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Des dizaines d’artistes israéliens se lancent dans le boycott des colonies

Trop c’est trop ! La répugnante décision des principaux théâtres israéliens d’organiser, pour la première fois, un festival dans la colonie d’Ariel, au cœur de la Cisjordanie occupée, a provoqué une réaction salutaire de nombreux acteurs, metteurs en scène et scénaristes.


Le mouvement de protestation a été lancé au milieu de la semaine par un membre de la troupe du théâtre national Habima, Youssef Sweid. Mais dimanche matin, il avait déjà été rejoint par 52 autres gens de théâtre, parmi les plus connus de la scène israélienne. Dans un texte commun, ils déclarent qu’ils ne mettront pas les pieds à Ariel et appellent leurs employeurs à mettre fin au scandale.

« Ariel n’est pas une implantation légale, son existence contrevient au droit international et aux traités que l’Etat d’Israël a signés. En clair, quiconque se produit là-bas est un délinquant au regard du droit international. Les directions théâtrales qui ont décidé la tenue de ce festival à Ariel devraient avoir le courage, ce qui n’est pas le cas, d’informer leurs acteurs que pour aller à Ariel, il faut prendre des routes réservées aux Juifs et interdites aux Palestiniens. Y aller, c’est légitimer les colonies et l’apartheid », déclare le dramaturge Vardit Shalfi, l’un des promoteurs de la pétition.

Le sursaut de ces artistes fait bien entendu enrager colons et gouvernement, qui pensaient que l’affaire était dans le sac, dès lors que les dirigeants des théâtres avaient conclu le honteux marché. Ils enragent d’autant plus que le mouvement anti-colonial déclenché par ces artistes israéliens relaie, sur le terrain, la campagne internationale BDS qui a vu ces derniers mois de nombreux professionnels étrangers annuler concerts et tournées en Israël.

L’impayable ministre israélienne de la « culture », Limor Livnat, est sous le choc : « Il ne faut pas mélanger la politique et la culture », a-t-elle commenté, sans rire, tandis qu’un de ses collègues du Likoud propose rien moins que la réquisition des acteurs, pour les obliger à accomplir leur « devoir patriotique ». Avec une mitraillette dans le dos ? Nul doute cependant que des listes noires, comme au bon vieux temps du maccarthysme à Hollywood, ont déjà été dressées, et que la répression guette les artistes qui ont le courage de refuser.

La presse israélienne, qui rend compte abondamment de l’affaire depuis des jours, posait dimanche une question pratique : vu le nombre de défections, les directeurs de théâtre pourront-ils maintenir le festival ?

Si c’’est le cas, estimaient dimanche plusieurs commentateurs pourtant peu suspects de sympathie avec le mouvement international BDS, ces directeurs de théâtre aux ordres du gouvernement et de l’armée se tireraient une deuxième balle dans le pied : car alors, ils légitimeraient, au-delà de toute espérance, le boycott culturel institutionnel promu par la campagne BDS.

CAPJPO-EuroPalestine