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Les imams de France devront reconnaître que le «racisme d’État» n’existe pas

Dans la charte devant réglementer la profession d’imam et le fonctionnement du futur Conseil national des imams (CNI), qui doit être présentée ce mercredi à Gerald Darmanin, les imams devront rejeter «fermement les campagnes diffamatoires prétendant que les musulmans de France seraient persécutés », rapporte Mediapart.

«Ce devait être une ‘’charte des valeurs’’ pour encadrer la profession d’imam, c’est devenu un guide de prêt-à-penser à destination de tous les musulmans de France», commente Mediapart à propos de ce document élaboré par le Conseil français du culte musulman (CFCM) et le ministère de l’Intérieur.

La « charte » proposée édicte :  « Nous réaffirmons solennellement que la dénonciation d’un prétendu racisme d’État ne recouvre aucune réalité en France. » Pour Edwy Plenel, le fondateur de Mediapart, cette « charte » est une « atteinte sans précédent à la liberté de conscience » et ce texte « signifie une mainmise de l’État sur le culte musulman. Piétinant la liberté d’expression, il interdit la dénonciation d’un racisme systémique ».

La Palestine interdite de séjour dans les mosquées ?

« À côté du refus des financements étrangers de lieux de culte, il est notamment indiqué  ‘’Nous refusons que les lieux de culte servent à diffuser des discours politiques ou importent des conflits qui ont lieu dans d’autres parties du monde’’ »,.

Une manière de « trier » les fédérations de mosquées comme l’avait annoncé Macron le 18 novembre, analyse Mediapart : « Il y aura ceux qui signeront et ceux qui ne signeront pas. On en tirera les enseignements. Soit vous êtes avec la République, soit vous n’êtes pas avec la République. »

« Depuis l’annonce de la dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France [CCIF] en octobre dernier, un silence de plomb s’est installé au sein des fédérations de mosquées, tétanisées par la peur que certains de leurs lieux de culte ne subissent le même sort. Le mutisme des uns a néanmoins laissé la place à d’autres pour réagir », fait remarquer Mediapart.

« Pour la première fois dans notre histoire commune, le président demande officiellement aux musulmans de France de choisir entre « être ou ne pas être avec la République » , comme s’il existait des doutes concernant leur loyauté envers le pays et surtout pour obtenir des gains politiques à court terme », commente-t-on de même source.

C’est aussi l’avis de Marwan Muhammad, statisticien, écrivain et ancien responsable du CCIF, qui voit « un glissement rapide vers l’hégémonie de l’extrême droite dans la sphère politique, alors que les dirigeants politiques ciblent principalement les communautés musulmanes pour obtenir des bénéfices politiques et électoraux à court terme.  

« En France, énonce-t-il sur le site de MiddleEastEye la sécurité et la liberté sont désormais opposées, comme s’il s’agissait de concepts mutuellement exclusifs. Le gouvernement français applique des mesures arbitraires et enfreint les libertés fondamentales, notamment lorsque le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin admet lui-même qu’il utilise des ressources étatiques à des fins politiques, menant des perquisitions dans des mosquées, au domicile de musulmans et au siège d’organisations islamiques qui n’ont rien à voir avec le terrorisme, dans l’unique but d’« envoyer un message ».

« La laïcité a évolué, passant d’un cadre libéral permettant la liberté de religion ou de croyance à une « néo-laïcité », instrument de diabolisation et d’exclusion de toute visibilité religieuse, (en se concentrant délibérément sur les communautés musulmanes, toujours au cœur de la discussion lorsqu’on évoque la laïcité).

D’autre part, la « liberté d’expression » est en jeu et parfois utilisée de façon asymétrique, en fonction de la cible des critiques et du pouvoir que cette dernière peut mobiliser. Ainsi par exemple, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer peut affirmer que « nous devons être tous conscients et mobilisés pour défendre [la liberté d’expression] », tout en censurant une caricature dans la presse, en amputant des passages de la lettre de Jean Jaurès lue dans les écoles en hommage à Samuel Paty, en sanctionnant des professeurs pour avoir critiqué sa politique et en engageant des poursuites contre un syndicat pour avoir parlé de racisme.

Puis il présente son plan pour réguler les communautés musulmanes au niveau théologique, politique, social, juridique et financier, s’adressant aux citoyens musulmans à travers un cadre de contrôle et de sécurité, tout en leur disant comment s’organiser et quels imams suivre. Ceci a conduit à une pétition largement signée dénonçant « une politique d’exception pour les citoyens musulmans ». Pour la laïcité, on repassera. Le président Macron explique qu’il fait clairement la distinction entre ce qu’il appelle le « séparatisme islamiste » et le citoyen musulman lambda ; pourtant, ses ministres de l’Intérieur successifs ne cessent d’identifier les pratiques traditionnelles ou usuelles de l’islam comme des signes de « radicalisation » et de « séparatisme », allant «des rayons halal et casher dans les supermarchés», au fait de « se laisser pousser la barbe», ou le simple fait d’«assister à des prières pendant le Ramadan ».

Le gouvernement a demandé à la population de signaler tout comportement « suspect » à la « hotline stop-djihadisme », notamment des signes tels qu’un changement de régime alimentaire, un changement de style vestimentaire, le fait de ne pas écouter de musique ou de ne pas regarder la télé. Sans surprise, cette ligne téléphonique est encombrée par les signalements de citoyens « zélés » et « inquiets » dénonçant à tort voisins et collègues.

Les imams de France devront reconnaître que le «racisme d’État» n’existe pas

Pendant ce temps, les forces de l’ordre et les services de renseignement sont trop occupés à surveiller les activistes musulmans et à briser des portes  pour détecter et empêcher d’agir les vrais terroristes, ne faisant que plus de victimes et plus de mal au pays, tandis que nous échouons collectivement à gérer la véritable menace.  » souligne Marwan Muhammad.

Le président Macron nie l’existence de formes structurelles d’islamophobie en France, pourtant 59% des cas de discrimination contre les musulmans ont lieu dans les services publics. Un ancien ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, rappelle-t-il, a qualifié notre situation de guerre des civilisations. Laurence Rossignol, alors ministre de la Famille, a comparé les musulmanes portant le voile au fait que « des nègres américains étaient pour l’esclavage ». L’actuel ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a dénoncé l »‘ensauvagement de la société », un concept inventé par des intellectuels d’extrême droite. Le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer a expliqué que le « voile n’était pas souhaitable ».  Et le président Emmanuel Macron lui-même affirme que porter le voile  « n’est pas conforme à la civilité ».

Les musulmans sont confrontés à des agressions physiques deux fois plus souvent que leurs concitoyens. Les mosquées et les institutions islamiques sont également lacible d’attaque et profanées. Selon un rapport du Défenseur des Droits, les jeunes arabes et noirs ont 20 fois plus de chances que les autres d’être contrôlés par la police et, dans le cadre de ces contrôles, ils ont près de trois fois plus de chances d’être insultés et 2,5 fois plus de chances d’être brutalisés. Les mosquées et les institutions islamiques sont également la cible d’attaque et profanées.

Source : Mediapart et https://www.middleeasteye.net/

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