Alors que le Ramadan commence, des prisonniers grévistes de la faim depuis 40 jours ont décidé de s’y joindre à leur manière, en cessant de boire pendant la journée la solution d’eau salée indispensable à la résistance de leur organisme.
Cette action, qui compromet de manière irrémédiable la santé de ces hommes, concerne un nombre indéterminé de prisonniers grévistes, victimes d’un embargo quasi total de l’information, du fait de la suppression de presque toutes les visites familiales et celles des avocats. L’information sur la grève de l’eau salée émane d’un détenu de la prison de Hadarim, Nasser Abou Srour, l’un des très rares qui a pu s’entretenir avec son avocat.
Une rare vidéo d’une douzaine de secondes, obtenue par l’agence Ma’an, montrait vendredi le transfèrement vers une destination inconnue (hôpital ? autre prison ?) d’un détenu palestinien manifestement très affaibli.
Le Comité International de la Croix-Rouge a publié un communiqué alarmant, indiquant que l’état de santé d’une grande partie des 1.500 grévistes était « entré dans une phase critique », et qu’on pouvait sérieusement craindre pour la vie d’une partie d’entre eux.
Les prisonniers qui ont été transférés à l’hôpital israélien Meir y sont la cible de mauvais traitements par le personnel médical, a ajouté Abou Srour. « Mais nous tenons bons, et continuerons jusqu’à satisfaction de nos revendications, ou jusqu’à la mort », a-t-il poursuivi, rapporte l’agence Ma’an.
L’effondrement de l’état de santé concerne plusieurs des grévistes les plus connus, comme le leader du FPLP Ahmad Saadat et le journaliste Mohamed al-Qiq. L’un et l’autre vomissent maintenant du sang de manière récurrente, a fait savoir le responsable du Comité de soutien aux prisonniers, Issa Qarage.
Leurs bourreaux israéliens n’épargnent aucune cruauté aux grévistes : beaucoup de prisonniers n’ont pas pu changer de vêtements ni de sous-vêtements depuis le début de la grève, et leurs cellules sont empuanties et infestées de parasites.
Ce 40ème jour a été marqué par des manifestations de solidarité brutalement réprimées par l’armée d’occupation, qui ont fait plusieurs blessés à Nabi Saleh, Beita (près de Naplouse), Bil’in, ou encore à al-Khalil (Hébron). Dans la bande de Gaza, deux jeunes qui manifestaient prêts de la clôture d’enfermement de ce camp de concentration ont été blessés par des tirs des gardes israéliens.
[vert]Enfin, merci à Olivia Elias pour son poème dédié aux grévistes de la faim [/vert]
Offrande
Portés par un souffle d’air vos corps
allégés volètent au plafond de la chambre
Je vois vos gestes lents
les petits os qui pointent
aux jointures de vos mains
vos yeux de Christ agonisant
J’aurais voulu échapper à cette douleur
la mienne et la vôtre si grande
Mais il me faut à nouveau habiter
le territoire de l’effroi et de la révolte
Ecouter votre cœur qui va s’affaiblissant
Assister à cette chose insensée
la dévoration du corps par soi-même
Votre offrande ultime à la liberté
Autour de vous les aboiements des geôliers
et des chiens nourris de chair fraîche
alors que votre vie s’en va comme ça
sacrifiée sur l’autel érigé à leur rêve
de conquête insensée
Le 26 mai 2017
Olivia Elias (poète palestinienne vivant en France)
(Manifestation jeudi sur Times Square, à New York)
CAPJPO-EuroPalestine