Un scandale retentissant éclate en juillet 1954, quand le gouvernement égyptien annonce le démantèlement d’un réseau au sein de la jeunesse juive locale. Ses membres ont avoué avoir été recrutés par Israël, dans le but de commettre des attentats contre des cibles britanniques et américaines, afin d’augmenter les tensions entre ces deux puissances et le nouveau régime du colonel Nasser.
« Lorsque l’antisémitisme est absent, créez-le ! Et s’il sommeille, réveillez-le ». Le mouvement sioniste a toujours fait sienne une telle maxime, à la condition de ne pas laisser de traces de ses agissements.
Un scandale retentissant éclate en juillet 1954, quand le gouvernement égyptien annonce le démantèlement d’un réseau au sein de la jeunesse juive locale. Ses membres ont avoué avoir été recrutés par Israël, dans le but de commettre des attentats contre des cibles britanniques et américaines, afin d’augmenter les tensions entre ces deux puissances et le nouveau régime du colonel Nasser.
L’affaire est parfaitement exacte, et le gouvernement israélien se retrouve dans l’incapacité de la démentir. Aussi David Ben Gourion choisit-il de parler de bavure, imputable à un politicien irresponsable, le ministre Pinhas Lavon, dont la carrière s’arrêtera là. A ceci près que l’affaire Lavon n’est pas une bavure, mais l’illustration d’une politique constante.
Recruter des espions ou des agents provocateurs, au sein des minorités juives, au risque de faire apparaître ces dernières comme les éléments d’une cinquième colonne dans leurs pays d’origine a souvent été un choix délibéré de la part des dirigeants sionistes, en Irak, en Egypte avec l’affaire Lavon, et bientôt en Algérie, où l’ordre sera donné aux sections sionistes locales de prendre le parti du colonisateur français, contre la lutte d’indépendance du peuple algérien, à laquelle les Algériens juifs auraient pourtant pu majoritairement se joindre.
L’affaire Lavon illustre aussi l’offre de services, très précoce, des dirigeants sionistes aux grandes puissances impérialistes, pour les convaincre qu’Israël, et lui seul de préférence, était capable de défendre leurs intérêts stratégiques, dans la région voire au-delà. Dès 1952, le Premier ministre Ben Gourion n’a pas hésité à proposer publiquement l’envoi de troupes israéliennes, pour aller combattre les communistes, aux côtés des Etats-Unis … en Corée du Nord ! Dans les années 1960, le chef militaire Moshe Dayan fera une tournée de soutien remarquée à l’armée américaine au Vietnam.
Pour l’anecdote, enfin : la recherche historiographique récente a montré que l’affaire Lavon avait aussi été un formidable ratage technique de la part du légendaire Mossad. Il s’est avéré que l’agent des géniaux services secrets israéliens chargé par Lavon de recruter les saboteurs avait, malheureusement pour lui, été démasqué, très en amont de l’action, par la police égyptienne. Cette dernière put alors organiser un attentat-bidon, sans victimes, avant de démanteler le réseau.
* Chronique : « Israël : 60 ans de mystifications – 22 000 jours de résistance palestinienne »
par CAPJPO-EuroPalestine
ENGLISH TEXT————————————–
1954
Spying and offers of service to the imperial powers
« When there’s an absence of anti-semitism, create it! And if it should sleep, wake it up. » The zionist movement has always adhered to this maxim, but been careful not to leave any outward trace of its scheming.
A sensational scandal broke out in July 1954, when the Egyptian government announced the dismantlement of a local Jewish youth network whose members admitted to being recruited by Israel with the aim of carrying out terrorist attacks against British and American targets in order to increase the tension between the two powers and the new regime of Colonel Nasser. The account was proven to be accurate, and the Israeli government was incapable of denying it. David Ben Gurion chose to call it a mistake, laying the blame on an irresponsible minister, Pinhas Lavon, whose career quickly ended. Far from being a mistake, the Lavon affair was an illustration of a regular policy.
Recruiting spies or agitators within Jewish minorities, at the risk of showing them to be elements of a fifth column in their own countries, had often been the deliberate choice of zionist leaders, in Iraq, in Egypt as shown by the Lavon affair, and was soon to be repeated in Algeria, where the order went out to local zionist factions to take the side of the French colonizers against the people’s struggle for independence – a struggle which the majority of Algerian Jews could, however, have supported since Algeria was their country also.
The Lavon affair is also an example of the early offers of service by zionist leaders to the big imperial powers, to convince them that Israel, and preferably only Israel, was capable of defending their strategic interests in the region, and beyond. As of 1952, prime minister Ben Gurion did not hesitate to publicly propose the dispatch of Israeli troops to go, alongside the USA, to fight the communists in …. North Korea ! In the Sixties, the military leader Moshe Dayan was to carry out a not unnoticed visit to Vietnam to show support to the American army.
As a final anecdote: recent historiographic research has shown that the Lavon affair had also been a spectacular bungle on the part of the legendary Mossad. It transpired that the agent of the great Israeli secret services, instructed by Lavon to recruit the saboteurs, had, unfortunately for him, been caught in the act by the Egyptian police, and therefore unmasked. The police had thus been able to organise a sham terrorist attack, without victims, before dismantling the network.
* « Israel : 60 years of smokescreens – 22 000 days of Palestinian resistance »
by CAPJPO-EuroPalestine