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Procès des responsables de la mort d’Abdelhakim AJIMI à Grasse

« Combien de temps un policier peut-il étrangler quelqu’un » ? Oui, cette question a été posée lors de l’audience lundi à Grasse. Et voici la réponse, tout aussi incroyable : « Le directeur général de la police nationale limite à « 3 à 5 secondes » l’usage d’une technique d’étranglement (régulation phonique) par les agents de la Police aux frontières lors de reconduites d’étrangers, la « répétition de ces actions » ne pouvant « être réalisée plus de cinq minutes ».


Communiqué du Comité Vérité et Justice pour Abdelhakim AJIMI

« Après la 1ère journée d’audience, nous avons :

– le sentiment que la gravité de la mort d’un être, Abdelhakim AJIMI, est parfois abordée avec légèreté ;
– l’impression qu’il y a un parti-pris, notamment dans la présentation des faits qui ont conduit à la mort d’Abdelhakim AJIMI (victime présentée comme un dangereux agresseur, témoignages décrédibilisés…) ;
– la sensation d’une bienveillance accordée aux policiers en minimisant leur responsabilité directe ;
– la sensation d’une défiance envers la famille et ses soutiens (par exemple : Boubaker AJIMI, le père de la victime, a fait l’objet d’un véritable interrogatoire).

Nous ne perdons pas de vue que le démarrage de cette « affaire » est un acte mineur, à savoir une altercation au sein d’une banque entre un client et le directeur d’agence. Cela aurait du faire l’objet d’une simple convocation et non d’une interpellation dans des circonstances inhumaines par un acharnement des policiers ayant entraîné la mort violente d’Abdelhakim AJIMI. »

Contact : comite_hakim_ajimi@riseup.net / 06 61 47 39 17

ATTENTION : le procès des responsables de la mort d’Abdelhakim AJIMI sera
très probablement clôturé jeudi soir, mais le délibéré rendu plus tard.
Quoi qu’il en soit, la mobilisation à Grasse est maintenue ce vendredi 20
janvier.

Appel de Grasse : mobilisation vendredi 20 janvier 2012

Appel à l’unité nationale contre les violences policières et pour
l’approfondissement de notre combat collectif. Mobilisation en soutien à
la famille AJIMI, ainsi qu’aux autres victimes de violences policières,
familles de victimes et comités de soutien, associations et organismes
solidaires :
– à 12h devant le tribunal de Grasse pour un compte-rendu du procès des
responsables de la mort d’Abdelhakim AJIMI.
– puis de 14h à 18h dans les locaux de la CGT (11, rue Gazan dans la
vieille ville de Grasse)

Parallèlement, une mobilisation aura lieu le même jour à Paris, à 19h,
fontaine des Innocents.

Ces initiatives regroupent : Collectif Vies Volées, Comité Vérité et
Justice pour Abdelhakim Ajimi, Comité Ali Ziri, Comité Lamine Dieng,
comité Mamadou Marega, Comité Abou bakari Tandia, Résistons ensemble, PIR, NPA – NPA06 – NPA13, Alternatifs, Fase, Ni macho ni proxos, ACLEFEU, CRI, réseau FSQP, MIB et MIB34, Indignés de Réelle Démocratie Maintenant Paris, les Alternatifs du pays de Grasse, DiverCité, association Elève-toi
(Istres), LDH Cannes-Grasse, MRAP 06, Pas de Nord sans Sud, Quartiers Nord– Quartiers Forts…

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Lu sur Mediapart (extraits) :

« Sur le banc des prévenus du tribunal correctionnel de Grasse, ce lundi 16 janvier 2012, des clients inhabituels. Sept policiers de la petite ville des Alpes-Maritimes comparaissent en civil pour tenter d’expliquer comment et pourquoi Hakim Ajimi, 22 ans, est mort asphyxié au cours de son interpellation en mai 2008.

Sept policiers, donc deux de la Bac, sont poursuivis.

« Ce n’est pas un procès ordinaire compte tenu de la gravité des faits, a reconnu d’emblée le président du tribunal correctionnel de Grasse, Franck Robail. Et il n’est pas non plus ordinaire d’avoir à juger pour ce genre de faits des personnes dont le métier, particulièrement difficile, est d’assurer la paix publique. » C’est une affaire qu’il qualifiera même de « désastreuse », plus tard dans l’après-midi. (…)

Les fonctionnaires impliqués, deux de la brigade anti-criminalité (Bac) pour « homicide involontaire », les autres de police secours et de la police municipale pour « non-assistance à personne en danger », sont dépeints à l’audience comme exemplaires. A commencer par les policiers interpellateurs, deux gaillards de la Bac, en costard et les cheveux ras, qui ont fait leurs classes en région parisienne.(…)

Comment deux fonctionnaires, expérimentés et appréciés, ont-ils alors pu maintenir une clef d’étranglement et une compression thoracique sur un jeune homme menotté aux mains et aux pieds, sans se rendre compte de l’asphyxie lente qui allait provoquer la mort ?

Pour les avocats des policiers, ils n’ont fait qu’appliquer des gestes appris en école de police, ce qui n’est pas contesté. Mais le témoin cité par la défense, Alvaro Fernandes, 44 ans, patron du centre de formation des formateurs à Cannes-Ecluses (Seine-et-Marne) longuement entendu lundi, vient paradoxalement offrir un secours inattendu aux parties civiles.

Selon cet expert en « méthode de raisonnement opérationnel » et autres termes jargonnisants, les gestes effectués par les deux policiers de la Bac « correspondent bien au référentiel des gestes techniques » auxquels les policiers sont formés en école. Tous les élèves policiers en étudient donc le cadre légal, puis la pratique avec un policier jouant le plastron, avant d’effectuer des « mises en situations réelles », simulant des cas vécus sur la voie publique.

Mais « un policier doit faire preuve de discernement sur la proportionnalité de la force exercée et de vigilance à l’égard de l’état de la personne interpellée », précise Alvaro Gonzales. Et de rappeler que selon le code de déontologie de la police, « toute personne interpellée est placée sous la responsabilité des policiers ». Tout est donc question de mesure. Combien de temps au juste un policier peut-il étrangler ou compresser quelqu’un ?

Dans une note interne datant de 2003 citée par la défense, le directeur général de la police nationale limite à « 3 à 5 secondes » l’usage d’une technique similaire d’étranglement (régulation phonique) par les agents de la Police aux frontières lors de reconduites d’étrangers, la « répétition de ces actions » ne pouvant « être réalisée plus de cinq minutes ».

A la suite du drame de Grasse, le chef de l’IGPN avait, en octobre 2008, rappelé à ses troupes que « lorsque l’immobilisation de la personne est nécessaire, la compression (tout particulièrement quand elle s’exerce sur le thorax ou l’abdomen) doit être la plus momentanée possible et relâchée dès que la personne est entravée par les moyens réglementaires et adaptés »

Ces instructions sont jugées « théoriques » par le formateur en chef des formateurs. « Cela me semble au contraire assez pratique », le reprend sèchement le président du tribunal correctionnel. Le procureur lui-même semble s’agacer des circonlocutions de l’instructeur. « En cas de double menottage, il n’y aucun risque de fuite, ce qui écarte le danger pour autrui ! » réagit-il vivement, lorsque Alvaro Gonzales avance qu’« une personne menottée peut continuer à être dangereuse pour elle ou autrui », ce qui justifierait « son maintien en position ventrale ».

Le tribunal doit se pencher mardi sur les faits eux-mêmes, afin de déterminer si les policiers ont effectivement fait preuve de toute la « proportionnalité de la force » souhaitée. »

http://www.mediapart.fr/article/offert/a700173a22c2492270c866fcc5c40ac4

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