Israël est en train de dresser secrètement une liste de ses propres agents, militaires et politiques, susceptibles d’être mis en cause par la Cour pénale internationale (CPI), révèle jeudi la journaliste du Haaretz Noa Landau.
Le caractère secret de la liste est par définition évident, puisque la révélation officielle de son existence constituerait en quelque sorte un aveu, par les autorités israéliennes, des innombrables crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés par ses personnels contre le peuple palestinien, en particulier à Gaza, que ce soit lors du massacre de l’été 2014 ou bien des centaines de manifestants désarmés lors des Marches du Retour de 2018.
Les crimes israéliens perpétrés en Cisjordanie occupée, Jérusalem-Est comprise, sont également dans le champ des plaintes déposées par l’Etat de Palestine à la CPI. A fortiori maintenant que Netanyahou a annoncé sa volonté de carrément annexer officiellement toute une partie de la Cisjordanie.
La liste comprend actuellement entre 200 et 300 noms, ajoute Noa Landau. En font partie des dirigeants de premier rang, comme Benjamin Netanyahou, et les anciens ministres de la Défense Moshe Ya’alon, Avigdor Lieberman et Naftali Bennett, ainsi que les chefs d’Etat-Major passés et présents Benny Gantz, Gadi Eisenkot et Aviv Kochavi, ou encore les patrons des services secrets Shin Bet et Mossad. Mais il y a également beaucoup, dans cette liste noire, de criminels de rang inférieur, de même que des civils décisionnaires dans la colonisation de la Cisjordanie occupée.
La CPI, dont la procureure Fatou Bensouda a annoncé fin 2019 sa volonté d’ouvrir une enquête sur les crimes israéliens, doit se prononcer prochainement sur la question de savoir si elle a la compétence requise pour juger des infractions commises dans les territoires palestiniens occupés. Ce qui est a priori une évidence, mais Israël a fait un recours sur ce point, dont l’examen a été accepté bien que le régime d’apartheid ne reconnaisse pas lui-même la légitimité de la CPI et n’en soit pas membre. C’est dire la mansuétude dont bénéficie Israël dans le système judiciaire international.
Les trois juges de la Chambre de l’Instruction de la CPI, MM. et Mme Peter Kovacs (Hongrie), Marc Perrin de Brichambaut (France) et Reine Sophie Alapini-Gansou (Bénin) doivent donc conclure sur la compétence de la compétence juridictionnelle de la Cour, avant que la procédure n’aille de l’avant. Leur réponse est attendue très prochainement.
Reste à savoir qui a fait fuiter l’information sur la liste permettant au Haaretz de la publier.
CAPJPO-EuroPalestine