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REFERENDUM SUR LA CONSTITUTION : UNE MASCARADE, SELON ROGER SALAMON

nous publions ci-dessous le point de vue de Roger Salamon, professeur de santé publique à Bordeaux et membre de CAPJPO-EuroPalestine, sur le référendum du 29 mai.


« On nous demande par référendum notre avis sur la Constitution Européenne. N’est-ce pas la plus belle preuve de démocratie populaire, de confiance mise par nos gouvernants dans notre sagesse d’électeurs et du respect de ces mêmes gouvernants pour le choix de la base ?

Eh bien pas du tout et c’est même le contraire !

Nous demander une telle réponse est une hypocrisie totale ; Comment pourrions-nous, du pâtissier à l’instituteur, du chômeur au jeune étudiant, du vieux retraité au jeune cadre commercial…, porter un jugement véritablement éclairé sur un problème aussi complexe et sur un texte qui, même pour les hommes politiques de métier, est d’une lecture ardue et pas toujours claire.
C’est comme si nous, médecins ou chercheurs, faisions un référendum pour savoir si l’on doit associer des anti-protéases au cocktail thérapeutique anti-Sida ou si il faut ou pas et à quel rythme dépister le cancer du sein chez la femme de plus de 40 ans.
En offrant ainsi une parole à un peuple assez ignorant sur le sujet on le conduit bien naturellement à utiliser sa voix pour dire tout autre chose ; ce d’autant qu’il n’a l’impression de n’avoir d’autre opportunité pour se faire entendre.
Pour certains de plus en plus nombreux le « NON » exprime leur inquiétude socio-économique, leur interrogation sur un avenir incertain, leur désespoir face à une montée d’un libéralisme qui se soucie si peu de l’homme.
Pour d’autres, le  » NON  » traduit un repli souverainiste et frileux et une bonne occasion de s’opposer à la construction de l’Europe.
Pour d’autres encore, le « NON » cache une ambition de politique politicienne franco-française.
Pour d’autres enfin, trop rares et auxquels je suis attaché, le NON s’associe à leur attachement au droit international qui est largement occulté dans le texte proposé.
On retrouve une telle hypocrisie sur une autre question, elle aussi relative à l’Europe, qui concerne la Turquie. Il y aura dit-on un référendum. Nous serions donc capables chacun d’entre nous de bien analyser sur un plan géo-politique les avantages et inconvénients d’amarrer à l’Europe une des plus grandes nations de l’Islam comme un pont pacifiant un occident inquiet, fier, belliqueux et un orient humilié, agressif et prêt à tout.
Quelle mascarade ! Nous savons bien, et les politiques les premiers, que la question perçue, qui n’a rien à voir, sera : voulez-vous voir transformer vos belles cathédrales en hideuses mosquées ? La réponse est connue d’avance ! »
Roger Salamon