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Abbas annonce des élections palestiniennes…

Un décret du « président » palestinien Mahmoud Abbas annonce des élections parlementaires et présidentielles pour l’Autorité palestinienne (AP), respectivement en mai et juillet prochains, soit une quinzaine d’années après les précédentes, qui étaient supposées être pour une durée de 4 ans.

Le scepticisme et grand parmi les commentateurs. Certains palestiniens disent : « Des élections sous occupation ? Avec autant de candidats potentiels emprisonnés ?’ ou encore  » La dernière fois que nous avons voté, en 2006, comme les résultats n’ont pas plus à Israël et à la ‘communauté internationale’, nous avons été punis ».

Abbas annonce des élections palestiniennes...

D’autres en ont tellement assez de la sclérose du système, de Mahmoud Abbas et de ses affidés, qu’ils sont partant pour tout ce qui serait susceptible de faire bouger un peu les choses. Il paraîtrait même que selon un sondage réalisé auprès des Palestiniens en décembre, environ 75 % des personnes interrogées se déclarent être favorables à ces élections.

Et tout cela, en mettant entre parenthèse l’évolution de l’épidémie de coronavirus, car l’inscription des nouveaux électeurs ainsi que la liste des candidats de chaque parti se feraient par voie électronique, mais le vote lui-même se ferait en présentiel, dans les bureaux de vote.

Dans ce sondage, mené par le Centre palestinien pour la politique et la recherche en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, 66 % des personnes interrogées ont déclaré qu’Abbas devrait démissionner. Lorsqu’on a demandé aux sondés comment ils voteraient si l’élection présidentielle avait lieu le jour du sondage, 43 % ont répondu Abbas et 50 % ont répondu qu’ils voteraient pour Ismail Haniyeh, le responsable de l’aile politique du Hamas. De tous les hauts responsables du Fatah, seul Marwan Barghouti pourrait battre Haniyeh aux élections, le seul problème étant qu’il purge une peine de prison à vie dans une prison israélienne…

« Il serait surprenant que le Fatah surmonte, en moins de cinq mois, tous les désaccords et rivalités internes entre ses hauts responsables – dont aucun n’est populaire auprès des Palestiniens – et parvienne à se présenter avec un seul et même ticket – le 1er mai étant la date limite pour la présentation des listes », analyse Amira Hass dans Haaretz.

« D’autre part, souligne-t-elle, il est très probable que les électeurs palestiniens se souviendront de la leçon de 2006 : lorsqu’ils ont sanctionné le Fatah dans les urnes, préférant les candidats du Hamas dans une élection juste et transparente, Israël et le monde ont puni les électeurs en bloquant le transfert des frais de douane et des donations, et en décrétant le blocus de Gaza. Cette crainte constitue une reconnaissance implicite de la corruption électorale de la part des donateurs et d’Israël qui de fait disent :  « votez pour les candidates pour lesquels nous voulons que vous votiez ; sinon, les caisses de l’État se videront ».

« Une autre leçon de 2006 – lorsque Israël a kidnappé la plupart des représentants élus du Hamas en Cisjordanie – affectera vraisemblablement la composition des listes du mouvement,ajoute la journaliste.. Ainsi, contrairement aux prévisions des commentateurs israéliens, le Hamas ne sera pas en mesure de prendre part à la compétition puis d’administrer les enclaves palestiniennes de Cisjordanie, dans lesquelles il est aujourd’hui une force « absente » en raison des mesures oppressives d’Israël et de l’Autorité palestinienne. »

« Mais, fait-elle remarquer, la publication même du décret présidentiel montre que les accords voulus par le Hamas et le Fatah au cours de l’année passée ont fini par être atteints – du moins leur première étape, malgré les pronostics selon lesquels la reprise de la collaboration répressive  avec Israël perturberait le processus de rapprochement mené par Jibril Rajoub du Fatah et Saleh al-Arouri du Hamas.

L’AP a montré sa bonne volonté en abolissant un amendement de 2007 à la loi électorale exigeant que tous les candidats reconnaissent l’OLP comme le seul représentant légitime du peuple palestinien.

Comme le précise la loi de 2007, l’élection du Conseil législatif palestinien se fera à la proportionnelle, avec des listes nationales uniquement.Un système mixte a été utilisé lors de l’élection de 2006, combinant les listes nationales des partis avec des candidats représentant chacune des 16 circonscriptions électorales, qui sont connus de leurs électeurs. Les amendements de 2007 fixent également des quotas minimums de candidates, en précisant que 26 % des 132 sièges du Parlement doivent être occupés par des femmes.

L’un des principaux défis auxquels est confronté l’ensemble du système politique palestinien est la participation aux élections des Palestiniens de Jérusalem-Est, souligne par ailleurs Amira Hass.

« Avec tous les défauts inhérents à la tenue d’élections sous l’occupation israélienne, le processus même de leur tenue est susceptible d’intéresser et d’attirer de jeunes Palestiniens, en tant qu’électeurs et candidats, donnant au moins un nouveau souffle au système politique palestinien proche de la sclérose. À une condition cependant : qu’Israël n’emprisonne pas les candidats qui interviennent sur les tactiques de la résistance populaire à l’occupation, et qu’il ne permette pas aux seuls membres du Fatah qui lui sont soumis de se présenter aux élections. », conclut la journaliste.

(Source : Haaretz. Extraits traduits par Chronique de Palestine

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