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L’ambassadrice d’Israël pas la bienvenue à Bordeaux

L’ambassadrice d’Israël en France, qui avait eu le culot de s’inviter à un colloque universitaire à Bordeaux traitant un des aspects de la déportation des juifs en France, a finalement été contrainte de renoncer à sa provocation, a-t-on appris jeudi.


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Le colloque en question, les 23 et 24 mai, se tenait à l’Université Montaigne de Bordeaux, et avait pour thème, « Procès Papon, 20 ans après », indique André Rosevègue, militant local de l’UJFP.

Pour mémoire, le « procès Papon » fait référence au haut fonctionnaire de l’appareil d’Etat Maurice Papon, un homme né en 1910, qui avait servi sous tous les régimes au XXème siècle, montant régulièrement en grade jusqu’à finir ministre dans les années 1970.

Sous le régime de Vichy, il participe, en fonctionnaire zélé, à la déportation de 2.000 juifs qui seront presque tous assassinés à Auschwitz et autres camps nazis. Pendant la guerre d’Algérie, il participe à la répression et à la torture en tant que préfet du Constantinois, avant d’être le responsable en chef du massacre de centaines d’Algériens en tant que préfet de police de Paris en octobre 1961. Il poursuivra ensuite sa « brillante » carrière, comme député, chef d’entreprise, et membre du gouvernement. Pour tant de « services rendus », il est fait Commandeur de la Légion d’Honneur, un grade parmi les plus élevés de cet ordre créé il y a deux cents ans par Napoléon Bonaparte.

Sauf que … En 1981, un survivant du génocide parvient, documents à l’appui, à prouver que Papon a effectivement trempé dans l’arrestation de nombreux juifs dans la région de Bordeaux, où le fonctionnaire était en poste à la préfecture.

Mais usant de subterfuges divers et variés, et profitant d’une mauvaise volonté évidente au niveau de la présidence de François Mitterrand, Papon ne passera en procès pour complicité de crimes contre l’humanité qu’en 1997. Il sera finalement condamné à 10 ans de prison, mais ne restera que 3 ans derrière les barreaux (dans une cellule VIP, cela va sans dire), avant d’être libéré et de s’éteindre tranquillement, en 2007, à l’âge canonique de 97 ans. Papon n’a évidemment jamais eu de comptes à rendre pour ses crimes contre le peuple algérien.

Mais revenons au colloque de Bordeaux, et aux informations recueillies par André Rosevègue.

Comme il l’écrit, il s’y est produit « un incident qu’il serait dommage de laisser dans l’oubli ».

« La séance du 24 mai se déroulait dans les locaux du Conseil régional de Nouvelle Aquitaine, et c’est le matin même que les participants apprenaient qu’Aliza Bin Noun, l’Ambassadrice d’Israël, interviendrait l’après-midi. Les organisateurs avaient ainsi appris qu’elle s’était invitée, avec l’accord du président de la Région Alain Rousset qui devant les objections d’organisateurs mis devant le fait accompli avait parait-il déclaré : « je suis chez moi, je fais ce que je veux ».

« Mal lui en pris. L’annonce a créé des remous. Jean-Pierre Labroille, un militant de la LDH Gironde, est intervenu : ‘Je profite de ces quelques minutes pour vous faire part de ma surprise et de mon désaccord pour la présence cet après-midi, de l’ambassadrice d’un pays étranger pour saluer ce colloque’.

‘L’histoire de ce procès appartient à tous, elle ne saurait être captée par un Etat étranger.
Cette présence est d’autant plus choquante dans un colloque où l’on parle de droit, de justice, de mémoire et d’histoire que cet Etat bafoue le droit international et tire sur des manifestants désarmés. A quand le procès des assassins des manifestants de Gaza ?’ ajoutait Jean-Pierre Labroille.

La présidence de séance a bien tenté de faire taire le protestataire, mais en vain. Une partie de la salle l’a au contraire applaudi, notamment l’avocat Raymond Blet, lui-même avocat de parties civiles au procès de Papon en 1997. Celui-ci a dénoncé la « prise en otages » que constituait à ses yeux l’arrivée annoncée de l’ambassadrice du régime d’apartheid. Des cris, du type « agent du Hamas ! » étaient également entendus, venant de supporters de l’Etat colonial.

« Alerté (alors qu’il recevait une délégation de cheminots en manifestation devant le bâtiment au même moment), Alain Rousset faisait savoir avant la fin de la matinée que ‘l’Ambassadrice n’interviendrait pas’. Et il ne semble pas qu’elle soit même venue en spectatrice. En tout cas, personne n’a remarqué sa présence ». indique enfin André Rosevègue.

CAPJPO-EuroPalestine