Header Boycott Israël

1980 : Jérusalem, la sainte à géométrie variable

Le 30 juillet 1980, la Knesset vote une loi consacrant « Jérusalem capitale éternelle et indivisible de l’Etat d’Israël ».


En août, l’initiative est condamnée par la résolution 478 du Conseil de sécurité des Nations Unies qui y voit une violation du droit international, car la partie orientale de la ville a été conquise par la force, en juin 1967. La résolution onusienne est restée lettre morte, sinon qu’à cause d’elle, Israël n’est pas encore parvenu à imposer, y compris à des alliés sûrs comme les Etats-Unis ou la France, de transférer à Jérusalem leurs ambassades, qui sont donc encore à Tel-Aviv aujourd’hui.

Sur le terrain, le gouvernement israélien a appliqué une stratégie lente, mais constante, de nettoyage ethnique, pour chasser les 200.000 habitants palestiniens de Jérusalem, et en faire une ville exclusivement juive. Les principaux moyens déployés sont, outre l’oppression quotidienne exercée par l’armée et la police, les démolitions de maisons, des provocations répétées à l’encontre du culte musulman, ainsi que, de manière accélérée ces dernières années, l’édification de murs pour couper définitivement Jérusalem de son arrière-pays naturel, tant humain que géographique, en Cisjordanie.

Le maire (« de gauche ») de Jérusalem Teddy Kollek, le confessera, dans une interview au journal Maariv du 10 octobre 1990, au lendemain du massacre de l’Esplanade des Mosquées perpétré par les gardes-frontières israéliens (21 civils Palestiniens abattus, dont plusieurs femmes, 150 blessés) :

« Pour la Jérusalem juive, c’est vrai, j’ai fait quelque chose en 25 ans de mandat. Mais pour Jérusalem-Est ? Il faut arrêter de dire des bêtises ! Qu’ai-je fait ? Y ai-je construit des écoles ? Rien. Des trottoirs ? Pas un seul. Des centres culturels ? Rien ! », dit le maire. Et quand le journaliste bien pensant lui fait remarquer qu’il y a quand même eu des travaux pour les égouts, Kollek répond cyniquement : « C’est vrai. Des cas de choléra avaient été signalés chez les Arabes, et les Juifs ont eu peur d’être contaminés. C’est pour cela qu’on a fait le nouveau système, pas pour les Arabes ».

Parallèlement, le périmètre légal de la municipalité a été agrandi, et 200.000 Juifs se sont installés sur des terres conquises en 1967. Cela vise à créer une situation irréversible, dans laquelle un Etat palestinien, s’il advenait, ne pourrait pas avoir Jérusalem pour capitale, même en partage avec Israël.

Pourtant, le caractère « sacré » de Jérusalem n’a pas toujours été une priorité du mouvement sioniste, longtemps dirigé par des nationalistes laïques. Au point qu’en approuvant le plan de partage de l’ONU de novembre 1947, David Ben Gourion avait officiellement accepté l’idée d’un Etat juif sans Jérusalem. L’ONU prévoyait en effet pour la ville un statut international, ni israélien, ni palestinien.

Aujourd’hui, cette ville de 700.000 habitants (dont 500.000 Juifs) a un maire ultra-orthodoxe, et des fanatiques à papillotes y chassent les homosexuels quand ils ne trouvent pas d’Arabes.

par CAPJPO-EuroPalestine


ENGLISH TEXT——————————

1980

Jerusalem: a flexible idea of holiness?

On 30 July 1980, the Knesset passed a law consecrating Jerusalem as “eternal and indivisible capital of the State of Israel”. In August, the initiative was condemned by resolution 478 of the United Nations Security Council, which saw it as a violation of international law, because the eastern part of the city had been conquered by force in June 1967. But the UN resolution has remained a dead letter, except in preventing Israel from persuading other countries – even staunch allies like the United States and France – to transfer their embassies to Jerusalem. That is why these embassies are still in Tel-Aviv today.

On the ground, the Israeli government has pursued a slow but relentless strategy of ethnic cleansing, with the aim of forcing the 200,000 Palestinian inhabitants out of Jerusalem and creating an exclusively Jewish city. On top of daily oppression by the army and police, the main tools used are the demolition of houses, persistent provocation directed at the Islamic faith, and the building of walls, accelerated over recent years, to cut off Jerusalem definitively from its natural human and geographical hinterland of the West Bank.

The (“left-wing”) mayor of Jerusalem, Teddy Kollek, admitted this, in an interview published in the newspaper Ma’ariv on 10 October 1990, two days after the Al-Aqsa Mosque massacre committed by Israeli border guards (21 Palestinian civilians shot dead, including several women, 150 injured).

“I did something for Jewish Jerusalem during the past 25 years, but in East Jerusalem nothing! What did I do? Schools? Nothing. Pavements? Nothing. Cultural centres? None. Yes, we did build a sewage system for them and we improved water supply. Do you know why? When several cholera cases were declared on the Arab side, the Jews panicked at the prospect of the disease reaching them, so we set up the sewage and water networks to contain the cholera.”

In parallel, the city limits of Jerusalem were extended, and 200,000 Jews settled on land conquered in 1967. The idea was to create an irreversible situation, so that if a Palestinian State were set up, it couldn’t have Jerusalem as its capital, even if the city was shared with Israel.

And yet the “holy” character of Jerusalem wasn’t always a priority for the Zionist movement, which was led for a long time by non-religious nationalists. To the point where David Ben-Gurion officially accepted the idea of a Jewish State without Jerusalem when he approved the UN partition plan of November 1947. The UN proposed an international status for the city, which was to be neither Israeli nor Palestinian.

Today, this city of 700,000 inhabitants (of which 500,000 are Jewish) has an ultra-orthodox mayor, and fanatics in sidelocks hound homosexuals when they can’t find Arabs to chase.

By CAPJPO-EuroPalestine