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La Palestine au jour le jour : Semaine du 15 au 21 juillet

Tout arrive : Raji Sourani, le directeur du PCHR (Palestinian Center for Human Rights) –l’une des sources de cette chronique– a été décoré de l’ordre national du mérite… au nom d’Emmanuel Macron (qui n’est pas à un « et en même temps » près). C’est le consul général de France qui a remis cette distinction au cours d’une cérémonie au Centre Culturel Français de Gaza à cet avocat internationalement reconnu. Le PCHR est d’ailleurs une source d’information majeure pour alimenter le dossier de la plainte palestinienne devant la CPI. Les exactions qu’il dénonce sont soigneusement documentées. Le dossier continue de s’épaissir chaque semaine sans que le président français ne trouve à redire à l’allié israélien. Un bon allié toujours « à l’écoute » de ses « amis »…

L’occupant torture, tue et blesse
Le 21 juillet à 21h50, Abdo Al-Khatib Al-Tamimi, 43 ans, habitant du camp de Shuafat à Jérusalem, décède des suites d’une crise cardiaque à l’intérieur de sa cellule au centre d’interrogatoire (comprendre : de torture) et de détention « Al-Maskobiya ». Ce père de quatre enfants, qui laisse derrière lui une veuve enceinte, avait été arrêté… pour une infraction au code de la route. Selon les témoignages recueillis par des ONG, sa crise cardiaque serait due à un passage à tabac et à des décharges électriques.

Hormis ce cas particulièrement révoltant, le PMG recense 34 blessés cette semaine… dont 25 dans la répression d’une marche vers l’avant-poste d’Eviyatar sur le mont Sobeih à Beita (voir semaines précédentes). Dix d’entre eux ont été frappés par des tirs à balles réelles et quinze autres par des balles métalliques, pas beaucoup moins dangereuses. Les lacrymos ont provoqué 46 suffocations. Parmi les blessés, Ayham Abd al-Karim Dhiab n’a que 17 ans.
Non loin de là, le même après-midi, les villageois de Beit Dajan protestaient contre un autre « avant-poste » (colonie illégale y compris en droit israélien). La répression a fait de nombreux suffoqués et quatre blessés, dont un journaliste, Nidal Shafeeq Shtayyeh.
A Jaba (gouvernorat de Jénine), c’est dans les heurts provoqués par la prise d’assaut de plusieurs maisons que deux habitants sont blessés par les forces d’occupation.
Le soir du 15, lors d’un raid au village de Kharbhata (gouvernement de Ramallah), Yahya Hamouda est roué de coups et doit être hospitalisé.
Soutenus par l’armée et la police, les colons squattent les maisons, agressent les gens, saccagent les propriétés palestiniennes.
Le soir du 18, une bande de colons attaque les maisons du quartier de Tel Rumeida à Hébron. Ils s’en prennent à des passants et un habitant, Shaher Abu Eisha, doit être admis à l’hôpital municipal. Ces voyous proviennent des avant-postes Ramat Yishai et Beit Hadassah, colonies sauvages implantées dans la vieille ville d’Hébron,
Même en pleine nuit, les hooligans ne s’arrêtent pas. A 2h30 du matin, une bande venue de la colonie de Shilo caillasse les voitures palestiniennes. Blessés, Dosam Mohammed Rab et son fils Mohammed doivent être hospitalisés.


L’occupant kidnappe hommes, femmes et enfants
Les forces d’occupation se sont surpassées au soir du 14 juillet. A un barrage surprise établi à la sortie de Turmusaya (gouvernement de Ramallah), elles ont intercepté un car qui véhiculait 45 étudiants de l’université de Birzeit de retour d’une visite de soutien à la famille du résistant Montaser Al-Shalabi, famille privée de ressources et de domicile depuis que sa maison a été dynamitée en représailles (voir « Punition collective » dans le bilan précédent), Après interrogatoire, l’occupant a relâché 12 étudiants et en a retenu prisonniers 33.

Cette semaine, ce sont 95 habitants de Cisjordanie (sans compter les 33) qui ont été enlevés, le plus souvent à l’occasion des 33 attaques visant des manifestants ou lors des 91 raids de l’occupant.
Ainsi, à l’aube du 19 juillet, Ibrahim Bilal Taha (19 ans), du camp de réfugiés de Shuafat à Jérusalem, a été kidnappé à son domicile.
Souvent, les enlèvements se pratiquent en famille. Le 15 à 7h30, lors d’un raid au village d’Anin (gouvernement de Jénine), Fawaz Mustafa Yousef est capturé avec ses trois fils, Muhammad, Moaz et Muntasir. Non loin de là, à Yabad, à l’aube du 16, deux frères sont enlevés lors d’un raid : Jihad Harz Allah et son frère Saqr. Au même moment, à Shufa (gouvernement de Tulkarem), deux autres frères sont kidnappés chez eux : Al-Askari Ziyad Hamed, membre des forces de sécurité palestiniennes, et son frère Mu’in.

Les habitants de Jérusalem paient un lourd tribut à cette fièvre carcérale : ils sont 5 pour la seule journée du 15,
Les points de contrôle fournissent aussi leur part de prisonniers. Ainsi, c’est au pont Allenby, de retour de Jordanie, que Khaled Abu Sabha est arrêté.
Le 15, deux Gazaouis sont faits prisonniers alors qu’ils tentaient de s’évader du camp de concentration de Gaza. Le 19, un autre malchanceux est arrêté à l’est de Khan Younis.

La colonisation s’étend

Le 15, dans le gouvernorat de Bethléem, les autorités d’occupation décident la construction de 510 logements pour les colons, dont 400 dans la colonie « Migdal Oz » construite sur les terres de la ville de Beit Fajjar et 110 dans l’avant-poste « Abu Hanahel » construit sur les terres du village de Kisan.
Le 21, des colons armés d’un bulldozer font des travaux de « terrassement » préparatoires à la construction d’une route réservée aux colons près de Ni’lin (gouvernement de Ramallah) – sur des terres volées aux Palestiniens, est-il nécessaire de le préciser ?


Main basse sur Jérusalem

Le 15, protégés par les forces d’occupation, des activistes de l’association ultra-nationaliste « Elad » s’emparent d’une maison, de terres agricoles et de deux granges appartenant à Nafez al-Badri, dans le quartier de Silwan. Le but officiel d’ Elad est de renforcer la présence juive à Jérusalem,
Le 18, deux femmes se voient notifier une interdiction de se rendre à la mosquée d’Al-Aqsa pour une durée de six mois. Prier menace-t-il la sécurité d’Israël ?


Démolitions et destructions
Le nettoyage ethnique s’étend même au lointain passé ! Le 15, sous prétexte de travaux d’élargissement de la route 60, qui traverse le village d’Al-Khader près de Bethléem, les bulldozers saccagent le principal cimetière cananéen de Palestine.
Le matin du même jour, c’est pour la huitième fois que l’occupant détruit le campement des fanatiques de la colonie de Michola, qui s’emparent d’un terrain pour y construire leur propre campement ! En même temps, à al-Mughayer (gouvernement de Ramallah), l’occupant détruit les cinq maisons, tentes et barraquements de la communauté bédouine d’al-Qaboun. Et pendant ce temps, près de Naplouse, les forces d’occupation détruisent un réservoir municipal de collecte d’eau pluviale utilisé pour abreuver hommes et bêtes du village de Forish Beit Dajan. Tout cela en une seule matinée !


« Ce qui est à toi est à moi »

Le 15 à 2h du matin, lors d’un raid sur le camp d’Aqabat Jabr, à Jéricho, non content de kidnapper deux habitants, l’occupant s’empare du véhicule de l’un d’eux.
Le 18, près de Bani (gouvernement de Hébron), c’est un bulldozer qui tombe dans l’escarcelle des soldats.
Le 20, lors de la prise d’assaut de la maison du prisonnier Abd Dowayat, à Sur Baher (gouvernement de Jérusalem), les soldats font main basse sur 2500 shekels (650 €).


L’occupant mène une guerre de religion
Quasi quotidiennement, vers 8h30, une bande de colons investit l’esplanade des mosquées à Jérusalem, hurle des insultes et se livre à des provocations sous la protection de l’armée.
À l’aube du 18, les forces d’occupation font une descente dans les cours de la mosquée Al-Aqsa. Elles tirent des grenades assourdissantes vers les fidèles, les forçant à quitter l’esplanade, et ferment avec des chaînes la salle de prière d’Al-Qibli. Enfin elles arrêtent les fidèles à l’intérieur de la mosquée. Tout ça pour faire place nette aux centaines de colons qui commémorent la destruction du temple par le futur empereur Titus.

La Palestine au jour le jour : Semaine du 15 au 21 juillet


L’occupant entrave.
Aux 108 checkpoints militaires permanents qui parsèment la Cisjordanie se sont ajoutés cette semaine 81 checkpoints temporaires et 8 fermetures de carrefours stratégiques.


L’occupant enferme et harcèle Gaza.

Comme chaque semaine, la bande de Gaza n’est pas seulement enfermée, elle est attaquée.
Attaques contre des pêcheurs le 15 au large d’al-Sudaniya.
Attaque contre des terres agricoles depuis la ligne de séparation le 17 à l’est de Khan Younis.
Incursions de bulldozers accompagnés de véhicules militaires et couverts par l’aviation les 20 et 21 à l’est de Rafah.

(Compilé et traduit par Philippe G. pour EuroPalestine, à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR), du Palestinian Monitoring Group (PMG): http://www.nad.ps/ et de la compilation de Leslie et Marian Bravery* (Palestine Human Rights Campaign, Auckland, Nouvelle Zélande).

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