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Palestiniens et opposants israéliens réunis pour dire non au chantage à l’antisémitisme

A l’occasion d’un brillant symposium qui s’est déroulé ce samedi à Luxembourg, à l’initiative du Comité pour une Paix Juste au Proche-Orient (CPJPO), le public a reçu une leçon de résistance au chantage à l’antisémitisme, et une invitation à l’action, et notamment au BDS, par les fortes personnalités israéliennes et palestiniennes réunies à cette occasion.


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Le journaliste israélien Gideon Levy, qui ne mâche pas ses mots, dans le quotidien Haaretz, contre le terrorisme d’Etat israélien, a été on ne peut plus clair et percutant comme à son habitude.

« C’est votre devoir de vous élever contre le chantage à l’antisémitisme », a-t-il clamé, en prenant de nombreux exemples de mensonges assénés par Israël pour tenter de faire taire les critiques à son encontre.
« Ainsi Roger Waters. Je le connais personnellement. Et il n’y a pas un gramme d’antisémitisme dans le corps de cet homme ».

« Et arrêtez de nous parler de ‘conflit israélo-palestinien’, et de nous dire que c’est une question ‘complexe’, pour essayer de noyer le poisson ! Il s’agit d’une guerre coloniale, comme celle que la France a menée en Algérie, et c’est on ne peut plus simple : il y a une occupation qui n’est pas provisoire, à laquelle Israel ne mettra jamais un terme sauf sous la contrainte. Car le droit international, c’est très bien, mais Israel s’en fiche complètement. »

« ll faut arrêter de dire qu’Israël est un pays démocratique, alors qu’il a institué l’apartheid. Il est démocratique pour les juifs et pas pour les autres. Peut-on être à moitié démocratique ? Diriez-vous qu’une femme est à moitié enceinte ? », a ajouté Gideon Levy en déclenchant un grand éclat de rire dans la salle.

 » On nous rebâche les oreilles avec la sécurité d’Israël, e-t-i par ailleurs souligné. Mais pas une seule fois dans ma vie, je n’ai entendu parler du droit à la sécurité des Palestiniens. Pourquoi accepter que les Palestiniens vivent depuis des décennies dans une insécurité permanente ? Qu’avait fait ce jeune pêcheur de Gaza pour mériter qu’Israel lui ôte la vue à tout jamais ?  »

« L’occupation ne cessera pas tant qu’elle n’aura pas un prix, et vous devez faire ce que vous avez fait pour l’Afrique du Sud de l’Apartheid : le boycott.
Qu’est-ce que vous attendez ? Vos gouvernements ne bougeront pas et les Israéliens sont anesthésiés depuis longtemps. Seule la société civile est en mesure d’agir. Et elle ne doit pas oublier que si l’Europe est responsable du génocide des Juifs, elle l’est aussi de la Nakba ».

Relatant son itinéraire, il a expliqué comment il est passé du sionisme de sa jeunesse à l’antisionisme. « Car j’ai compris que le sionisme n’est autre chose que du colonialisme et une idéologie raciste « .
« J’ai longtemps cru à Oslo, à la solution à deux Etats. Mais tout cela était un rêve. Israël n’a jamais voulu de deux Etats, et aujourd’hui, je me bats pour un seul Etat avec les mêmes droits pour tous, comme pour l’Afrique du Sud ».

« Il ne faut pas désespérer. on ne sait pas combien de temps cela prendra. On voit tout empirer de jour en jour, mais si je vous avais dit la veille de la chute du mur de Berlin qu’il allait s’écrouler le lendemain, vous m’auriez traiter de fou, et même chose pour l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud. Et parfois, c’est lorsque cela empire que les choses se dénouent : qui sait si un nouveau mandat de Trump ou de Netanyahou ne vont pas déclencher la colère et faire bouger ? », a conclu Gidéon Levy sous des tonnerres d’applaudissements.

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Après Gideon Levy, des témoignages de résistance également très forts.

– De la part de Tamar Alon, la jeune refuznik qui a passé 130 jours en prison pour avoir refusé de servir dans l’armée d’occupation, et qui ne le regrette pas.

– de Mera Ghoul, 23 ans, étudiante palestinienne qui milite depuis plusieurs années dans des conditions incroyablement difficiles à Silwan, un quartier de Jérusalem-Est, où les maisons palestiniennes sont démolies à tout de bras, où les colonies ne cessent de gagner du terrain, mais où elle apprend aux jeunes à résister.

– de Yonatan Shapira, cet ancien pilote de l’armée de l’air israélienne qui avait été à l’initiative, en 2003, d’une lettre de signée par 27 pilotes israéliens refusant de continuer à suivre les ordres immoraux et illégaux de leur hiérarchie et d’attaquer la population palestinienne. « J’ai compris que je faisais partie d’une organisation terroriste. J’avais honte, je ne pouvais plus continuer comme ça ».
Après avoir co-fondé l’association « Combattants pour la Paix », Yonatan a franchi un pas supplémentaire: il et a rejoint « Boycott from Within » (Boycott de l’Intérieur ») pour contribuer au boycott d’Israel. Il a participé à des flotilles contre le blocus de Gaza. Il est devenu musicien et chanteur, et nous a régalé de chants en yiddish et en arabe ! « Ces chansons qui inspirent la peur aux tyrans… ».

– d’Eitan Bronstein, co-directeur de De-Colonizer, un centre de recherche et co-fondateur de l’ONG Zochrot « Se souvenir », qui s’emploie inlassablement à retrouver tous les lieux dont ont été chassés les Palestiniens pendant la Nakba, et à informer sur leur histoire, leurs habitants originaux.
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Il a même créé une application pour téléphone portable qui permet,quand on est en Israel/Palestine de retrouver plus de 500 lieux qu’Israël a essayer d’éradiquer de l’histoire et de la mémoire.
Il témoigne des progrès dans ce domaine, même auprès des Israéliens. « Avant, ils ne connaissaient même pas le mot Nakba. Aujourd’hui, le gouvernement a beau essayer d’interdire toute commémoration et l’occulter dans les livres d’histoire, il est difficile d’ignorer ce que ce la veut dire ».

Son dernier livre est disponibles dans les bonnes librairies, dont la librairie Résistances à Paris !
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Encore merci aux organisateurs pour cette très belle journée !

Source : CAPJPO-EuroPalestine

CAPJPO-EuroPalestine