Le boycott d’Israël est la seule action qui peut faire plier Israël immédiatement. Le peuple grec montre la voie en bloquant des munitions américaines à destination d’Israël. Et Le Guardian publie un excellent article de Naomi Klein sous le titre : « ça suffit. Le temps du boycott est venu ».
Grèce : solidarité avec la Palestine
l
Lundi 12 janvier 2009
Hier (10,01) Solidarité Grèce-Palestine
Les medias ont révélé que 3000 tonnes de munitions se trouvaient dans le port privé grec d’Astakos, prêtes à être envoyées en urgence en Israël. Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a demandé au peuple grec de mettre fin au transfert d’armes américaines vers Israël par le port grec de Astakos ».
Un jour plus tard, des groupes et des individus ont déjà répondu et par l’organisation d’une mobilisation nationale et du blocus du port de Astakos : les mouvement anti-autoritaires, anti-guerre et internationalistes se sont rassemblés et ont publié des déclarations appelant à un rassemblement dans le port d’Astakos le jeudi, 15.1, à 1pm.
Source :
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?breve56
* * *
« Ça suffit. Le temps du boycott est venu
La meilleure façon de faire cesser cette occupation sanglante est de cibler Israël avec le même type de mouvement qui a mis fin à l’apartheid en Afrique du Sud
Naomi Klein
The Guardian, 10 janvier 2009
Il est temps. Cela a trop duré. La meilleure stratégie pour faire cesser cette occupation de plus en plus sanglante est qu’Israël devienne la cible de ce type de mouvement mondial qui a fait mis fin à l’apartheid en Afrique du Sud. En juillet 2005, une énorme coalition de groupes palestiniens a dressé les plans pour faire exactement cela. Ils ont appelé les « gens de conscience, partout dans le monde, à imposer des boycotts étendus et à mettre en place des initiatives de désinvestissement contre Israël, similaires à ceux appliqués contre l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid ». La campagne [BDS] – Boycott, Désinvestissement et Sanctions – était née.
Chaque jour où Israël pilonne Gaza fait venir plus de convertis vers la cause du BDS – même parmi les Juifs israéliens. En plein milieu de cette attaque, environ 500 Israéliens, parmi eux des douzaines d’artistes et d’universitaires célèbres, ont envoyé une lettre aux ambassadeurs étrangers en Israël. Celle-ci demande « l’adoption de mesures restrictives et de sanctions immédiates » et tire un parallèle clair avec la lutte anti-apartheid. « Le boycott de l’Afrique du Sud a été efficace, mais on prend des gants avec Israël… Ce soutien international doit cesser. »
Pourtant, même face à ces appels clairs, non nombre d’entre nous ne peuvent toujours pas y répondre. Les raisons sont complexes, émotionnelles et compréhensibles. Mais elles ne sont tout simplement pas assez bonnes. Les sanctions économiques représentent l’arme la plus efficace de l’arsenal de la non-violence : y renoncer frise la complicité active.
Voici les quatre principales objections à la stratégie BDS, suivies des contre-arguments :
Plutôt que de les persuader, des mesures punitives aliéneront les Israéliens
Le monde a essayé ce que l’on a appelé « l’engagement constructif ». Il a complètement échoué. Depuis 2006, Israël a constamment intensifié ses actions criminelles : expansion des colonies, lancement d’une guerre scandaleuse contre le Liban et imposition d’une punition collective contre Gaza au moyen de ce blocus brutal. En dépit de cette escalade, Israël n’a pas fait l’objet de mesures punitives – c’est plutôt le contraire qui s’est produit. Les armes et les 3 milliards de dollars annuels d’aide que les États-unis envoient à Israël ne sont que le début. Pendant toute cette période-clé, Israël a bénéficié d’une amélioration considérable de ses relations diplomatiques, culturelles et commerciales avec toute une variété d’autres alliés. Par exemple, en 2007, Israël est devenu le premier pays non latino-américain à signer un accord de libre échange avec le bloc du Mercosur. Au cours des neuf premiers mois de 2008, les exportations israéliennes vers le Canada ont augmenté de 45%. Un nouvel accord avec l’UE doit permettre de doubler les exportations israéliennes d’aliments en conserve. Et en décembre, les ministres européens « ont revalorisé » l’accord de partenariat entre l’UE et Israël, une récompense attendue depuis longtemps par Jérusalem.
C’est dans ce contexte que les dirigeants israéliens ont commencé leur dernière guerre : confiants qu’ils ne seraient confrontés à aucun coût significatif. Il est remarquable que pendant plus de sept journées boursières en temps de guerre, l’index de la Bourse de Tel Aviv soit monté effectivement de 10,7%. Lorsque la carotte ne marche pas, le bâton est nécessaire.
Israël n’est pas l’Afrique du Sud
Évidemment ! La pertinence du modèle sud-africain réside dans le fait qu’il prouve que la tactique du BDS peut être efficace lorsque des mesures plus faibles (manifestations, pétitions, lobbying en coulisse) ont échoué. Et il y a des relents profondément affligeants d’apartheid dans les territoires occupés : cartes d’identité munies d’un code de couleur et permis de déplacement, maisons rasées au bulldozer et déplacements forcés, routes réservées aux colons. Ronnie Kasrils, un homme politique sud-africain de premier plan, a dit que l’architecture de la ségrégation qu’il a vue en Cisjordanie et à Gaza était « infiniment pire que l’apartheid ». C’était en 2007, avant qu’Israël ne commence sa guerre totale contre la prison à ciel ouvert qu’est Gaza.
Pourquoi prendre Israël pour cible lorsque les États-unis, la Grande-Bretagne et d’autres pays occidentaux font la même chose en Irak et en Afghanistan ? Le boycott n’est pas un dogme, c’est une tactique. La raison pour laquelle cette stratégie devrait être essayée est pratique : dans un pays aussi petit et qui dépend autant du commerce, il pourrait vraiment marcher.
Les boycotts rompent la communication ; nous avons besoin de plus de dialogue, pas de moins de dialogue
Je répondrai à cette objection par une histoire personnelle. Pendant huit ans, mes livres ont été publiés en Israël par une société d’édition qui s’appelle Babel. Mais lorsque j’ai publié « La stratégie du choc : La montée d’un capitalisme du désastre », je voulais respecter le boycott. Sur les conseils de militants du BDS, dont le merveilleux écrivain John Berger, j’ai contacté un petit éditeur, Andalus. Celui-ci est une maison d’édition militante, très impliquée dans le mouvement contre l’occupation et c’est le seul éditeur israélien qui se consacre exclusivement à traduire en hébreu les écrits de langue arabe. Nous avons rédigé un contrat garantissant que toutes les recettes iraient au travail d’Andalus et que je ne toucherai rien. Je boycotte l’économie israélienne, pas les Israéliens.
Notre modeste plan d’édition nécessitait des douzaines d’appels téléphoniques, de courriels et de messages instantanés, s’étendant de Tel Aviv, Ramallah, Paris, Toronto et la ville de Gaza. Ma remarque est la suivante : dès que vous commencez une stratégie de boycott, le dialogue s’accroît de façon considérable. L’argument selon lequel les boycotts nous couperont les uns des autres est particulièrement trompeur étant donné la gamme de technologies de l’information à notre disposition. Nous croulons sous les moyens de nous invectiver par-dessus les frontières nationales. Aucun boycott ne peut nous arrêter.
Beaucoup de ces joujoux de très haute technologie proviennent des parcs de recherche israéliens, N°1 mondial en info-technique
En ce moment même, beaucoup de sionistes orgueilleux se préparent à marquer un point essentiel : ne suis-je pas au courant que beaucoup de ces joujoux de très haute technologie proviennent des parcs de recherche israéliens, numéro un mondial en info-technique ? C’est assez vrai, mais ils ne sont pas les seuls. Plusieurs jours après le début de l’attaque de Gaza par Israël, Richard Ramsey, le gérant d’une entreprise britannique de télécom spécialisée en services vocaux sur internet a envoyé un courriel à la firme technologique israélienne MobileMax : « En conséquence de l’action du gouvernement israélien ces derniers jours, nous ne serons plus en position d’envisager de faire des affaires avec vous ou toute autre société israélienne. »
Ramsey dit que sa décision n’était pas politique ; il ne voulait tout simplement pas perdre des clients. « Nous ne pouvons nous permettre de perdre le moindre client », explique-t-il, « c’était donc purement défensif sur le plan commercial. »
Ce fut cette sorte de calcul froid qui conduisit de nombreuses entreprises à se retirer d’Afrique du Sud, il y a vingt ans. Et c’est précisément ce type de calcul qui représente notre espoir le plus réaliste d’apporter la justice, si longtemps refusée, en Palestine.
Naomi Klein
English text :
Enough. It’s time for a boycott
The best way to end the bloody occupation is to target Israel with the kind of movement that ended apartheid in South Africa
Naomi Klein
Saturday 10 January 2009
It’s time. Long past time. The best strategy to end the increasingly bloody occupation is for Israel to become the target of the kind of global movement that put an end to apartheid in South Africa . In July 2005 a huge coalition of Palestinian groups laid out plans to do just that. They called on « people of conscience all over the world to impose broad boycotts and implement divestment initiatives against Israel similar to those applied to South Africa in the apartheid era ». The campaign Boycott, Divestment and Sanctions was born.
Every day that Israel pounds Gaza brings more converts to the BDS cause – even among Israeli Jews. In the midst of the assault roughly 500 Israelis, dozens of them well-known artists and scholars, sent a letter to foreign ambassadors in Israel . It calls for « the adoption of immediate restrictive measures and sanctions » and draws a clear parallel with the anti-apartheid struggle. « The boycott on South Africa was effective, but Israel is handled with kid gloves … This international backing must stop. »
Yet even in the face of these clear calls, many of us still can’t go there. The reasons are complex, emotional and understandable. But they simply aren’t good enough. Economic sanctions are the most effective tool in the non-violent arsenal: surrendering them verges on active complicity.
Here are the top four objections to the BDS strategy, followed by counter-arguments:
Punitive measures will alienate rather than persuade Israelis.
The world has tried what used to be called « constructive engagement ». It has failed utterly. Since 2006 Israel has been steadily escalating its criminality: expanding settlements, launching an outrageous war against Lebanon , and imposing collective punishment on Gaza through the brutal blockade. Despite this escalation, Israel has not faced punitive measures – quite the opposite. The weapons and $3bn in annual aid the US sends Israel are only the beginning. Throughout this key period, Israel has enjoyed a dramatic improvement in its diplomatic, cultural and trade relations with a variety of other allies. For instance, in 2007 Israel became the first country outside Latin America to sign a free-trade deal with the Mercosur bloc. In the first nine months of 2008, Israeli exports to Canada went up 45%. A new deal with the EU is set to double Israel ‘s exports of processed food. And in December European ministers « upgraded » the EU-Israel association agreement, a reward long sought by Jerusalem .
It is in this context that Israeli leaders started their latest war: confident they would face no meaningful costs. It is remarkable that over seven days of wartime trading, the Tel Aviv Stock Exchange’s flagship index actually went up 10.7%. When carrots don’t work, sticks are needed.
Israel is not South Africa .
Of course it isn’t. The relevance of the South African model is that it proves BDS tactics can be effective when weaker measures (protests, petitions, backroom lobbying) fail. And there are deeply distressing echoes of apartheid in the occupied territories: the colour-coded IDs and travel permits, the bulldozed homes and forced displacement, the settler-only roads. Ronnie Kasrils, a prominent South African politician, said the architecture of segregation he saw in the West Bank and Gaza was « infinitely worse than apartheid ». That was in 2007, before Israel began its full-scale war against the open-air prison that is Gaza .
Why single out Israel when the US , Britain and other western countries do the same things in Iraq and Afghanistan ?
Boycott is not a dogma; it is a tactic. The reason the strategy should be tried is practical: in a country so small and trade-dependent, it could actually work.
Boycotts sever communication; we need more dialogue, not less.
This one I’ll answer with a personal story. For eight years, my books have been published in Israel by a commercial house called Babel . But when I published The Shock Doctrine, I wanted to respect the boycott. On the advice of BDS activists, including the wonderful writer John Berger, I contacted a small publisher called Andalus. Andalus is an activist press, deeply involved in the anti-occupation movement and the only Israeli publisher devoted exclusively to translating Arabic writing into Hebrew. We drafted a contract that guarantees that all proceeds go to Andalus’s work, and none to me. I am boycotting the Israeli economy but not Israelis.
Our modest publishing plan required dozens of phone calls, emails and instant messages, stretching between Tel Aviv, Ramallah, Paris , Toronto and Gaza City . My point is this: as soon as you start a boycott strategy, dialogue grows dramatically. The argument that boycotts will cut us off from one another is particularly specious given the array of cheap information technologies at our fingertips. We are drowning in ways to rant at each other across national boundaries. No boycott can stop us.
Many very hi-tech « toys » come from Israeli research parks, world leaders in infotech?
Just about now, many a proud Zionist is gearing up for major point-scoring: don’t I know that many of these very hi-tech toys come from Israeli research parks, world leaders in infotech? True enough, but not all of them. Several days into Israel ‘s Gaza assault, Richard Ramsey, managing director of a British telecom specialising in voice-over-internet services, sent an email to the Israeli tech firm MobileMax: « As a result of the Israeli government action in the last few days we will no longer be in a position to consider doing business with yourself or any other Israeli company. »
Ramsey says his decision wasn’t political; he just didn’t want to lose customers. « We can’t afford to lose any of our clients, » he explains, « so it was purely commercially defensive. »
It was this kind of cold business calculation that led many companies to pull out of South Africa two decades ago. And it’s precisely the kind of calculation that is our most realistic hope of bringing justice, so long denied, to Palestine . »
Naomi Klein in the Guardian (10/1/09)
CAPJPO-EuroPalestine