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TEMOIGNAGE D’ALA’A JAMMAL MOHAMAD AQEL

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26 ans – Jénine
Emprisonné de juin 1995 à 1999


Ala’a Jammal Mohamad Aqel a été arrêté chez ses parents à Jénine en juin 1995.
Les soldats des Forces de l’Occupation sont venus en pleine nuit. Mon père a ouvert et les soldats lui ont dit : « Vous avez 10 minutes pour faire venir votre fils ».

« J’ai été emmené au quartier général israélien de Jénine pour interrogatoire.
J’ai été installé à l’intérieur de l’enceinte, sous une tente avec 6 autres prisonniers dont des collaborateurs déguisés en prisonniers qui me firent une pression psychologique : « Dis-leur tout, sinon ce sera l’enfer pour toi. »

A 9 h du matin, j’ai été emmené dans la salle de détention pour interrogatoire.
Ils m’ont demandé de me dénuder pour passer des vêtements sombres de prisonnier.
Ils m’ont mis un sac en tissu sur la tête qui puait horriblement et qui était fermé dans le cou par un cordon. J’avais les mains liées dans le dos.

La salle d’interrogatoire était une toute petite pièce et ils m’ont assis sur une petite chaise très dure, sans dossier, d’environ 20 à 30 cm de haut. 6 officiers israéliens se sont relayés pour m’interroger.

Il faisait très chaud dans cette petite pièce et parfois, ils mettaient l’air conditionné très froid, j’étais glacé. Ils le coupaient ensuite pour avoir à nouveau une chaleur étouffante.
Du plafond, provenait une musique très forte et parfois des cris de prisonniers.

Sur cette petite chaise très glissante, les mains et les pieds attachés, il m’était très difficile de rester assis et si je voulais me lever, les soldats me frappaient. Ils me poussaient en permanence et me donnaient des claques sur le visage.
Au bout d’un moment, je commençais à transpirer et à avoir des crampes un peu partout.

Lors de l’interrogatoire, il y avait en permanence 2 officiers dans la pièce avec moi. L’un se tenait en face de moi et tenait le rôle du méchant, celui situé derrière moi avait le rôle du gentil.
Le premier, face à moi, posait son pied entre mes cuisses et me disait : « Tu veux être comme une femme, non, alors réponds à nos questions ».
Celui qui était situé derrière moi et qui avait le rôle du bon soldat renchérissait : « Je vais l’empêcher de te faire du mal, réponds aux questions. »

Lorsque le soldat face à lui avançait son pied vers mon sexe, si je tentais de l’éviter, je tombais vers l’avant, la tête la première sur le sol ou, si je ne pouvais pas éviter le coup de pied sur mon sexe, je tombais en arrière. J’avais beaucoup de crampes et j’étais trempé de sueur. Parfois les 2 soldats me frappaient.

Ce calvaire a duré 7 jours, 24 h sur 24 h, avec les soldats qui se relayaient 2 par 2. A aucun moment, je n’ai été mis en cellule de repos.

Ils me donnaient à manger 3 fois par jour et pour manger, ils me détachaient une seule main et me soulevaient le sac en tissu au-dessus du niveau de la bouche. Je n’étais pas autorisé à me lever.

Pour les toilettes, un officier ouvrait ma braguette et la refermait quand il le décidait, que j’aie terminé ou non.

A la fin des 7 jours d’interrogatoire, ils se sont mis à me secouer. Mais après être resté pendant 7 jours sans dormir, à être frappé et avec ce bruit de musique énorme au-dessus de la tête, j’ai pensé que j’allais mourir. J’étais comme un jouet sans force.
Au bout des 7 jours, l’un des officiers m’a demandé d’avouer et de signer le papier qu’il me tendait. Ils m’ont dit que si je ne signais pas, ce serait l’enfer pour moi.
Ils m’ont emmené dans une cellule avec une porte très épaisse. Lorsque la porte s’est ouverte, la chaleur m’a étouffé, mes oreilles se sont bouchées et j’avais l’impression que ma tête explosait. Je suis tombé évanoui jusqu’au lendemain.

Le lendemain matin, ils reviennent me chercher. Je leur demande la possibilité de me laver mais ils refusent. Ils me mettent les menottes, le sac toujours puant sur la tête et m’emmènent pour un nouvel interrogatoire. Là, ils tentent de me convaincre d’avouer et me disent que je suis responsable de ce qui m’est arrivé ces 7 derniers jours : « Tu dois avouer. » me disent-ils.

Ils menacent d’amener ma mère et ma sœur et de les violer sous mes yeux.

Je suis resté 52 jours en interrogatoire avant d’être emmené en prison, jugé puis libéré en 1999.

Le 27 juin 2002, ils sont revenus m’arrêter chez mes parents et sont entrés comme des barbares. J’avais juste un tee-shirt et un slip sur moi et ils ne m’ont pas laissé prendre des vêtements. Ils m’ont emmené dans la forêt où j’ai été roué de coups par une vingtaine de soldats.

En piteux état, j’ai été emmené à la base militaire de Salem où je suis resté 7 jours dont 3 jours d’interrogatoire.
Les officiers israéliens ont utilisé les mêmes techniques d’interrogatoire qu’en 1995 (mains et pieds attachés, un sac sur la tête, assis sur une petite chaise, roué de coups).

Jours plus tard, j’ai été transféré de Salem au Centre de détention d’Ofer (proche de Ramallah). Là, ils ont émis à mon encontre un ordre de détention administrative pour 6 mois et j’ai été transporté à la prison du Negev.

Là-bas, je suis tombé malade. Dès que je mangeais, je vomissais. Je ne pouvais rien avaler. Le médecin de la prison m’a donné de l’Ackomol (des cachets pour le mal de tête). Mais mon état ne s’est pas amélioré.
Les autres prisonniers ont protesté et ont demandé à ce que je sois retiré de ma cellule. Le médecin est revenu et a déclaré que je n’étais pas malade.

Mon état ne s’améliorant pas, les prisonniers ont fait une grève de la faim pour demander mon transfert.

Enfin, après 2 semaines où je n’avais pu m’alimenter, j’ai été transféré à l’hopital Surroka où le médecin sur place a téléphoné au médecin de la prison pour l’insulter et lui dire qu’il allait maintenant se battre pour me garder en vie.

Je suis resté 8 jours à l’hôpital et j’ai été libéré. Je n’ai pas pu obtenir d’informations sur ma maladie. A ma question, ils m’ont répondu : « on vous le dira lorsque vous reviendrez en prison. »

Depuis, j’ai un problème à l’œil gauche et je ne sens plus rien dans les paumes des mains. Parfois, je ne ressens rien de mon côté gauche.

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