L’armée israélienne multiplie les violations du cessez-le-feu qui avait mis fin, il y a dix jours, à son attaque sanguinaire, mais infructueuse, contre la bande de Gaza et ses habitants.
Conclu sous les auspices de l’Egypte, le cessez-le-feu entre le gouvernement palestinien de Gaza (dirigé par le Hamas) et le gouvernement israélien prévoit deux mesures, modestes, d’assouplissement du blocus inhumain imposé par Israël au territoire depuis des années.
Primo, Israël s’est engagé à élargir le périmètre de sortie autorisé aux pêcheurs palestiniens en Méditerranée : ceux-ci sont censés pouvoir pêcher jusqu’à 6 milles nautiques (10 kilomètres) de la côte, au lieu de 3 milles (5 kilomètres) jusqu’à présent. Même étendue à 6 milles, la zone imposée par l’armée israélienne reste totalement illégale, mais elle permet aux Palestiniens de rapporter un peu plus de poisson.
Eh bien, à croire qu’Israël prépare une nouvelle attaque d’envergure et se livre pour cela à de nouvelles provocations, la marine de guerre israélienne interdit le dépassement de la ligne des 3 milles : depuis vendredi, rapporte la militante espagnole Maria del Mar Fernandez*, présente à Gaza, Israël a arrêté 31 pêcheurs de Gaza, détruit un de leurs bateaux, en a volé un autre et à détruit les moteurs de quatre embarcations supplémentaires.
Résultat : les pêcheurs ont été contraints de suspendre toute sortie en mer depuis samedi, par crainte des attaques, d’autant plus que la marine israélienne tire à présent à balles réelles et sans sommations, ayant cessé d’utiliser ses canons à eau.
Mercredi 5 décembre, une manifestation est prévue dans le port de Gaza, rassemblant pêcheurs et internationaux présents sur le territoire. Il est demandé aux étrangers de venir avec des drapeaux de leurs pays respectifs, afin de mieux souligner le caractère international de la solidarité avec le peuple palestinien martyr.
Mensonge et brutalité en mer, même chose sur terre : le cessez-le feu prévoit aussi que la zone interdite de la bande de Gaza, en bordure de la clôture électrifiée qui enferme le territoire, est légèrement rétrécie. L’élargissement de la bande de terre supplémentaire sur laquelle les Palestiniens pourraient cultiver leurs champs est minuscule : 300 mètres seulement, mais quand on connait l’exiguïté du territoire sur lequel sont concentrés 1 million et demi d’habitants, chaque mètre carré cultivable compte.
Eh bien, là encore, Israël viole ses engagements : des paysans qui voulaient retourner cultiver leurs champs dans les zones de Beit Lahya et Khan Younes se sont fait tirer dessus, et ont dû renoncer, rapporte Maria Fernandez.
*Maria Del Mar Fernandez fait partie des membres du Conseil de Gaza Libre. Elle compte rester à Gaza jusque la fin de l’année d’où elle nous enverra des rapports de ses observations, et vous pouvez la joindre (en anglais ou en espagnol) à ce numéro : 00 972 (0) 595 157
« Gaza, lundi 3 décembre 2012 :
Depuis ces derniers 4 jours, les Israéliens ont arrêté 31 marins-pêcheurs, détruit un bateau de pêche, confisqué un autre encore pour une durée, dirent-ils, de trois années, et détruit et saboté 4 moteurs d’autres bateaux de pêche.
Les Israéliens prétendent qu’ils ont arrêté de tirer sur les marins-pêcheurs à l’aide de canons de l’eau. La réalité, c’est qu’ils leur tirent dessus à balles réelles.
La majorité des pêcheurs, ceux de l’’’Union des pêcheurs’’ et ceux d’une autre association de pêcheurs professionnels, ont décidé avant-hier de ne plus sortir en mer : ils n’acceptent pas qu’autant de marins-pêcheurs soient arrêtés par la marine de guerre israélienne et qu’autant de leurs bateaux de pêche soient sabotés et détruits en mer.
Un de leurs amis pêcheurs est encore détenu par la marine israélienne.
Ils ont également pris la décision d’attendre dix jours : le temps que les négociations en cours au Caire et concernant les modalités du cessez-le-feu, soient précisées, notamment cette clause de reporter de 3 à 6 miles (un mile marin = 1852 mètres) cette frontière maritime que le blocus israélien leur impose. Pour le moment ils ne sont pas certains que la barrière maritime va être reportée aux 6 miles espérés.
Mercredi 5 décembre, les marins-pêcheurs et les internationaux présents manifesteront leur désapprobation envers les mesures israéliennes au port de Gaza. Nous avons tous été invités à apporter les drapeaux de nos propres pays afin de rendre évident notre appui international aux Palestiniens et également afin de tenter d’éviter d’autres violences israéliennes autant que possible.
Hier, quelques pêcheurs ont osé sortir en mer, à la pêche, en disant qu’ils préfèrent la mort plutôt que d’arrêter leur travail qui leur permet de nourrir leurs familles.
Quant aux cultivateurs et ceux qui vivent de la terre, ils se sont regroupés dans la zone de Beit Lahya où nous sommes allés visiter une des familles. Hier encore, les armées d’Israël ont tiré sur ces travailleurs agricoles et sur les internationaux qui les accompagnaient, dans la zone-tampon de Khan Younis.
C’est pourquoi Rosa, un Italien du groupe des internationaux, nous a demandé de venir les soutenir.
Mais, tôt le matin, il nous a re-téléphoné que les tirs se faisaient à balles réelles, qu’ils se trouvaient sous un feu nourri, et qu’ils ne pourraient évidemment pas se rendre comme prévu sur leurs champs et sur leurs cultures, même accompagnés des internationaux.
Ainsi, certains d’entre nous sont allés quand même les voir, mais juste pour interviewer ces paysans empêchés de travailler sur leurs terres.
Le rapport que nous devrions tous adresser aux parlementaires européens et au monde devrait être qu’Israël détruit, sabote dangereusement le cessez-le-feu. Il n’est pas possible que les gens de Gaza puissent se contenter de cette situation dans laquelle sont niés leurs droits les plus élémentaires : la vie, et la sécurité de chacun et de tous.
Deux personnes ont déjà été tuées depuis le « cessez-le-feu », un dans les sud, et un dans le nord de la bande de Gaza, sous le feu de la dernière attaque israélienne. »
Maria Del Mar Fernandez, Gaza.
(Traduit par A. Q. pour CAPJPO-EuroPalestine)
CAPJPO-EuroPalestine