Lettre ouverte à tous les candidats qui ne sont pas allés au dîner du CRIF et aux partis qui rejettent toute forme de racisme.
Chers amis,
L’association EuroPalestine a été amenée à présenter une liste aux élections européennes, dans la région parisienne, en juin 2004, après avoir constaté qu’aucun parti, aucune organisation, présentant des candidats ne souhaitait aborder, dans sa profession de foi, le problème des territoires palestiniens occupés. De fait, malgré nos demandes, pas un seul parti de la gauche ou de l’extrême-gauche, pas plus que les Verts, n’ont voulu, à l’époque, écrire ne serait-ce qu’une fois le mot PALESTINE dans le document qu’ils ont fait parvenir à des millions de foyers. Bien d’autres sujets, y compris de politique internationale, étaient pourtant abordés dans leurs « professions de foi » respectives. Mais la situation de non droit qui perdure au Proche-Orient, et qui concerne l’Europe au plus haut point, y était absente.
Devant ce refus général, EuroPalestine avait donc décidé de présenter des candidats pour souligner le nécessaire respect du droit international et des résolutions de l’ONU au Proche-Orient. Et nous avions pu constater, au travers de notre campagne, comme des résultats, que malgré nos moyens limités et l’absence de couverture médiatique, cette question paraissait effectivement cruciale aux électeurs.
Cinq ans plus tard, l’Etat d’Israël, non seulement n’a pas mis un terme à ses violations des droits de l’Homme et du droit international, mais s’est livré à des agressions barbares sur les populations libanaise et palestinienne, profitant de sa supériorité militaire pour bombarder des millions de personnes, ravager des pays. Israël a en outre enfermé l’ensemble des habitants de la bande de Gaza dans un blocus inhumain, et a résolument tourné le dos à la paix.
La paix, il est clair que toute la population israélienne pourrait en bénéficier à condition de mettre un terme à l’occupation et à la colonisation totalement illégales de terres qui n’appartiennent pas à Israël. Tout le monde a été témoin des offres généreuses faites à plusieurs reprises par les Palestiniens, y compris par le Hamas, à condition qu’Israël se retire sur les frontières de juin 1967 et laisse les Palestiniens avoir le contrôle de la Cisjordanie, de Jérusalem Est et de Gaza.
Mais Israël refuse ces conditions minimales, et s’empare chaque jour de terres supplémentaires, expulse les Palestiniens, annexe Jérusalem Est, et vient ensuite se plaindre des Quassam qui s’abattent sur Sdérot, ou encore que le Hamas ne veuille pas « reconnaître » Israël ! Reconnaître Israël, d’accord ! Mais sur quelles frontières ? Celles fixées par le droit international ? Tous les Palestiniens ont déjà répondu oui ! Mais cela ne convient pas à Israël. Israël veut tout, et a choisi le nettoyage ethnique pour chasser les Palestiniens.
Si Israël ne recule devant aucun crime pour cela, c’est parce que ses gouvernants sont assurés de bénéficier d’une impunité totale, notamment de la part des dirigeants européens, qui collaborent et participent à ce nettoyage ethnique, à ce blocus inhumain, à cette occupation brutale.
Soixante ans, c’est long. Pas seulement pour le peuple palestinien, qui résiste courageusement, mais aussi pour nous Européens qui nous préparons des lendemains qui déchantent, en acceptant que la justice, le droit international comme les droits humains n’aient plus la moindre valeur. Ne pas lutter de toutes ses forces pour le respect de ces valeurs par un Etat avec lequel l’Europe entretient les liens les plus étroits, auquel elle accorde des privilèges toujours plus importants, c’est avouer que les principes de liberté, d’égalité, de fraternité ne nous concernent plus. C’est accepter que la loi du plus fort règne en maître dans tous nos pays.
C’est pourquoi nous nous adressons solennellement à tous les candidats aux élections européennes, qui restent attachés à ces principes, pour leur demander d’appeler publiquement au boycott d’Israël, tant que cet Etat bafouera le droit international et persécutera le peuple palestinien. Le boycott est le seul moyen pacifique à notre disposition. Il a montré son efficacité pour venir à bout du régime d’apartheid en Afrique du Sud.
Si nos dirigeants ne veulent pas appliquer de sanctions à l’encontre d’Israël, et encouragent au contraire ses crimes de guerre, n’oublions pas que les opposants israéliens, comme la Coalition des Femmes israéliennes pour la Paix, ainsi que l’ensemble de la société civile palestinienne, nous appellent à boycotter Israël, à prendre nos responsabilités et à cesser de nous rendre complices de ses crimes.
Le chantage à l’antisémitisme a longtemps retenu des gens honnêtes d’exprimer leur indignation face à la politique criminelle d’Israël. Mais le génocide des Juifs, les conditions dans lesquelles il a pu avoir lieu, c’est à dire la passivité de bon nombre de citoyens européens, doit au contraire être un exemple pour nous de ce qu’il ne faut pas faire quand un peuple, ou une partie de la population, est en danger. Quand nous disons : PLUS JAMAIS CELA ! Il faut que cela ait un sens. Il faut qu’il n’y ait plus jamais de non assistance à peuples en danger, à personnes en danger. Défendre le droit à la liberté des Palestiniens et appliquer le boycott de la puissance qui l’opprime, ce n’est pas être antisémite, c’est lutter pour l’ensemble de l’humanité, contre la barbarie qui s’avance à grands pas.
EuroPalestine espère ne pas avoir besoin de présenter de listes spécifiques pour défendre ces principes fondamentaux. Nous espérons qu’à l’occasion de ces prochaines élections européennes, des candidats de différents partis auront à coeur d’appuyer publiquement cet appel.
A ceux-là nous apporterons tout notre soutien, tous nos efforts militants, dans toutes les régions.
Olivia Zémor
Présidente de CAPJPO-EuroPalestine