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2000 : Sharon sur l’esplanade des Mosquées : un coup monté de A à Z

A 7 H 45 du matin le 28 septembre, Ariel Sharon débarque sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem –l’un des endroits les plus sensibles du Moyen-Orient, le troisième des lieux saints pour la communauté islamique depuis le début du VIIIème siècle– en compagnie de centaines de soldats.


Il cherche à gagner la Mosquée Al Marwani où environ 200 Palestiniens, dont des députés à la Knesset et de nombreux responsables politiques palestiniens, assis par terre, barrent l’entrée. Les soldats essayent de se frayer un chemin à coup de matraques mais ne parviennent pas à rompre la chaîne humaine. Alors, des centaines de militaires postés sur les toits alentour, se mettent à tirer avec des balles en caoutchouc sur les manifestants pacifiques, blessant 24 d’entre eux.

Dès le lendemain, le Premier ministre Ehud Barak donne l’ordre de tirer à balles réelles sur les nouvelles manifestations et les cortèges de funérailles, provoquant la mort de 30 Palestiniens et deux Israéliens. Il faut noter qu’aucun attentat palestinien n’avait eu lieu à cette époque (le premier aura lieu le 2 novembre 2000), ce qui n’empêche pas le pouvoir d’invoquer la « légitime défense face à des actes de terrorisme ».

En fait, l’armée israélienne s’est préparée depuis longtemps. En juin, déjà, Barak informait les médias israéliens de « préparatifs militaires pour parer à une action de grande envergure, probablement en septembre » (Haaretz 23 juin 2000). Dès le début septembre une campagne est lancée dans le pays contre les Palestiniens d’Israël, que la droite qualifie de « tumeur maligne », avec des accusations de trahison contre les députés arabes à la Knesset.

Les 1er octobre 2000, au lendemain de l’assassinat du petit Muhammad al-Dura, les Palestiniens d’Israël déclenchent une grève générale en solidarité avec les Palestiniens des territoires occupés. Bilan du plan « Accord Magique » qui autorise la police à tirer à balles réelles : 13 citoyens israéliens palestiniens tués et des centaines de blessés (dont beaucoup aux yeux, par des tirs ciblés) bien que les manifestants n’aient pas fait usage d’armes à feu. Mais la propagande persuade l’opinion publique israélienne d’un « nouveau complot arabe » qui veut « jeter les Juifs à la mer » et des foules se mettent à attaquer des Arabes dans les rues en Israël, et à incendier des restaurants qui emploient des Arabes.

Plus de 7000 Palestiniens seront blessés au cours des 5 premières semaines de la deuxième Intifada.

L’association israélienne Physicians for Human Rights souligne que « dans le monde entier, les forces de l’ordre sont entraînées pour viser à la poitrine en cas de danger, car c’est la partie du corps qui offre la plus grande surface. Le fait que les Palestiniens aient été atteints à la tête et aux jambes suggère que les soldats ont eu tout leur temps pour tirer sur des gens sans armes » (Boston Globe, 4 novembre 2000).

« On n’écrit pas beaucoup de rapports sur les blessés. Ils ‘ne comptent pas ‘ dans les statistiques sèches de la tragédie. Qui prend le temps de se demander combien d’entre eux vont mourir, lentement ou rester handicapés, aveugles ou infirmes pour le reste de leur vie ? » Tanya Reinhart.

« Et dès le début du soulèvement en octobre, souligne-t-elle, Barak déploya tout son arsenal, tanks, hélicoptères de combat, missiles Law et Tow, gaz toxiques, fusils équipés de silencieux pour les snipers, les Palestiniens ne faisant usage d’armes à feu qu’au fur et à mesure de l’escalade répressive, quand Israël faisait avancer ses chars et ses troupes dans les zones peuplées ».

Les Nations Unies condamnent le 26 octobre « l’usage excessif de la force » par Israël, mais la population israélienne s’habitue peu à peu à cette répression, comme aux bouclages et couvre-feux quotidiens qui sont imposés, notamment à proximité des colonies.

Le colonel Ra’anan Gissin, porte-parole de l’armée israélienne, annonçait que « Beit Jala, Beit Sahour et d’autres villages palestiniens seront transformés en autant de Beyrouth ». A noter que les villages bombardés toutes les nuits sont essentiellement de paisibles localités habitées par les classes moyennes, et à forte composante chrétienne. « Il est difficile de ne pas conclure, note Tanya Reinhart, qu’Israël les a choisis pour déclencher leur évacuation, ce qui permettra un jour leur annexion avec un minimum de résidents palestiniens ».)

par CAPJPO-EuroPalestine


ENGLISH TEXT——————

2000

Sharon at the Temple Mount: a provocation planned from A to Z

At 7:45 on the morning of September 28, Ariel Sharon arrived at the Temple Mount in Jerusalem – one of the most sensitive places in the Middle East, the third most holy spot in the Islamic world – accompanied by hundreds of soldiers. He was headed for the Al Marwani Mosque, whose access was being blocked by some 200 Palestinians, including Knesset deputies and political leaders, sitting on the ground. The soldiers tried to clear a way with clubs, but were unable break the human chain. At that point hundreds of soldiers on rooftops began firing rubber bullets into the peaceful demonstrators, wounding 24 of them.

The next morning Prime Minister, Ehud Barak ordered that from then on, real bullets be used at demonstrations and funeral processions, provoking the deaths of 30 Palestinians and two Israelis. It must be noted that at that time, no Palestinian attack had taken place (the first would be on November 2), but that did not stop officials from invoking « legitimate defense in the face of terrorist acts. »

In fact, the Israeli army had been preparing for this for a long time. Already in June, Barak informed Israeli media about « military preparations to prevent a spectacular action, probably in September. » (Haaretz, June 23, 2000) Since the beginning of September a campaign had been launched against Israeli Palestinians, whom the far right had qualified as a « malign tumor, » with accusations of treason against Arab deputies in the Knesset.

On October 1, 2000, the day after the killing of the little Muhammad al-Dura, Israeli Palestinians began a general strike in support of Palestinians in the occupied territories. Results of the « Accord Magique » plan, which authorized the police to use real bullets: 13 Palestinian Israeli citizens killed and hundreds injured (many in the eyes, which were expressly targeted), even though the demonstrators had not used weapons. But the propaganda effort persuaded Israeli public opinion of a « new Arab plot » which wanted to « throw Jews into the ocean, » and crowds attacked Arabs in the streets and burned restaurants which employed Arabs.

More than 7000 Palestinians would be wounded in the course of the first 5 weeks of the Second Intifada.

The Israeli association Physicians for Human Rights underlined that « in the world over, the forces of order are trained to aim at the stomach in case of danger, because it is the part of the body which offers the largest surface. The fact that Palestinians were wounded in the head and feet suggests that soldiers had the time to fire on people who were unarmed. » (Boston Globe, November 4, 2000)

Tanya Reinhardt: « You don’t write much about the wounded. They ‘don’t count much’ in the dry statistics of the tragedy. Who takes the time to ask how many of them will slowly die or will remain handicapped, blind or ill for the rest of their lives? And from the beginning of the of the uprising in October, » she emphasized, « Barak deployed his entire arsenal, tanks, combat helicopters, Law and Tow missiles, toxic gas, guns with silencers for snipers. The Palestinians only used weapons as the repressive measures escalated, when Israel sent tanks and troops into populated areas. »

On October 26 the United Nations condemned « the excessive use of force » by Israel, but the Israeli population gradually became used to the repression, as with blockades and daily curfews, which were imposed, especially in proximity to settlements.

Colonel Ra’anan Gissen, spokesman for the Israeli army announced that « Biet Jal, Beit Sahour and other Palestinian villages would be transformed just like Beirut. » It should be noted that the villages which were bombarded all night long were essentially peaceful localities, inhabited by the middle classes, largely composed of Christians. « It is difficult to not conclude » noted Tanya Reinhardt, « that Israel had chosen them in order to force their evacuation, thus permitting their eventual annexation with a minimum of Palestinian residents. »

By CAPJPO-EuroPalestine