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Vive la lutte des travailleurs des DOM !

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Le vaste mouvement de grève, lancé il y a trois semaines en Guadeloupe, s’est depuis étendu à la Martinique et devrait prochainement toucher aussi bien la Guyane que la Réunion, où des appels à rejoindre la lutte pour une amélioration des conditions de vie ont aussi été lancés.


La classe laborieuse des DOM montre l’exemple : face à la rapacité toujours plus grande des propriétaires des grands moyens de production et d’échange, les travailleurs de la Guadeloupe, puis de la Martinique, sont partis en grève générale illimitée.

La liste des revendications est longue, pas moins de 131 au total ont été avancées par le Collectif de syndicats et organisations qui dirigent la grève en Guadeloupe. Quelques unes sont emblématiques du système économique injuste qui règne dans les DOM, mais plus généralement aussi en métropole, et en fait dans le monde entier.

La vie chère ? A l’heure où Total affiche avec impudence un bénéfice record de 14 milliards d’euros, les DOMiens sont de ceux qui paient le plus cher leur plein d’essence. Et cela vaut pour la quasi-totalité des biens et services, comme ces abonnements internet qui frôlent les 80 € par mois, sans la téléphonie illimitée, trois fois plus qu’en métropole en moyenne !

Les compensations salariales exigées, soit 200 € nets de plus par mois pour les bas salaires en Guadeloupe, 300 € en Martinique, sont parfaitement légitimes, tout comme ils seraient légitimes pour l’ensemble des bas salaires en métropole aussi.

La détermination dont font preuve les grévistes aux Antilles inspire une peur salutaire au gouvernement. Pour éteindre le feu, celui-ci a menti aux travailleurs guadeloupéens, en indiquant dans un premier temps qu’il avalisait un pré-accord patronat-syndicats sur les salaires, avant de se rétracter, de peur, probablement, que les millions de travailleurs concernés en métropole ne disent : « nous aussi ! »

La réalité économique et sociale des DOM présente quelques différences avec celle de la métropole. On le doit au passé de ces territoires martyrs où, pendant plus de trois siècles, des femmes et de hommes déportés d’Afrique furent réduits en esclavage pour suer sang et eau dans les champs de canne à sucre, au profit de la bourgeoisie française. L’esclavagisme lui-même fut d’ailleurs aboli dans ces ex-colonies il n’y a pas tant de temps que cela, au milieu du XIXème siècle précisément, les propriétaires d’esclaves étant au demeurant indemnisés par ce même Etat français qui refuse aujourd’hui d’accéder aux revendications des travailleurs, et les menace par l’envoi de renforts policiers.

Pour autant, les grévistes de la Guadeloupe, qui sont les mieux placés pour connaître l’histoire coloniale de leur pays, donnent une autre leçon à la métropole, en refusant de céder à la «racialisation » du conflit, un piège pourri avancé ici et là en métropole.

A lire, à ce propos, les réponses cinglantes apportées par Elie Domota, porte-parole du Collectif LKP de la Guadeloupe, aux questions agressives d’un journaliste du Figaro-Magazine.

Le Figaro Magazine : Vous persistez à réclamer 200€ pour les bas salaires alors que Yves Jégo affirme ne vous avoir rien promis sur ce point. Il vous met d’ailleurs au défi de produire un document écrit prouvant le contraire. Comment comptez-vous en sortir ?

Elie Domota : En lui répondant que des documents écrits prouvant qu’il s’est engagé et qu’il a engagé la parole de l’Etat, je n’en ai pas un mais deux (il les sort d’un tiroir, nous les montre et nous en laisse une copie). D’abord un « Message du secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-Mer » , que le préfet a lu en direct à la télévision, et un pré-accord, tapé à la machine dimanche soir par Monsieur Vincent Lemaire, directeur départemental de la direction du Travail, validé par les patrons, l’Etat et les syndicats, pour lequel Yves Jégo est sorti téléphoner à Fillon avant de nous dire « OK, Matignon est d’accord ». Nous étions tous là. Nous en sommes tous témoins. Conclusion : Jégo se fout de notre gueule. Il n’y a que deux solutions : soit le gouvernement le couvre, soit il est viré. Parce que, si l’Etat commence à mentir, on n’est pas sorti de l’auberge. On va droit au pourrissement.

Vous pensez vraiment que l’Etat a les moyens de verser 200€ à 40.000 foyers guadeloupéens et d’exonérer de charges sociales tous les salaires jusqu’à 1,4 fois le Smic ?

La question ne se pose pas quand il s’agit de faire des cadeaux aux nantis ou aux patrons via les lois Perben, Pons ou Girardin ! Mais dès qu’il s’agit des bas salaires, là, c’est bizarre, il ne peut pas. L’Etat n’a mis que deux heures pour trouver 360 milliards pour les banques, mais il ne peut rien faire pour les travailleurs en 24 jours ?

On ne peut pas dire « rien ». Vous avez beaucoup obtenu.

Nous n’avons RIEN obtenu ! Si vous faites allusion au RSA, c’est quand même heureux qu’on l’ait ; et sans attendre 2011, en passant les derniers, comme c’était prévu ! Si on n’est pas comme tous les Français, c’est qu’il y a un problème. Pareil pour la hausse de l’allocation logement ; on est Français ou on n’est pas Français ? Toutes les mesures annoncées ne font qu’atténuer les discriminations dont nous sommes victimes. Quant à la baisse de 6 centimes sur l’essence : Total nous escroque depuis des années et nous devrions dire merci pour 6 centimes ?

Vous aviez déposé 131 revendications. Il y en a quand même bien quelques-unes qui ont été satisfaites ?

Zéro. Les medias qui écrivent le contraire à propos de ces 131 points mentent : nous n’avons eu droit qu’à du dédain. Yves Jégo a mis trois semaines à se rendre compte qu’il se passait quelque chose de grave en Guadeloupe, et Nicolas Sarkozy – qui ne s’est réveillé que ce matin- en a mis quatre. Est-ce qu’il aurait été imaginable de réagir comme ça si la situation s’était produite en Indre-et-Loire ?

Vous dîtes toujours « la France » comme si vous n’en faisiez pas partie. C’est votre but, de ne plus en faire partie ?

Je n’ai pas à exprimer mes opinions. Je m’exprime au nom du LKP.

D’accord, parlons du LKP ; et des visées indépendantistes que de très nombreux élus et citoyens Guadeloupéens lui prêtent.

Le LKP est pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et moi aussi. Mais quand je dis ça, il y en a plein encore récemment les envoyés du Modem- qui me demandent ce que nous voulons en faire de ce droit. Je trouve ça particulièrement déplacé ! Est-ce que je vous demande, moi, ce que vous en faites, vous, du droit de votre peuple à disposer de lui-même ? Ce droit, vous l’exercez sans y penser, en acceptant la présence de minorités sur votre sol, et en leur demandant de respecter vos prérogatives naturelles de peuple majoritaire. Alors que nous, les noirs, majoritaires sur cette île, nous y vivons exactement comme au temps de l’esclavage avec la même organisation sociale, la même domination culturelle et économique. La culture majoritaire, ce n’est même pas la notre, c’est celle des blancs. Ce que je crois, c’est que rien n’est fait pour le développement économique de la Guadeloupe. Tout est fait pour en faire une terre de consommation des surplus de l’Union européenne. Tout est fait pour que les Guadeloupéens soient des zombies en Guadeloupe. Mais cette grève leur a ouvert les yeux. Ils savent maintenant, ils ont compris. Et si on ne remédie pas à cette situation très vite, en commençant par rétablir l’équilibre sociologique, professionnel et économique qui correspond à la répartition démographique des différentes composantes de la société guadeloupéenne car attention : personne ne dit que les blancs ne sont pas Guadeloupéens, nous sommes tous Guadeloupéens !- ce sera le chaos.

CAPJPO-EuroPalestine

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