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1981 : Dans les prisons secrètes d’Israël… bien avant Guantanamo

Israël se targue d’être un pays démocratique. En matière de prisons, la plus grande opacité est pourtant la règle. Combien de prisons ? A quel endroit ? Quels détenus ?


Autant de questions auxquelles il est impossible d’obtenir de réponses.

Ce n’est que récemment qu’a été découverte l’existence de la prison secrète, appelée « Etablissement 1391 », dont la mise en service semble remonter aux années 1980-82, et à l’occupation du Liban : une forteresse plantée sur une colline dominant un kibboutz, dans le centre d’Israël, cachée par des murs élevés et des sapins, dont on supposait qu’il s’agissait d’une de ces nombreuses bases militaires installées dans les dizaines de postes de police, dits Taggarts, construits par les Britanniques dans les années1930. Il ne figure pas sur les cartes, il a été effacé des photographies aériennes et les médias israéliens se sont vu interdire toute mention de sa situation géographique « pour raison de sécurité ». Il n’a jamais été inspecté par la Croix-Rouge. Personne ne sait combien de personnes y sont incarcérées. Des témoignages d’anciens détenus laissent entendre qu’il est bondé de prisonniers, parmi lesquels de nombreux Libanais capturés pendant les 22 ans d’occupation israélienne du sud du pays du Cèdre, mais aussi des Jordaniens, Syriens, Egyptiens et Iraniens, dont un certain nombre sont « portés disparus ».

« Quiconque entre dans cette prison est littéralement susceptible de disparaître, potentiellement pour toujours. Elle n’a rien à envier aux geôles des dictateurs d’Amérique du Sud », déclarait l’avocate israélienne Lea Tsemel, après les arrestations massives d’avril 2002. A cette date, et en raison du manque de place dans les autres prisons, des Palestiniens ont également été envoyés à l’Etablissement 1391, dont Marwan Barghouti.

De nombreux témoignages font état de viols sur les prisonniers et de différentes tortures, dont celles qui consistent à n’avoir aucun contact et à ne jamais savoir où l’on se trouve.

« Le fait de ne pas savoir où j’étais ni même de voir le visage des gardiens me faisait extrêmement peur, rapporte Bashar Jadallah. Le pire était le sentiment que je pouvais disparaître et que ma famille ne saurait jamais ce qui m’était arrivé. »

Si l’Etat d’Israël a été contraint de reconnaître récemment l’existence de cette prison secrète, tout laisse penser que ce n’est pas la seule, selon des documents découverts il y a peu par des groupes de défense des droits de l’homme. Hamoked soupçonne ainsi Israël d’en posséder plusieurs et de les ouvrir ou les fermer en fonction de ses besoins. Dalia Kerstein, directrice de l’association pense également que l’Etat hébreu sous-traite ses services pour d’autres pays. « Israël possède des décennies d’expérience en matière de torture et d’interrogatoire de prisonniers arabes, exactement le savoir-faire dont les Américains ont besoin dans l’après-coup des invasions de l’Afghanistan et de l’Irak. »

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Hamoked a fait notamment état de l’ « Etablissement Barak », autre prison secrète que les détenus appellent Sarafend, nom anglais d’une base militaire qui s’appelle aujourd’hui Tzrifin, à la périphérie de Tel-Aviv. Un autre bâtiment situé Gedera, au sud de Tel-Aviv, aurait également été utilisé par le passé. Selon un ancien responsable de la Croix- Rouge dont la tâche était de retrouver les prisonniers pendant la première Intifada, Israël a incarcéré secrètement, au début des années 1990, des Palestiniens dans un centre de détention militaire près de Naplouse, connu sous le nom de Farah.

par CAPJPO-EuroPalestine


ENGLISH TEXT—————————

1981

Inside Israel’s secret prisons…. long before Guantanamo

Israel regularly boasts that it is a democratic country. But when it comes to its prisons, total opaqueness is the order of the day. How many prisons are there? Where are they? Who is held in them? So many questions to which it is impossible to obtain answers.

The existence of a secret prison was discovered just recently: called « Establishment 1391 », it has apparently been functioning since 1980-82, when Lebanon was invaded. This fortress, high on a hill overlooking a kibbutz, in the centre of Israel, is hidden by high walls and pine trees. It was for many years thought to be a military base installed on the site of one of the British-built police stations, known as Taggarts, which dated back to the British presence in the 1930s. It appears on no maps, it has been wiped from aerial photographs, and the Israeli media were forbidden to make any reference to its whereabouts, « for security reasons ». It has never been inspected by the Red Cross. Nobody knows how many people are incarcerated there. Former inmates say it is overflowing with prisoners. These include numerous Lebanese captured during the 22-year Israeli occupation of southern Lebanon, together with Jordanians, Syrians, Egyptians and Iranians – some of whom are declared « missing persons ».

« Anyone who enters that prison can literally disappear, possibly forever. It is just like the jails of the dictatorships in South America », declared the Israeli lawyer Lea Tsemel following the mass arrests of April 2002. Due to the lack of space in other prisons, some Palestinians were also sent to Establishment 1391, including Marwan Barghouti.

There are numerous accounts of rape and various types of torture: prisoners are denied any human contact and are kept in the dark as to their whereabouts. « Not knowing where I was, and not being able to even see the faces of the prison guards made me terribly afraid, » says Bashar Jadallah. « The worst thing of all was knowing that I could just disappear, and that my family would never know what had happened to me. »

While the state of Israel was recently forced to confirm the existence of this clandestine prison, documents now discovered by human-rights groups lead to the conclusion that this is not the only one. Hamoked suspects that there are many more and that Israel opens and closes them according to its needs. Dalia Kerstein, head of the association, also believes that the Jewish state is a sub-contractor for other countries. « Israel has decades of experience in the torture and interrogation of Arab prisoners, which is exactly the sort of know-how the Americans need in the aftermath of their invasions of Afghanistan and Iraq. »

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Hamoked has also given further examples, such as the « Barak Establishment », another secret prison which the detainees call Sarafend, the English name of a military base now named Tzrifin, on the outskirts of Tel Aviv. Another location situated in Gedera, in southern Tel-Aviv, was used in the past. According to a former Red Cross official whose role was to find prisoners during the first Intifada, Israel started early in the 1990s to secretly incarcerate Palestinians in a military detention-centre near Nablus, known by the name of Farah.

By CAPJPO-EuroPalestine