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La Palestine au jour le jour : Semaine du 29 juillet au 4 août

Feu à volonté sur les villageois en deuil.
Rappel des faits. Le 29 vers 13 heures, dans le village martyr de Beit Ommar, au nord d’Hébron, le cortège funèbre de Mohammed Shehda (voir bilan précédent) se retrouve nez à nez avec un grand déploiement de soldats et de véhicules militaires bloquant la route qui mène au cimetière. Sans que la moindre pierre ait été lancée, la soldatesque commence à arroser de gaz lacrymogène les villageois en deuil, amenant certains d’entre eux à fuir par une route secondaire pour se réfugier dans le cimetière. Le gros du cortège préfère tenir tête aux soldats. Aux alentours de 14 h, Shawkat Za’aqeeq (21 ans) s’effondre, atteint d’une balle réelle à l’abdomen. Alors qu’il tente de se relever, son assassin le terrasse d’une seconde balle en pleine tête. De jeunes villageois parviennent à exfiltrer Shawkat vers une ambulance du Croissant rouge palestinien. Opéré à l’hôpital Al-Mizan, il succombe à ses blessures le soir même.
Dix autres villageois sont blessés par balles au cours des affrontements qui se prolongent jusqu’à 16 h.
Comble de l’abjection : l’occupant arrose le cortège de liquide skunk. Cette spécialité de la société israélienne Odortec répand une odeur pestilentielle capable de s’accrocher à sa victime (humain, objet ou bâtiment) pendant trois jours à trois semaines.

La Palestine au jour le jour : Semaine du 29 juillet au 4 août


Le lendemain à 14h, la répression d’une nouvelle commémoration pacifique cause 20 blessés supplémentaires, sans compter 36 victimes de suffocation.


Une répression sanglante et nauséabonde.

Au total, le PMG recense cette semaine 153 personnes, dont au moins 3 mineurs, blessées par l’occupant au cours de 33 attaques contre des manifestants sans armes.

Hormis Beit Ommar, c’est encore une fois Beita qui paie le plus lourd tribut (voir bilan précédent). Le 29, à l’entrée du village, des manifestants réclament la restitution du corps de Shadi Omir, assassiné deux jours plus tôt. Ils sont accueillis par les bombes assourdissantes et lacrymogènes de l’occupant. Puis ils entament leur marche quasi quotidienne vers le mont Sobelh, afin de protester contre le poste militaire qui garde les constructions des colons et contre la légalisation en cours de « l’avant poste » ainsi protégé, Les balles métalliques blessent 10 habitants, dont Jamal Youssef Hamdan, mineur de 17 ans.
Le 30 en début d’après midi, la répression de la marche du jour fait 92 blessés,
Le 2 août, les manifestants comptent encore 2 blessés.

Non loin de là, à Beit Dajan, 10 villageois sont blessés le 30 lors d’une protestation contre les attaques de colons et le vol des terres.
En ce même 30 juillet à Sheikh Jarrah, quartier de Jérusalem, un sit-in pacifique des quatre familles menacées d’expulsion est durement réprimé par l’occupant. Après avoir bouclé le quartier, les forces d’occupation matraquent les protestataires, les coursent à travers le quartier et les arrosent de skunk. Les médias présents et leur matériel ont droit au même traitement odorant. Mohammed Odah, mineur de 16 ans, est battu et arrêté au cours de cet ultime baroud de déshonneur de l’occupant, deux jours avant que la cour suprême israélienne, sous pression internationale, accorde un répit temporaire aux expulsables (voir article).
Le 31, dans le nord de la vallée du Jourdain, les forces d’occupation s’opposent à une manifestation contre le vol des terres et les attaques de colons. Hasan Daraghmeh (16 ans) est blessé et un officier des Forces de Sécurité palestiniennes arrêté.
Notons que l’occupant ne s’en prend pas qu’aux enterrements. Il a aussi une façon bien à lui d’animer les mariages à coups de bombes lacrymogènes. Le lundi, à Jénine, il s’invite aux noces de Jamal Tahayina, suffoquant de nombreux participants qui doivent être soignés sur place et provoquant l’annulation du mariage.

La toile carcérale s’étend
L’occupant a mené cette semaine 129 incursions en Cisjordanie, dont des dizaines de raids contre des maisons prises d’assaut en pleine nuit.

Ces agressions s’accompagnent de, l’enlèvement de 81 habitants, parmi lesquels :

une femme de 23 ans, Nour Khaled Horoub, kidnappée dans la nuit du 29 à son domicile de Dura, près d’Hébron.

Et pour ne citer que les mineurs :

  • Le soir du 30, enlèvement d’un enfant, Nasrallah Abu Obeid, près du camp d’Aqabat Jabr à Jéricho.
  • Le 1er août, Ayham Al-Sha’er (15 ans), du quartier d’al-Tur à Jérusalem, se rend de lui-même à la prison pour accomplir la peine de six mois qui lui a été infligée. Difficile en effet d’être en cavale dans une Cisjordanie où l’occupant est omniprésent !
  • Le 4, à 3 h 20 du matin, l’occupant envahit le village de Kober, près de Ramallah, et kidnappe une jeune fille de 17 ans, Mina Samer Al-Barghouti.
  • A 2 h du matin, à Silwan (quartier de Jérusalem visé par le nettoyage ethnique), un jeune de 15 ans est enlevé : Maher Zaytoun. Plus tard, à 8 h, Mas’oud Zaytoun (13 ans) est à son tour kidnappé à son domicile de Silwan, en même temps qu’un voisin de 19 ans, Sinan Awwad.
    Et comme d’habitude, pas d’accompagnement par les parents, pas d’avocat, faux aveux en hébreu signés sous la menace, violences physiques, etc. Et la France ne dit et ne fait rien !

  • Haro sur les ONG
    Ramallah, le 29 juillet à 3h30 du matin. Les forces d’occupation défoncent les portes du Bisan Center for Research and Development, qui œuvre en faveur des personnes défavorisées et pour la « résilience », Les agresseurs mettent à sac les bureaux, pratiquent une fouille minutieuse et saisissent le matériel informatique.
    Un peu plus tard et non loin de là, à Al-Bireh, c’est au tour de l’antenne locale de Defense for Children International d’être attaquée. Même scénario : porte pulvérisée, fouille minutieuse, dossiers et ordinateurs saisis. Pour finir en beauté, lâcher de bombes lacrymogènes à travers les locaux avant de partir.
    Notons que Ramallah – Al-Bireh était censée être la capitale de « l’Etat de Palestine », en zone A (sans présence militaire israélienne) selon le processus d’Oslo…
    Le 3 août, c’est le siège de l’association al-Bustan, à Silwan, qui est à son tour la cible de l’Etat terroriste. Al-Bustan, qui œuvre pour l’enseignement et la culture des jeunes, bénéficie du financement (mais non de la protection…) de plusieurs ministères français, comme s’en indignent les Israéliens… Les locaux sont saccagés, les documents et les ordinateurs saisis. Le directeur de l’ONG, Qutaba Owda, est arrêté et conduit au poste de police de la rue Salah al-Din (Saladin) – celui-là même où Haaretz a signalé la pratique du passage à tabac de manifestants, y compris handicapés. Présenté devant le tribunal d’instance, Qutaba Owda voit sa détention prolongée de plusieurs jours. Aussi, quelle idée de vouloir éduquer les enfants !

  • Une « demolition nation »
    Cette semaine, l’occupant a démoli ou fait démolir par leurs propriétaires 6 maisons et détruit 18 biens matériels les plus divers.
    Bien entendu, Jérusalem est la première visée. Ainsi, le 29, dans le quartier d’Al-Tur, Suhaib al-Dajani a dû détruire lui-même sa maison de trois étages qu’il partageait avec son frère, jetant 14 personnes à la rue.

Et quand il s’agit de détruire d’un coup 16 magasins sur une rue principale de Jérusalem Est, l’occupant ne lésine pas sur les moyens : le 4, dès 2h30 du matin, 4 pelleteuses et 2 bulldozers, accompagnés d’une armada de 500 agents municipaux (sic) s’affairent pendant 8 heures. Les échoppes employaient plus de 150 salariés. Dans la foulée, les démolisseurs abattent une maison d’habitation. Surpris avant l’aube, les propriétaires n’ont pas eu le temps d’évacuer leur marchandise. Selon leurs avocats, la cour d’appel israélienne avait abrogé l’ordre de démolition mais le gouvernement n’en a pas tenu compte et la rapidité d’exécution de ce saccage réclamé par les associations de colons n’a pas permis aux victimes de saisir à nouveau la « Justice ».



Les habitants du nord de la vallée du Jourdain, et en particulier les bédouins exilés là depuis le désert de Neguev, sont aussi régulièrement en butte aux ordres de démolition, démontages et pillage de leurs campements : il en va ainsi le 29 (4 familles + 1 tracteur confisqué) ou encore le 4 (logements de 3 familles + bergeries + réservoirs d’eau + panneaux solaires de 5 familles + générateur + 2 voitures particulières).


Les colons agressent les gens, saccagent et volent les propriétés…
L’imagination des colons n’a pas de bornes dès qu’il s’agit de pourrir la vie des habitants dont ils volent les terres. Florilège :
Le 30, près de Naplouse, un colon armé positionné à un checkpoint arrête une voiture et agresse ses occupants.
Non loin de là, des fanatiques de la colonie de Har Brakha abattent 6 poteaux téléphoniques servant à raccorder une partie du village de Burin.
Le même jour, une bande de colons attaque physiquement des habitants de Tarqumiya, près d’Hébron.
Le 31, près de Bethléem, des vandales des colonies Daniel et Eleazar saccagent et aspergent de produits toxiques 140 plants d’oliviers.
Le 2 août, des voyous de la colonie de Barakhah font irruption sur les terres du village d’Iraq Burin, près de Naplouse, s’emparent de la mule d’un paysan et le prennent en chasse. Blessé dans sa fuite, il est victime de fractures et hospitalisé.
Mais l’activité préférée des colons reste le vol des terres :
Dans la soirée du 1er août, une bande venue de la plaine de Mofieh, dans le nord de la vallée du Jourdain, entreprend des travaux de terrassement sur un terrain dont elle compte bien s’emparer. Et le 2, des activistes de l’avant-poste « Ibi Hanahel » (illégal même aux yeux d’Israël) débutent les travaux de construction d’une route sur les terres d’un villageois de Kisan, près de Bethléem.
L’occupant entrave


Aux 108 points de contrôle permanents se sont ajoutés cette semaine 92 checkpoints « surprise », civils ou militaires et 6 bouclages de rues ou carrefours stratégiques.
L’occupant enferme et harcèle Gaza
A doses homéopathiques, Israël a annoncé cette semaine certains assouplissements dans le blocus de Gaza. L’importation de matières premières liées à des projets parrainés par la communauté internationale est autorisée (trop aimable!) et la zone de pêche est portée de 6 à 12 milles (limite des eaux territoriales, très loin de la zone économique exclusive de 200 milles prévue par le droit international).
Malgré ce geste, Gaza l’enfermée continue à subir les agressions continuelles de son geolier.
Attaques contre des pêcheurs :

Le 29 juillet au point du jour, des bateaux de pêche essuient les tirs des navires garde-côtes israéliens qui les pourchassant au large au nord-ouest de Beit Lahia. Un bateau est encerclé et confisqué et ses deux occupants (un homme et son fils) sont emmenés en détention en Israël.

Le 2 août, dans les mêmes parages, d’autres pêcheurs subissent des tirs mais parviennent à échapper à leurs poursuivants. Et d’autres encore au large de Deir Al-Balah.
Tirs contre des terres agricoles :

Le 31, l’armée stationnée derrière la ligne de séparation fait feu à l’est de Beit Hanoun, à l’est de Deir al-Balah et à l’est de Khan Yunis.

Le 2, même scénario à l’est d’Al-Zaytoun et de Khuza’a.
Incursions :
Le 2, à l’est d’Al-Maghazi, bulldozers et véhicules militaires sous protection aérienne pénètrent d’une centaine de mètres en territoire gazaoui et procèdent à des travaux de terrassement. Le même scénario se produit le même jour à l’est de Qarara sur une profondeur de 500 m, le 4 à l’est d’Al-Zaytoun et à l’est de Khan Yunis sur une profondeur de 50 m.

Arrestations :
Le 1er, Israël capture quatre Gazaouis qui tentaient de franchir la barrière de leur prison à ciel ouvert.


(Compilé et traduit par Philippe G. pour CAPJPO-EuroPalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR), du Palestinian Monitoring Group (PMG): http://www.nad.ps/ et de la compilation de Leslie et Marian Bravery* (Palestine Human Rights Campaign, Auckland, Nouvelle Zélande).

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