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1988 : « L’armée la plus morale du monde »

Le soulèvement qui commence en décembre 1987, avec la prise de contrôle par la résistance de divers quartiers et camps, l’attaque de postes de police et de bâtiments militaires, va donner lieu à une répression d’une telle férocité, que le monde entier va pour la première fois douter de la « moralité » de l’armée israélienne.


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« La méthode utilisée par Tsahal pour réduire les émeutes et pour disperser les manifestants consiste à réduire au minimum le risque de pertes en vies humaines en n’ouvrant le feu qu’en cas de danger personnel pour le soldat ».

Voici pour les communiqués officiels. Ils sont largement démentis par tous les observateurs. En janvier 1988, une mission médicale effectuée dans la bande de Gaza, par le député israélien, Dedi Ducker, membre du Ratz, liste pour les droits civiques rapporte : « Des balles à vitesse rapide, tirées de loin par des M16 causent des lésions internes très graves ». Il relève 13 cas de paraplégiques, 2 quadriplégiques et 20 cas où la blessure a touché plus de trois organes. Il indique également des cas d’enlèvements par l’armée de blessés graves hospitalisés à des fins d’interrogatoire. Le même rapport souligne que « du gaz a été répandu dans des endroits clos, mettant des vies humaines en danger ». Ainsi à l’hôpital de Shifa à Gaza, de nombreux enfants et personnes âgées sont morts d’apoplexie, d’hémorragie cérébrale, d’infarctus, après l’inhalation de gaz lacrymogènes dans des camps de réfugiés, à l’intérieur de maisons. Il impute également aux gaz lacrymogènes lancés par les soldats israéliens un nombre élevé de fausses couches chez les femmes enceintes. Il signale que dans plusieurs cas, les autorités israéliennes ont interdit de nommer la cause des décès par gaz lacrymogènes, imposant la formule plus vague de « insuffisance respiratoire ».

A propos de « la politique de la matraque », ll écrit au futur prix Nobel de la paix, Yitzhak Rabin, alors ministre de la défense, qui a ordonné « brisez-leur les os ! » : « Les résultats de votre politique sont visibles sur les bras, les jambes, le dos et la tête de centaines d’adolescents et personnes âgées. Nous avons connaissance de plus de 200 cas de fractures provoquées par des bastonnades de l’armée dans la bande de Gaza, et il ne s’agit pas en général de manifestants blessés au cours d’émeutes ».

A titre d’exemples, il cite :

– « M. Alouhidi, 75 ans, sauvagement frappé par des soldats qui lui ont fracturé le bras, alors qu’il était en train de déjeuner dans sa cuisine à Jabâliyâ »

– « Un adolescent de 16 ans attaché à une jeep et traîné à terre qui présente des marques profondes sur son visage. A noter qu’un officier était présent sur les lieux »

– « Dans le camp d’Ansar II à Gaza, un soldat, après avoir battu un enfant de 12 ans, invite 4 autres militaires « à jouer au football avec sa tête »

« Cette même armée glorieuse, écrit Yeshayahu Leibovitz, produit en son sein des soldats qui enterrent vivants des adolescents arabes. Tout comme les autorités judiciaires israéliennes distinguent entre les tortures proprement dites, et des tortures « modérées » ou acceptables », les autorités militaires font la distinction entre un véritable ensevelissement de personnes vivantes et un ensevelissement de personnes vivantes dont le visage n’a pas été recouvert de terre. Devons-nous comprendre que nous aurons à faire la différence entre les vrais nazis et les nazis modérés ? ».

L’opinion publique internationale s’émeut. Le gouvernement américain intervient pour demander aux Israéliens de ne pas tirer à balles réelles sur les manifestants. Rabin refuse.

Le 6 avril, la mort d’une jeune israélienne de 15 ans survenue dans le village palestinien de Beita suscite une indignation largement relayée par les médias occidentaux, ainsi que des affrontements qui provoquent la mort de deux Palestiniens. Trente-six heures plus tard, l’autopsie de la jeune fille révèle qu’elle a été tuée d’une balle dans la tête provenant de l’arme d’un colon, Romam Aldouby, connu par les services de sécurité israéliens pour s’être « rendu coupable à plusieurs reprises de voies de fait sur des Palestiniens ».

Que va faire l’armée ? Elle procède au dynamitage de 13 maisons palestiniennes, instaure le couvre-feu total à Beita, participe à la chasse aux jeunes Palestiniens du village dans les collines avoisinantes et finit par expulser vers le Liban six habitants de la localité !.

Dix jours plus tard, un commando israélien assassine en pleine nuit l’adjoint de Yasser Arafat, Abou Jihad, chez lui, en Tunisie, provoquant une grève générale de plusieurs jours dans les territoires palestiniens, qui se solde par 19 morts et une centaine de blessés dès la première journée.

Parallèlement, dans le Golan syrien et le Sud Liban, la résistance affronte depuis plusieurs années raids aériens, mitraillages, blindés et récoltes brûlées. En 1988, lors de « l’opération ratissage » menée par 2000 soldats israéliens au Sud Liban, la localité de Maidoun dans la Bekka est transformée en champ de ruines après le dynamitage de ses 65 habitations.

Le 25 avril 1988, au pire moment de la répression israélienne de la première Intifada, 7000 sympathisants sionistes fêtent à Paris, au Zénith, le 40ème anniversaire de l’Etat d’Israël et Joseph Sitruk, Grand Rabbin de France recommande au public de « se boucher les oreilles » comme solution à la crise israélienne.

par CAPJPO-EuroPalestine


ENGLISH TEXT—————————

1988

“The most moral army in the world”

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The uprising that started in 1987, with resistance fighters taking control of various quarters and camps and attacking police stations and military buildings, provoked repression of such ferocity that, for the first time, the whole world began to doubt the “morality” of the Israeli army.

“The method used by the IDF to control riots and disperse demonstrators consists in reducing the risk of loss of life to a minimum by only opening fire in the event of personal danger for the soldier.”

So much for the official statements, widely contradicted by all the observers. In January 1988, a medical mission to the Gaza Strip by the Israeli MK Dedi Ducker, a member of Ratz (the civil rights party), reported that: “high-velocity bullets, fired from a distance by M16 rifles, cause very severe internal injuries.” He recorded 13 cases of paraplegics, 2 tetraplegics and 20 cases where the injury had damaged at least three different organs. He also reported cases where the Israeli army removed seriously wounded patients from hospital for interrogation. The same report highlighted the fact that “gas had been released in confined spaces, putting human lives in danger.” In the Shifa hospital in Gaza, a large number of children and old people died of apoplexy, cerebral haemorrhage or infarction, after inhaling tear gas inside houses in the refugee camps. He also blamed tear gas thrown by Israeli soldiers for the high number of miscarriages among pregnant women. He noted that in many cases the Israeli authorities refused to allow tear gas to be named as the cause of death, imposing the vaguer term “respiratory failure”.

On the subject of the “riot baton policy”, he wrote to the future Nobel peace prize-winner, Yitzhak Rabin, who was Defence Minister at the time and had issued the order “break their bones”: “The results of your policy can be seen on the arms, legs, backs and heads of hundreds of adolescents and old people. We know of at least two hundred cases of fractures caused by army beatings in the Gaza Strip, and in general these are not demonstrators hurt during riots.”
He gave the following examples:

– “M. Alouhidi, 75 years old, beaten savagely by soldiers who broke his arm, while he was eating breakfast in his kitchen in Jabaliya.”

– “An adolescent, 16 years old, who was tied to a jeep and dragged over the ground, causing deep injuries to his face. It should be noted that an officer was present at the time.”

– “In the Ansar II prison camp in Gaza, a soldier, having beaten a 12-year-old child, invited 4 other soldiers to ‘play football with his head’.”

“This same glorious army”, wrote Yeshayahu Leibovitz, “produces soldiers who bury adolescent Arabs alive. Just as the Israeli legal authorities distinguish between ‘real’ acts of torture and ‘moderate’ or ‘acceptable’ torture, the military authorities distinguish between ‘real’ burying alive and the burying alive of people whose faces are not covered with earth. Should we conclude that we will have to draw a distinction between real Nazis and moderate Nazis?”

International public opinion was aroused. The American government intervened to ask the Israelis to stop firing live bullets at the demonstrators. Rabin refused.

On 6 April, the death of a 15-year-old Israeli woman in the Palestinian village of Beita provoked indignation, widely reported by the Western media,, and confrontations resulting in the deaths of two Palestinians. Thirty-six hours later, the autopsy of the young woman revealed that she had been killed by a shot to the head. The bullet was fired from a gun belonging to a settler, Romam Aldouby, known to the Israeli security services as having “committed assaults on Palestinians on several occasions.”

How did the army react? By dynamiting13 Palestinian houses, imposing a total curfew in Beita, hunting young Palestinians from the village through the neighbouring hills and expelling six inhabitants of the village to the Lebanon!

Ten days later, in the middle of the night, an Israeli commando unit assassinated Yasser Arafat’s assistant, Abou Jihad, in his home in Tunisia. This provoked a general strike of several days in the Palestinian territories, the first day of which ended in 19 deaths and hundreds of wounded.

Meanwhile, in the Syrian Golan heights and South Lebanon, the resistance fighters had been braving air raids, machine gunning, armoured cars and crop destruction for years. In 1988, during the “flushing out operation” carried out by 2000 Israeli soldiers in South Lebanon, the village of Maidoun in the western Bekaa was transformed into a field of ruins after the dynamiting of its 65 houses.

On 25 April 1988, during the worst period of Israeli repression of the first Intifada, 7000 Zionist sympathisers celebrated the 40th anniversary of the State of Israel at the Zénith concert hall in Paris. On this occasion, Joseph Sitruk, Chief Rabbi of France, advised the gathering to “cover their ears” as a solution to the Israeli crisis.

By CAPJPO6EuroPalestine