires du bon vouloir du gouvernement et de l’armée israéliens.


Si Mahmoud Abbas (Abou Mazen) bénéficie, apparemment et pour le moment, d’une liberté toute relative de mouvement dans les territoires occupés, et qu’il vient même d’être autorisé à aller au Liban et en Syrie, il n’en va pas de même de plusieurs autres candidats.

Ainsi, après avoir été empêché de se rendre dans un quartier palestinien d’Hébron le candidat Mustafa Barghouti, médecin et militant palestinien pour la démocratie, secrétaire général
d’ Initiative Nationale Palestinienne (ALMUBADARA), a été frappé par des soldats israéliens mercredi soir à un checkpoint entre Jénine et Naplouse.

Un autre candidat, Bassam al-Salhi, a été arrêté et retenu à un check-point au Nord de Jérusalem vendredi. Motif invoqué : il n’avait pas de permis –israélien, bien entendu- pour entrer dans Jérusalem-Est, une ville occupée et annexée, dont les habitants, rendus apatrides par Israël, sont pourtant reconnus comme électeurs palestiniens par le gouvernement israélien lui-même !

Cet incident résume à lui seul le caractère quelque peu surréaliste de la consultation en préparation. De fait, un peuple prisonnier, ce qui est le cas du peuple palestinien, peut-il pour autant s’exprimer un tant soit peu librement ? Oui, il y a quand même un espace dont il faut se servir, aussi étroit soit-il, disent les partis, militants et citoyens engagés dans la compétition. Nous ne pouvons, ici, que respecter leurs options. Mais une chose est certaine : des élections internes, même relativement libres (avec un minimum de liberté d’expression et de circulation, ce qui est loin d’être acquis) ne permettent pas de rendre libres des femmes et des hommes qui ne le sont pas, du fait de l’occupation et de la colonisation.

Pour autant, les gouvernements du monde entier présentent volontiers l’élection comme une « occasion unique », pour les Palestiniens, de montrer qu’ils ont assez mûrs pour jouer le jeu démocratique.

La démarche de l’Union européenne, qui s’apprête à envoyer 260 « observateurs » emmenés par l’ex-Premier ministre et actuel député européen Michel Rocard, va dans ce sens, et apporte une caution inespérée à Ariel Sharon.

Tout en maintenant l’immense prison qu’est la Palestine occupée dans un corset de fer, et en poursuivant comme à l’accoutumée ses violences (10 morts au cours de la semaine, dont une gamine de 8 ans et deux adolescents, maintien des assassinats et tentatives d’assassinats ciblés, destruction de maisons et terres agricoles, déracinement des oliviers par des colons plus impunis que jamais, etc.), le gouvernement israélien fait en effet mine de « faciliter » le déroulement de la campagne électorale palestinienne. Il promet, par exemple, de lever pendant quelques jours une partie des barrages militaires, ou en autorisant les habitants de Jérusalem-Est à voter par correspondance.

En réalité, face à une société palestinienne qui souhaite pouvoir désigner un successeur à Yasser Arafat tout en s’interrogeant sur la vanité de l’exercice, le gouvernement israélien joue sur du velours, car il a toutes les cartes en main.

George Bush dit qu’il va désormais s’occuper « sérieusement » du conflit dans la perspective de la création d’un Etat palestinien (pas souverain, pas viable, mais on n’est pas à ça près) d’ici … 2009 ?

Pas de problème, répond la direction israélienne : « nous ne gênerons pas les élections palestiniennes, en espérant qu’ils éliront un président ‘raisonnable’ », tout en misant sur une aggravation du chaos, des frustrations et du désespoir. Et cela, afin conserver la possibilité d’affirmer, en cas de gros attentat anti-israélien par exemple (et la reprise des assassinats ciblés, alors même que des voix au sein du Hamas ont évoqué ces derniers jours la perspective d’un cessez-le-feu unilatéral de longue durée, ne peut que renforcer le risque de tels attentats), que « décidemment, on ne peut pas faire confiance à ces Arabes ».

Mais tout le monde, de l’Union européenne à la marionnette américano-israélienne qu’est le dictateur-président égyptien Hosni Moubarak, d’applaudir quand même au « processus » (comme si, d’ailleurs, le peuple palestinien n’avait pas déjà fait la preuve qu’il était capable de se servir d’un bulletin de vote, comme il l’avait démontré lors de la première élection présidentielle, en 1996).

Pendant ce temps, la farce du « désengagement unilatéral » de la bande de Gaza se poursuit … sur la scène politique intérieure israélienne : une nouvelle majorité parlementaire pourrait ainsi voir le jour prochainement, incluant le parti de Sharon, le Likoud, les religieux du Shas et d’une autre formation de fanatiques, sans oublier le grand retour au gouvernement du Parti Travailliste de Shimon Peres et autres Ehud Barak.

Pendant ce temps aussi, le dépeçage de la Cisjordanie continue, avec la construction du Mur, destiné à enfermer les Palestiniens dans des bantoustans aux proportions ridicules, afin de contraindre le plus grand nombre à l’exil, et disposer enfin d’une « Judée et Samarie » bien juive et rien que juive.

Mais tous les Israéliens juifs n’acceptent pas le crime, et, malgré l’autisme de leurs compatriotes et la lâcheté des gouvernements du monde entier, continuent de manifester leur solidarité avec leurs frères palestiniens.

Cette semaine encore, 41 manifestants israéliens ont été arrêtés à Budrus (Cisjordanie, un peu au nord de Jérusalem) lors d’une manifestation contre le Mur. Volontairement sans papiers d’identité, ils ont tous déclaré s’appeler « Ahmad Awad ». Ahmad Awad est un enseignant de 43 ans, père de 6 enfants. Il a été arrêté le 21 octobre à Budrus.

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