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Palestine : Bilan des crimes et violations commis par Israël du 9 au 15 septembre

ASSASSINATS

Vendredi 10 septembre, à Bab al-Majles, l’une des portes d’accès à la mosquée Al-Aqsa, le docteur Hazem al-Jouani est blessé mortellement par les balles de soldats de l’armée d’occupation. A 51 ans, l’ex-directeur du Ryan College of Complementary Medecine de Jérusalem aurait menacé un soldat avec un couteau. La riposte est si violente qu’un soldat israélien est lui-même atteint légèrement par une balle perdue.

Comme l’atteste une vidéo (https://www.youtube.com/watch?v=xL9JpyYHFro&t=6s), après avoir transpercé le médecin d’au moins quatre balles dans le dos et le cou, les soldats l’ont menotté et l’un d’eux a appuyé son pied sur sa principale blessure, le laissant agoniser pendant une heure alors que les secours sont empêchés d’approcher. Finalement transféré vers un hôpital israélien, il succombe.

Les soldats perquisitionnent alors la maison du médecin. Ils arrêtent sa femme, son fils et ses deux frères, avant de les relâcher après plusieurs heures d’interrogatoire. Pendant ce temps, armée et police ferment toutes les portes de la vieille ville et installent des dizaines de barrages militaires.

Le docteur habitait le quartier de Shuafat, qui abrite un camp de réfugiés et quatre colonies. Si ce médecin d’âge mûr, unanimement respecté, a réellement commis ce geste suicidaire, on imagine comment la pression incessante de l’occupation a pu le pousser à bout.

Régner par la terreur

A Bethléem, le 13, Mohammed Bilu (27 ans) a eu plus de chance. Alors qu’il s’approche d’un soldat perché à 4 m de distance sur un talus, celui-ci le blesse grièvement par balle. Là encore, les soldats empêchent les Palestiniens présents de secourir l’homme qui, tombé à terre, est molesté par des colons. Finalement emmené au centre médical Shaare Zedek, il survivra à ses blessures.

Au total, le PMG comptabilise durant cette semaine 66 blessé-e-s à des checkpoints ou à l’occasion de 136 répressions « musclées » de manifestations et de 89 raids sur des villes et villages de Cisjordanie occupée.

Parmi les blessés, citons Nadim Aslam (ou Islim, selon la transcription), 14 ans, meurtri au visage par une balle métallique lors d’une manifestation le soir du 11 à l’entrée d’Azzun, à l’est de Qalqiliya.

Le 13, un jeune de 17 ans, Bassem Shawamreh, est grièvement blessé par balles à Jérusalem. Il aurait attaqué des colons. Rescapé, il est emmené en détention.

Une fois de plus, c’est à Beita que la répression est la plus massive. Lors de la manifestation pacifique du vendredi contre la colonisation du mont Sobeih, 18 personnes sont blessées, dont le photojournaliste Alaa Badarneh.

Un autre photojournaliste, Nidal al-Natsheh, est blessé au genou et hospitalisé le jeudi 9 lors d’affrontements au checkpoint militaire de la rue al Shuada. Autrefois principale rue commerçante d’Hébron, elle est aujourd’hui réservée aux colons ultra-religieux, coupant la ville en deux.

Evidemment, les femmes ne sont pas épargnées. Au soir du 12, Raghda Abu Al-Hawa est blessée dans une manifestation à Al-Tur (mont des oliviers), faubourg de Jérusalem. Dans leur acharnement à poursuivre les protestataires, les soldats envahissent l’hôpital Al-Makassed.

Le soir du 13, lors d’une manifestation au checkpoint d’Hawara, près de Naplouse, on compte parmi les 10 blessé-e-s une femme, ainsi qu’un journaliste, Ashraf Abu Shawish.

Quant à l’avocat Abdel Shaqour, les blessures qui l’ont conduit à l’hôpital sont dues au passage à tabac subi lors de la prise d’assaut de Kifl Haris, près de Salfit, le 13 au soir.

Les colons ne sont pas en reste. Le 10, à l’entrée d’Al-Ram, faubourg de Jérusalem, un fanatique heureusement maladroit fait feu sur trois mineurs. Le 12, dans le quartier d’al-Tur à Jérusalem, un colon percute Walid Al-Hawa avec sa voiture, lui causant plaies et fractures. Le 13, une bande de colons tabasse deux habitants de la vieille ville d’Hébron. Dans la nuit du 15, les colons qui caillassent des maisons de Palestiniens à Hébron bénéficient du soutien des balles et des grenades de l’armée…

Les assauts des forces d’occupation ont leurs dommages collatéraux. Le 11, à Bethléem, une grenade lacrymogène perdue déclenche un incendie à l’hôtel St Michel. Samih Assakreh, au mauvais endroit au mauvais moment, souffre de brûlures.

La case prison dès 11 ans !

Cette semaine, 114 nouveaux prisonniers politiques de Cisjordanie ont intégré la toile carcérale de l’occupant. Dès le plus jeune âge…

Onze ans ! C’est l’âge de Malek Jawabra, kidnappé au matin du 9 septembre à l’entrée du camp d’Al Aroub, dans le gouvernorat d’Hébron.

Le soir du même jour, lors d’affrontements dans le quartier de Bab al-Zawiya à Hébron, les soldats coursent et arrêtent un jeune de 17 ans, Mohammed Abu Daoud (vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=yTQFFH9sARw).

Le 11 à 19h20, une nouvelle fois à l’entrée du camp d’Al-Aroub, un autre jeune de 17 ans, Kamel Abu Hashhash, entre à son tour dans la toile carcérale. Trois adultes sont arrêtés en même temps.

Ahmed Odeh aussi n’a que 17 ans. Il est kidnappé au soir du 12 au nord de Qalqiliya, en même temps qu’une femme adulte, Ayser Abu Sheina.

Youssef Odeh, enlevé le soir du 14 à Huwara, n’a quant à lui que 16 ans. Le checkpoint de cette ville a produit 4 blessés et 16 suffoqués le même soir.

Certaines arrestations s’apparentent à des rafles. Ainsi, le 10 à 16h35, l’occupant arrête d’un coup 7 habitants de Sa’ir, près d’Hébron.

Le 12 à 13h30, les soldats attendent les étudiants à la sortie de l’école secondaire de Teqoa, à l’est de Bethléem. Mais ce n’est pas pour les aider à traverser ! Parmi les étudiants enlevés, on compte 4 mineurs : Atiya al-‘Ammour (15 ans), Ghaith Jebril (14 ans), Hussam al-‘Ammour (16 ans) et son frère Wissam (14 ans).

Le 14, à 2h, l’occupant kidnappe d’un coup 6 habitants du village de Bidu, près de Jérusalem. A 3 h 30, un raid sur Dura débouche sur 6 arrestations, dont un père et son fils.

Certaines familles subissent un vrai acharnement. Le 12, à 5h du matin, lors d’un raid sur le village d’Abu Njeim, à l’est de Bethléem, l’armée assiège la maison de Hassan Shoka, prisonnier récemment libéré. Dans la famille Shoka, en échange de cette libération, l’occupant kidnappe la mère, Salwa, et ses deux fils, Muhammad et Musa. Leur sœur Alaa est « seulement » battue… (vidéo : https://www.youtube.com/watch?t=5&v=h6GzR3PSkkI&feature=emb_imp_woyt). On compte sur la vidéo 8 soldats bien armés pour s’emparer d’une femme sans défense. On n’est jamais trop prudent…

Palestine : Bilan des crimes et violations commis par Israël du 9 au 15 septembre
Salwa Shoka

Le 13, à 20h25, l’armée enlève deux adolescents : Muhammad Amira (16 ans) et Mustafa Umira (14 ans). Les audacieux s’étaient approchés de la colonie de Hashmonaim, implantée sur des terres volées à Ni’lin, en bordure du mur.

Tout aussi imprudent, Muhammad Thawabteh ose s’approcher de la colonie de Kfar Etzion. Il subit la double peine : blessé et emprisonné.

Le 14, Youssef Odeh, enlevé à Hawara (près de Naplouse), n’a que 16 ans. Le même jour, à Sa’ir (près d’Hébron), des affrontements conduisent à l’arrestation d’une lycéenne de 15 ans, Ghada Kawazbeh.

Le même jour, l’armée prend d’assaut la maison de la famille Semrin à Silwan, faubourg de Jérusalem. Khader (16 ans) et son frère Abdul (15 ans) sont pris dans les filets de l’occupant.

Gare à la cinquième colonne !

Tous les moyens sont bons pour kidnapper de jeunes Palestiniens. Ainsi, la Mista‘arvim est une brigade d’infiltration se faisant passer pour des civils palestiniens. Le 14, guettant sa proie à bord d’un véhicule immatriculé en Palestine, elle stationne près d’une station essence dans la rue principale du village de Huwwarah, près de Naplouse. Elle met la main sur le jeune Yousef Owda (16 ans) et l’emmène vers une destination inconnue.

Le 15 à 4h40, la même fine équipe enlève un étudiant de Ramallah, Ja’far Kayed.

A 18h30, à Ya’bad, l’armée prend d’assaut la maison des Torkman et enlève Nazzal (18 ans) et Mahmoud (17 ans).

Il est vrai que la carrière de prisonnier en Israël peut être longue, mieux vaut commencer jeune ! Le 14, Medhat al-Issawi est arrêté à son domicile du faubourg homonyme de Jérusalem. A seulement 48 ans, il a déjà passé 27 ans en prison. Il venait d’être relâché… le 12 juillet dernier.

Medhat al-Issawi est arrêté à son domicile après avoir été libéré en juillet dernier

Quant à Majd al-Sheikh, enlevé le 14 à al-Bireh, les agresseurs en uniforme ont fait main basse sur son bas de laine de 100 000 shekels.

Vengeance contre les évasions

Le 10, à 2h30, à Arraba, près de Jénine, l’armée prend d’assaut la maison de Mme Basema ‘Aarda et l’emmène en détention en même temps que ses deux frères, Ra’ed et Mohammed, en représaille probable à l’évasion de son frère Mahmoud. Trois pour un (repris depuis), c’est la loi du talion à l’israélienne !

Non loin de là, à Bir Al-Basha, une autre opération musclée aboutit à l’arrestation de Yousef et Ra’fat Ghawadrah, comme s’ils étaient coupables de l’évasion de leur proche.

Toujours dans la région de Jénine, d’où sont originaires les évadés, l’armée investit le village de Kafr Dan le 13 à 2h30 et kidnappe Emad Kamamji et son cousin, Qaysar, représailles pour l’évasion du frère d’Emad, Ayham.

Dans la même logique de prise d’otages, l’armée arrête Sharihan Shawka pour obliger son mari à se rendre (voir l’article https://europalestine.com/2021/09/15/ils-kidnappent-sa-femme-pour-quil-se-constitue-prisonnier/).

Un peuple ligoté

Du 15 à 13h au 16 à minuit, l’accès à Jérusalem et à Israël ont été interdits depuis la Palestine, même aux travailleurs munis de permis. Motif : c’était jour de Yom Kippour. Si le « grand pardon » est réservé aux juifs, on sait en revanche qui joue le rôle du bouc émissaire…

En Cisjordanie, aux 108 points de contrôle permanents, qui transforment le moindre déplacement en angoissant parcours d’obstacles, se sont ajoutés 17 carrefours ou axes principaux provisoirement fermés et 89 checkpoints surprise. C’est à l’un de ces pièges que, le 11, se sont fait enlever trois habitants de Nabi Saleh, un des hauts lieux de la résistance : Mutasim Al-Tamimi, Muhammad Al-Tamimi et Ahmed Odeh. De même que Yazan Darwish, Ahmed Boja (18 ans), Malik Dibah, Abdul Musleh…

Gaza toujours assiégée

Sous blocus depuis 15 ans, Gaza continue de subir les provocations et attaques de l’occupant. Avec les moyens du bord, des résistants réagissent…

Le soir du 10, aux alentours de Khan Yunis, un groupe de résistants lance un projectile vers la ligne de démarcation. L’occupant riposte par une pluie de missiles vers les positions de ce groupe mais également vers Deir al-Balah et… vers des terres agricoles à Beit Hanoun.

Le scénario se répète le 11 et le 12 : quelques projectiles artisanaux lancés depuis les environs de Gaza, une vingtaine de missiles high tech largués en retour. Ce sont les Etats-Unis qui régalent…

Pendant ce temps, les garde-côtes continuent de prendre quotidiennement pour cible les pêcheurs qui tentent de pêcher au large, là où se trouve le poisson, même si c’est dans les limites des eaux territoriales gazaouies.

A cela s’ajoutent, les 14 et 15, des incursions de bulldozers appuyés par des véhicules militaires et couverts par l’aviation pour niveler des terrains frontaliers où des tireurs palestiniens pourraient éventuellement s’embusquer. On n’est jamais trop prudent quand on doit défendre un Etat d’apartheid !

(Compilé et traduit par Philippe G. pour CAPJPO_Europalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR), du Palestinian Monitoring Group (PMG): http://www.nad.ps/ , de la compilation de Leslie et Marian Bravery* (Palestine Human Rights Campaign, Auckland, Nouvelle Zélande).

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