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Sous Biden, les détentions illégales à Guantánamo continuent

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Deux décennies après le 11 Septembre, la prison américaine de Guantánamo Bay détient toujours des détenus qui n’ont été accusés d’aucun crime. Ces crimes doivent cesser et la base doit être rendue à la République de Cuba, écrivent Jacobin Mag et Miriam Pensack  dans Les Crises.

Sous Biden, les détentions illégales à Guantánamo continuent
  • Extraits de l’article :

« Pourtant, alors même que la guerre éternelle trouve son dénouement nihiliste, et que a Washington on a fini par remplacer les talibans par les talibans,la détention illégale à Guantánamo se poursuit. Barack Obama n’a jamais tenu sa promesse de campagne et son décret de 2009 de fermer la prison, et si l’un des quarante hommes qui y étaient détenus lorsque Joe Biden a pris ses fonctions a depuis été transféré dans son pays d’origine, le Maroc, on ne sait pas comment l’administration actuelle va s’occuper des trente-neuf hommes qui restent.

Un empire a besoin d’ennemis au-delà de ses portes, et Washington s’est montré exceptionnellement doué pour en fabriquer.

Le tribunal de guerre des commissions militaires établi à la base pour statuer sur le sort des personnes inculpées traite actuellement les cas de douze hommes – trois faisant l’objet d’une proposition d’inculpation,  sept faisant l’objet d’une inculpation active et deux ayant été condamnés. Dix autres des soi-disant combattants ennemis restants sont toujours détenus en vertu de la loi de la guerre et ne font l’objet d’aucune accusation. Il est désormais recommandé de les transférer vers un autre pays, qui « supervisera les mesures de sécurité correspondantes ».

Les dix-sept derniers ne font l’objet d’aucune accusation et leur transfert ou leur libération n’ont pas été recommandés. À ce stade de l’histoire de la prison, cette dernière catégorie est peut-être l’état de flou juridique le plus extrême auquel un détenu de Guantánamo puisse être confronté. C’est également la catégorie dans laquelle se trouve Zayn al-Abidin Muhammad Husayn.

Son cas est remarquable parmi les 780 hommes et enfants qui ont été détenus à Guantánamo. Il a été le premier à être soumis à la torture, à la nudité forcée, à être privé de sommeil pendant des jours et à être maintenu dans une boîte pas plus grande qu’un cercueil humain pendant de longues périodes.

Lorsqu’al-Abidin Muhammad Husayn a été placé sous la garde de la CIA après sa capture lors d’un raid américano-pakistanais en mars 2002 à Faisalabad, au Pakistan, il avait encore son œil gauche. Lorsqu’il a été transféré d’un site noir à Guantanamo quatre ans plus tard, il avait perdu cela aussi.

Le statut juridique des hommes toujours détenus à Guantanamo est obscur à dessein, non seulement parce qu’il est illégal de détenir indéfiniment une personne sans l’inculper d’un crime, mais aussi parce que l’appareil judiciaire de la base cherche à juger des civils dans le cadre d’un tribunal militaire.

Des ennemis aux portes

La manière dont ces pratiques ont été mises en œuvre est elle-même un vestige des invasions américaines du passé. Les États-Unis ont obtenu par la force un bail pour le territoire sur lequel se trouve Guantánamo dans le cadre de l’accord mettant fin à leur première occupation militaire de Cuba en 1902 – deux autres interventions militaires américaines allaient prendre d’assaut l’île avant longtemps. Le bail ne comportait pas de date d’expiration et ne pouvait être annulé qu’avec l’accord des deux gouvernements. Lorsque l’accord est renégocié en 1934, après une période de changement de régime tumultueux sur l’île, il cimente à nouveau un bail du territoire cubain à perpétuité.

Une présence militaire à l’étranger sans date de fin n’est pas sans rappeler la « guerre éternelle », mais le lien est encore plus profond. Immédiatement après le 11 Septembre, lorsque l’administration Bush a ajouté Cuba à sa liste de « l’Axe du mal », elle a commencé à kidnapper et à détenir illégalement des hommes et des garçons sur un territoire qui, selon elle, était sous juridiction cubaine et n’était donc pas soumis à la loi américaine.

Le gouvernement américain est remarquablement habile à forger les conditions par lesquelles il justifie ses interventions. En décembre 2001, le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, a refusé un accord de paix négocié avec les talibans. Au lieu d’accepter un accord avec un gouvernement qui espérait lui-même débarrasser l’Afghanistan d’Al-Qaïda, et était soucieux d’obtenir la reconnaissance des gouvernements occidentaux, Washington s’est engagé dans vingt ans de guerre qui ont causé des pertes humaines inimaginables. Ce n’était pas parce qu’il était impossible d’arracher Oussama ben Laden à l’Afghanistan dirigé par les talibans par d’autres moyens. Washington voulait une guerre.

Comme l’ont souligné les récentes images de la crise humanitaire provoquée par l’intervention américaine dans ce pays, la croisade mondiale de Washington contre la terreur n’a certainement pas rendu le monde plus sûr. Les centaines de milliers de vies perdues, les traumatismes et la dévastation qui ne cessent pas lorsque les bottes de combat américaines quittent le sol irakien ou afghan, constituent l’héritage de l’Amérique pour les peuples qu’elle avait promis de libérer.

Incommunicado

La CIA a de nombreuses raisons de vouloir maintenir Abu Zubaydah au secret pour le reste de sa vie. Car la fabrication des faits utilisés pour justifier la création du programme de torture ne serait plus tenue au secret.

Bien que le Conseil national de Sécurité des Nations Unies affirme qu’il n’a jamais été affilié à Al-Qaïda et qu’il est peu probable qu’il le soit à l’avenir, il est compréhensible qu’un homme enlevé, torturé et emprisonné illégalement pendant près de vingt ans puisse éprouver une certaine antipathie à l’égard des États-Unis.

En fin de compte, Zayn al-Abidin Muhammad Husayn représente un danger pour les intérêts américains car sa libération pourrait lui permettre d’énumérer, avec ses propres mots, ce que la CIA lui a fait subir dans ses sites noirs durant toutes ces années. S’il s’agit d’une menace pour la sécurité des Américains, elle est très certainement le fait de Washington elle-même. »

Miriam Pensack est écrivaine, éditrice et doctorante en histoire de l’Amérique latine à l’université de New York.

*Source : Les Crises

(Traduit par les lecteurs du site Les-Crises)

Article intégral publié sur France-Irak Actualités : https://www.france-irak-actualite.com/2021/10/sous-biden-les-detentions-illegales-a-guantanamo-continuent.html

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