Le secrétaire général de l’Initiative Nationale Palestinienne s’inscrit en faux par rapport à la propagande israélienne, relayée par « la plupart des organes de presse étrangers voire même certains autres médias arabes », concernant le soi-disant processus de paix initié par Israël. Il a par ailleurs fustigé, lors d’une conférence de presse à Ramallah, le climat interne lié notamment à une mauvaise gestion des problèmes sociaux par l’Autorité Palestinienne.
A PROPOS DU « DESENGAGEMENT » DE GAZA
M. Barghouti a notamment rappelé que les colons évacués de Gaza ne représentent que 2 % de l’ensemble des colons, et qu’en outre un grand nombre d’entre eux s’installera entre autres dans les colonies de Maale Adoumim et Ariel. « De plus, le nombre de colons qui se sont installés au cours de l’année en Cisjordanie est de 12 800 personnes, soit 150 % de plus que ceux évacués ». Il a évoqué l’expansion actuelle de la colonisation : des nouvelles unités sont en construction dans le village de Jabal al-Mukber, dans la vieille ville de Jérusalem, entre le bloc de Maale Adoumim et Jérusalem et dans le village de Jayyous (près de Qalqilya), et, de plus, les anciennes colonies connaissent des travaux d’agrandissement en l’absence d’une politique israélienne d’évacuation.
Ceci sans parler des superficies immenses de terres de Cisjordanie qui seront confisquées par le mur de séparation raciste : la partie Ouest du mur confisque 9,5 % de la superficie de la Cisjordanie (soit l’équivalent de 46 % de la superficie de la bande de Gaza), quant à la partie Est du mur, elle confisque 29 % de la Cisjordanie. Pour ce qui est de Jérusalem, la colonie de Maale Adoumim s’étendra sur 65 km2 pour atteindre la mer Morte, ce qui aura pour conséquences de couper la Cisjordanie en deux littéralement, d’isoler définitivement Jérusalem-Est de son entourage et d’emmurer totalement certains villages tels ‘Anata, le camp de réfugiés de Cho’fat et Za’im.
Il a également souligné que l’utilisation du terme « retrait » est erroné puisque celui-ci sous-entend la fin du contrôle par Israël des espaces maritime, terrestre et aérien, des points de passage de et vers la bande de Gaza, et la passation de souveraineté – mesures qui n’ont pas été effectuées, en posant la question « De quel droit Israël veut-il contrôler le mouvement de biens et de personnes dans les territoires palestiniens ? »
VIOLATIONS ISRAELIENNES FLAGRANTES
Mustapha Barghouti s’est par ailleurs livré à un décompte des violations israéliennes et palestiniennes de l’accord de cessez-le-feu, signé à Charm el-Cheikh le 8 février 2005, soit 75 morts, dont 17 enfants, et 717 blessés dans 2 184 incidents différents où l’armée israélienne a ouvert le feu. Durant l’année en cours, 1 916 citoyens ont été arrêtés et 2 306 barrages érigés. Quant à la superficie totale des terrains confisqués, elle est de 34 718 dunums, et le nombre d’opérations de nivellement de terrains et de déracinements d’arbres de 104. Les attaques de colons contre les citoyens palestiniens sont au nombre de 394.
Parallèlement, on dénombre 14 Israéliens tués, dont 2 enfants, et 149 blessés dans trois attaques palestiniennes et 149 tirs d’obus de mortier.
Le nombre des nouveaux détenus est, quant à lui, le double de ceux libérés lors de l’année écoulée (1 916 contre 900). Plus de 7 500 détenus palestiniens sont encore dans les geôles israéliennes, 344 d’entre eux âgés de moins de 18 ans, 78 âgés d moins de 16 ans. 155 femmes font partie de ces prisonniers, dont 19 mères qui ont accouché derrière les barreaux.
SORTIR DE LA CRISE
M. Barghouti a indiqué que pour sortir de la situation actuelle deux actions s’imposaient : d’une part, porter la décision de la Cour pénale internationale de La Haye devant les institutions des Nations Unies pour contraindre Israël à la mettre en ouvre et lui imposer des sanctions tant qu’il ne s’y sera pas conformé – ce à quoi à procédé l’Initiative en recueillant des milliers de signatures à une pétition réclamant que le gouvernement palestinien et le Comité exécutif de l’OLP s’investissent pleinement dans cette voie. D’autre part, appeler à une conférence internationale immédiate qui mettrait sur table tous les dossiers ajournés portant sur le statut final, afin d’empêcher Sharon, qui ne cesse d’agir unilatéralement, de faire passer les mesures entreprises à Gaza comme un grand sacrifice tout en imposant parallèlement des faits accomplis sur le terrain par la poursuite de la colonisation à Jérusalem et en Cisjordanie. Il a déclaréqu’il existerait un accueil favorable au niveau international pour la tenue d’une telle conférence si l’Autorité palestinienne l’exigait.
MUSTAPHA BARGHOUTI DEMANDE A L’AUTORITE PALESTINIENNE DE REVOIR SA POLITIQUE INTERIEURE
M.Barghouti a mis en garde contre un conflit inter-palestinien, voire une explosion sur le plan interne, tel qu’il est souhaité par le gouvernement israélien. Il a appelé chacun à se conformer à la sécurité et à la loi, et au rejet des vengeances individuelles, affirmant que la compétition politique passait par les urnes et non par les armes. À cet effet, il a souligné les préparatifs de l’Initiative pour les prochaines élections de conseils municipaux et locaux, où le parti présentera quatre listes à son nom et des candidats pour 46 postes dans d’autres listes communes.
M. Barghouti a également condamné l’agression par des membres de la sécurité palestinienne d’ouvriers au chômage qui manifestaient à Khan Younes pour réclamer de meilleures opportunités de travail, plus d’équité et l’application de la décision permettant à leurs enfants de poursuivre leurs études sans avoir à acquitter les droits de scolarité. Il a évoqué les souffrances des ces travailleurs, dont certains sont au chômage depuis plus de cinq ans et se trouvent incapables de subvenir convenablement aux besoins alimentaires de leur famille. Alors que près de 70 % de la population palestinienne, surtout dans la bande de Gaza, vit sous le seuil de la pauvreté, M. Barghouti a appelé à juger les responsables de cette agression. Il a ainsi demandé à l’Autorité palestinienne de réviser son budget, affirmant que les salaires de certains employés de l’appareil sécuritaire avaient été augmentés alors que le chômage ne cesse de prendre de l’ampleur. Selon des sources fiables, 30 % des fonctionnaires du gouvernement, dont certains ont même été augmentés dernièrement, perçoivent une rétribution sans même se rendre sur leur lieu de travail. Il a réclamé une politique gouvernementale équilibrée, qui puisse réexaminer les politiques sociales et nombre de décisions prises pour des motifs claniques, individuels ou électoraux. Il a ainsi critiqué le fait que l’Autorité palestinienne ait consacré 26 % de son dernier budget aux forces de sécurité alors qu’elle n’a prévu que 0,8 % pour l’agriculture, 0,1 % pour la culture et absolument rien pour les conseils locaux. Il a
enfin appelé à ce que chacun respecte et assure la sécurité des Palestiniens, notamment les civils, qui souffrent le plus de l’injustice de l’occupation. Il a pour cela exprimé son grand regret pour l’explosion qui a eu lieu à al-Chuja’iyya et qui a tué plusieurs innocents.
Propos rapportés par l’Intiative Nationale Palestinienne (ALMUBADARA) – www.almubadara.org