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La résistance dans les prisons de l’occupant

En 2020, l’occupant a battu non seulement le record d’arrestations, avec 4,634 Palestiniens détenus pendants cette période, dont 543 enfants et 128 femmes, mais aussi celui du nombre de renouvellement des détentions « administratives » (c’est à dire sans inculpation, ni procès, ni accès au moindre dossier pour les avocats) : un total de 1114 Palestiniens se sont vu signifier une telle détention, selon le rapport annuel des plusieurs associations, dont le Club des Prisonniers palestiniens, Addameer, et le Wadi Hilweh Information Center de Silwan.


Ainsi Shorouk al-Badan, 26 ans, mère de deux enfants et habitante de Tuqu’ à Béthléem, vient de voir pour la seconde fois sa détention administrative renouvelée sans la moindre accusation ce mardi. Le 5 septembre dernier, l’armée d’occupation avait envahi sa maison et détruit ses biens.
Shorouk n’était libre que depuis 2 mois, puisqu’elle avait déjà passé 12 mois en prison, soit 3 détentions administratives de 4 mois chacune.

En novembre dernier Bushra Jamal Al-Tawil, 26 ans, de Ramallah, et Khatam Al-Khatib, 56 ans, militante féministe, étaient également placées en détention administrative.

GRÈVES DE LA FAIM

La résistance dans les prisons de l'occupant
Jibril Al-Zubeidi

Ce statut amène Jibril Al-Zubeidi, du camp de réfugiés de Jénine,  à continuer sa grève de la faim depuis 24 jours.

Son frère Dawood Al-Zubeidi, condamné à 18 mois de prison dans la prison du Néguev, –particulièrement infectée par le coronavirus — vient d’entamer lui aussi une grève de la faim.

Quant à Gabriel Al-Zubeidi, détenu à la prison israélienne de Megiddo, il venait de terminer de purger une peine de 10 mois fin décembre, lorsqu’il lui a été signifié qu’au lieu d’être libéré, il serait désormais en détention administrative. Leur mère et leur frère Taha avaient été assassinés par Israël dans le camp de Jénine, lors de la deuxième intifada.

Montaser Issa Shadid

La détention administrative de Montaser Issa Shadid de Dura dans la région d’Hébron  âgé de 46 ans, a été renouvelée pour la 4ème fois consécutive cette semaine. Lui aussi fait partie de Palestiniens réarrêtés, 7 mois après sa libération.
C’est également le cas de Firas Abu Al-Rub, 34 ans, de Qabatiya à Jénine, dont la détention administrative a été renouvelée ce lundi.


Ali  Marzouk, 24 ans, habitant de Jénine est quant à lui en grève de la faim depuis 8 jours pour protester contre les conditions brutales de son interrogatoire  au centre de Jalameh depuis le 11 novembre dernier. Le tribunal l’a condamné pour la 7ème fois à 8 jours de prison !  

Ali Marzouk

Un grand nombre de prisonniers sont non seulement  exposés au coronavirus dans les prisons israéliennes mais souffrent de négligence médicale. Quatre en sont morts en 2020 : Nour al-Din al-Barghouti, Saadi al-Gharabli, Daoud al-Khatib, et Kamal Abu Waer.

Le rapport indique que 700 prisonniers sont malades, dont près de 300 souffrent de pathologies chroniques ou très graves. Fouad El-Shobaki, le plus vieux des prisonniers palestiniens, âgé de 81 ans, est atteint d’un cancer. Gamal Amr d’Hébron, 49 ans, souffre depuis deux ans  tremblements et de graves problèmes dentaires dans la prison de Nafha, mais n’a eu accès à aucun examen médical.

Gamal Amr

Le rapport fait par ailleurs état de 56 Palestiniens toujours en prison après plus de 20 ans, et d’un total de  543 Palestiniens condamnés à la prison à perpétuité. Vingt-six d’entre eux ont été emprisonnés avant les accords d’Oslo en 1993. Les plus anciens détenus politiques palestiniens sont Karim Yunis et Maher Yunis, détenus depuis janvier 1983, soit 37 ans, et Nael Barghouti pendant plus de 40 ans, dont 34 de manière ininterrompue, puis libéré dans le cadre d’un échange en 2011, mais ré-arrêté en 2014.

L’occupant continue à détenir sans vouloir les restituer à leurs familles les corps de 8 prisonniers palestiniens morts en prison : Anis Doula,  Aziz Uisat, Faris Baroud, Nasar Taqatqa, Bassam Al-Sayeh, Saadi Al-Gharabli, Daoud Al-Khatib, et Kamal Abu Waer.

Daoud Al-Khatib

En 2020, malgré l’épidémie de coronavirus, ce sont les Palestiniens de Jérusalem Est, dont ceux du quartier de Issawiya qui ont subi le plus d’arrestations et de détentions, parmi lesquelles celles de 363 mineurs et de 100 femmes, ainsi que les camps de réfugiés —notamment ceux situés à côté de colonies– et les universités, dont celle de Birzeit, où une centaine d’arrestations ont été effectuées, pour tenter de juguler la reflexion sur la résistance politique, de peur qu’elle fasse tâche d’huile.

Un total de 76 civils de Gaza ont également été détenus en 2020, dont une femme âgée, des pêcheurs,  et plusieurs personnes revenant d’un séjour médical à l’étranger.

Au cours de l’année qui vient de s’écouler, les mêmes méthodes de torture, ont été appliquées aux détenus, avec la multiplication des cas d’isolement cellulaire, les raids à l’intérieur de sections dans les prisons, les punitions collectives et les privations de visites familiales.
Les punitions collectives ont également visé les familles de prisonniers, avec des opérations de harcèlement, voire de démolitions de maisons, sans parler des lourdes amendes distribuées massivement, et payées par des familles pauvres. Ces dernières ont rapporté un total de près de 100.000 euros en 2020, indique le rapport, qui précise qu’elles ont principalement visé des enfants accusés d’avoir jeté des pierres.

Les mineurs continuent à être arrêtés le plus souvent de nuit, kidnappés à leur domicile, brutalisés et embarqués dans des jeeps pour être conduits dans des centres d’interrogatoire, où leur sont refusés nourriture, boisson, et assistance d’un avocat. Ils sont battus, insultés, menacés et poussés à signer des aveux en hébreu sans la moindre traduction, avant d’être traduits devant des tribunaux militaires qui les condamnent systématiquement.

L’occupant israélien fait face à une résistance quotidienne à l’intérieur comme à l’extérieur des prisons.

Le Club des prisonniers palestiniens donne ainsi l’exemple d’un mineur de 17 ans,  Ahmed Ali Safi de Ramallah, incarcéré dans la prison de Meggido, qui vient de refuser de faire des excuses pour obtenir une libération anticipée.
Détenu depuis le 26 juin dernier, et condamné à 8 mois de prison, il vient de décliner la proposition de bénéficier de 30 jours de réduction de peine en échange de la signature d’excuses.

(Traduit par CAPJPO-EurPalestine)

CAPJPO-EurPalestine