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Palestine : Bilan des crimes israéliens du 28 octobre au 3 novembre

Feu sur les manifestants ! 

Cette semaine, 19 Palestiniens de Cisjordanie ont subi des blessures infligées par les forces d’occupation ou par les colons qu’elles protègent. La Palestine occupée a enduré 95 raids et 48 attaques de manifestants à coups de balles, grenades assourdissantes et lacrymogènes. Au moins trois mineurs figurent parmi les blessés. 

Palestine : Bilan des crimes israéliens du 28 octobre au 3 novembre

Amir Ahmed Hassan (16 ans) est touché mardi vers 5h lors des affrontements consécutifs à un raid sur le camp de Dheisheh, à Bethléem. Dimanche, Hassan Bicharat (14 ans) est blessé légèrement à la main, suite à une agression par des colons tandis qu’il garde des moutons dans le nord de la vallée du Jourdain. Quant à Abdul Jaber (12 ans), c’est alors qu’il est pourchassé par une bande de colons de la rue Shuhada, au cœur de la ville d’Hébron, qu’il se blesse mercredi soir en tentant de sauter par dessus un mur. Il est conduit à l’hôpital.

Dans la seule journée du vendredi, jour de prière… et de protestation, trois personnes sont  blessées lors d’une manifestation contre la destruction du cimetière de Yusufiya à Jérusalem. Sept autres lors de la marche hebdomadaire contre l’avant-poste d’Evyatar à Beita (voir semaines précédentes). Deux autres enfin alors qu’elles se dressent contre le bouclage du village de Kafr Qaddoum. Depuis 2011, les villageois protestent contre les deux colonies qui bloquent la route entre Kafr Qaddoum et le village voisin de Jit. En 2020, le bilan de la répression s’établissait déjà à 100 blessés et 170 arrestations…

Quant à Hilab Halayka, du village de Beit Anun près d’Hébron, non content d’être violemment agressé par des soldats, il est dépouillé de 1200 shekels en liquide, 17000 shekels en chèques, sa carte bancaire, les clés et les papiers de son véhicule, sa carte magnétique et sa carte d’identité. Mieux aurait valu qu’il tombe sur des bandits de grand chemin ! 

Prisonniers politiques à 12 ans 

Parmi les 100 civils de Cisjordanie pris au piège de la toile carcérale israélienne, on dénombre cette semaine 12 mineurs.Jeudi à l’aube, l’occupant investit Qalqiliya et enlève à sa famille Ghazi Derbas (17 ans). A 19h45, c’est au tour de Jehad al-Badan (17 ans aussi) d’être arrêté au nord de Bethléem. Selon l’occupant, il aurait lancé un cocktail molotov en direction d’un mirador. Non loin de là, lors d’un raid sur le village de Husan, l’armée s’empare de Mahmoud Wahab Hamamera (17 ans) et de Mohammed Khaled Hamamera (14 ans). Aucune explication n’est disponible. Mazen al-Natshah (16 ans) a eu plus de « chance » : arrêté dans la vieille ville d’Hébron sous prétexte qu’il n’aurait pas obéi aux ordres des soldats, puis emmené au poste de police de la mosquée d’Ibrahim, il est finalement relâché après intervention du bureau de liaison militaire palestinien.

Vendredi vers 4h, un commando prend d’assaut plusieurs maisons du camp d’Askar, au nord-est de Naplouse, et s’empare de deux jeunes de 17 ans : Saber Bassam Hebroun et Izz Abu Shanab.

A 15h, dans le quartier de Bab al-Sahara (porte d’Hérode), à Jérusalem, l’occupant se saisit d’un autre jeune de 17 ans, Tamer Abu Sharekh. A 18h, alors qu’ils sortent de la mosquée al-Aqsa, Jehad et Ashraf al-Rajabi (respectivement 12 et 13 ans) sont sévèrement attaqués par des soldats et emmenés en détention. Samedi, non loin de là, à la porte de Damas, un autre enfant de 12 ans, Daoud al-Amoudi, est kidnappé à son tour.

Et à 19h, à l’entrée du camp d’al-Aroub, près d’Hébron, les soldats enlèvent Rami Al-Maghrabi (13 ans). Lundi, à 2h30, Hamza al-Tawil (17 ans) est enlevé lors de la prise d’assaut de son domicile dans le quartier de Ras al-’Amud à Jérusalem.

Si la carrière de prisonnier commence très tôt, elle ne connaît pas d’âge de la retraite : vendredi, à 3h du matin, l’occupant arrête Bachir Ahmed al-Khairy (78 ans), cadre dirigeant du FPLP, à son domicile de Ramallah. 

La colonisation toujours

 Vendredi, les autorités d’occupation autorisent l’extension d’une conduite d’eau sur 12 km entre les colonies de Rotem et Betaot, au nord de la vallée du Jourdain. Si les Palestiniens sont privés d’eau, en revanche ce sont eux qui fournissent les terres pour faire passer les canalisations ! Lundi, à Beit Furik et Beit Daran, près de Naplouse, l’occupant s’empare d’un hectare de terres pour y implanter un point de contrôle afin de « sécuriser » une route réservée aux colons. Le colon est un être tellement émotif ! Jeudi soir, à l’est de Yatta, une bande de colons installe un avant poste de trois mobile homes sur des terres appartenant à un Palestinien. 

Guerre de tranchées à Sheik Jarrah 

Dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem Est, le « grand remplacement » bat son plein ! Lundi, la Haute Cour israélienne approuve la municipalisation de 470 hectares de terrain à Sheikh Jarrah « dans l’intérêt public ». Le terrain se trouve à proximité du secteur de Karam al-Ja’ouni, lui aussi menacé de confiscation au profit des colons. C’est une vieille histoire : les quatre familles lésées ont porté plainte devant les tribunaux israéliens dès 2005. Bien qu’elles aient démontré que ces terrains leur appartenaient, le tribunal du district en 2015, puis la Haute Cour le 1er novembre, ont finalement approuvé la dépossession. Il était question de bâtir sur ce terrain un parc et une annexe de l’hôtel Mehi. Ce dernier n’ayant posé en 25 ans aucune demande de permis de construire, la municipalité avait envisagé de construire à la place… un parking. Il est à nouveau question d’un hôtel, si les propriétaires du Mehi veulent bien s’en donner la peine… dans l’intérêt public, il va sans dire.

Sheikh Jarrah : Maisons de Palestiniens qu’Israel veut expulser au profit de colons juifs

Mercredi, l’armée démolit deux magasins près du checkpoint d’Hizma. Rien de nouveau pour le propriétaire, Abdel al-Khatib : il y a trois mois, on lui avait démoli 13 magasins, privant sa famille de ressources et mettant au chômage 150 personnes ! Pendant ce temps, d’autres bulldozers réduisent en bouillie deux maisons du village d’al-Moukaber, au sud-est de Jérusalem, jetant 10 personnes à la rue. Le même jour, 7 familles de Sheikh Jarrah reçoivent des avis d’expulsion de leurs maisons, situées sur un terrain concédé à une société de colonisation. En tout, l’occupant a procédé cette semaine à 3 démolitions de maisons, 12 destructions de biens divers (commerces…) et 2 confiscations de matériel de construction (un bulldozer et une bétonnière). 

Violence des colons 

Jeudi, près de Jéricho, Tayel Kaabneh est roué de coups par un gang de colons et doit être hospitalisé. Vendredi vers 17h, à l’entrée de Sheikh Jarrah. alors qu’il participe à la manifestation hebdomadaire contre la colonisation, Mohammed Abu al-Humus (56 ans) est violemment agressé par un colon. Il est frappé dans le dos et sur sa jambe blessée avant que des manifestants n’interviennent pour le protéger. Sur ce, des soldats interviennent… pour arrêter la victime. Ils l’emmènent au poste de police de la rue Salah al-Din. Plusieurs heures plus tard, ils le libèrent sous condition qu’il soit interdit de séjour à Sheikh Jarrah pendant 15 jours et qu’il reste éloigné du colon pendant 30 jours. Pour lui éviter à ce dernier la tentation de cogner à nouveau ? Il convient de noter que Mohammed Abu al-Humus a été arrêté plus de 8 fois et agressé des dizaines de fois alors qu’il participait à des événements nationaux.

Lundi, c’est sous la protection des forces d’occupation qu’un commando de colons pénètre sur des oliveraies à Kafr Qaddoum, monte une tente, coupe les branches de nombreux oliviers et vole la récolte. Mardi, pendant qu’une bande vole la récolte à Burin, non loin de là, une autre bande tire indistinctement sur les villageois de Burqa, du côté de Naplouse. Au total, on enregistre 18 attaques de colons cette semaine. 

Comment Israël fabrique des sans abris 

Lundi, à Kherbet al-Meetah, au nord de la vallée du Jourdain, un bulldozer israélien détruit d’un coup 3 tentes résidentielles, privant de toit une famille de 10 personnes, dont 5 enfants. Mais aussi deux bergeries, une tente utilisée pour stocker le fourrage, trois réservoirs d’eau, des panneaux solaires et une étable de 200 m2.

Mercredi vers 8h00, des gardes-frontières accompagnés d’un véhicule de l’administration « civile », d’une excavatrice et d’un bulldozer, se rendent dans la zone d’al-Jawaya, à l’est de Yatta, au sud d’Hébron. Les gardes-frontières se déploient dans la zone et perquisitionnent la maison de Nejmah Hammad Nawaj’ah (80 ans). Manu militari, ils évacuent les 15 occupants (dont 7 enfants) pendant que les forces d’occupation sortent tous les meubles et appareils électriques de la maison avant de la démolir. La famille n’a plus qu’à camper au milieu des gravats… 

Dans Gaza assiégée 

Dans le camp de concentration de Gaza, la marine de guerre israélienne (équipée informatique ment par HP) a à nouveau attaqué d’inoffensifs bateaux de pêche le vendredi et le mercredi, à moins des 3 miles autorisés par israël, au large de Beit Lahia et de Rafah.

Les terres agricoles ont encore été visées par les soldats israéliens près de Jabalia et de Khan Yunes, qui ne respectent même pas la « zone tampon » fixée par Israël et empiétant sur les terres des Gazaouis.

Véhicules militaires et bulldozers couverts par l’aviation ont pénétré à l’intérieur des terres gazaouies le lundi pour effectuer des « travaux de terrassement » et détruire les récoltes. 

La Cisjordanie entravée 

Aux 108 points de contrôle permanents se sont ajoutés cette semaine 85 checkpoints temporaires et 10 bouclages de routes principales. Ces entraves à la circulation, ainsi que les miradors omniprésents, emblèmes provocants de l’occupation, donnent lieu à des protestations réprimées à grands renforts de lacrymogènes. Cette semaine, c’est aux environs d’Hébron que les lanceurs de pierres ont été les plus actifs : à Dura, à Ras-al-Joura, près des camps d’al-Fawwar et d’al-Aroub – où un adolescent de 13 ans, Jamal al-Mughrabi, a été arrêté et emmené au centre de détention de la colonie de Gush Etzion. Mais plus la répression se durcit, plus la résistance se renforce. Une loi que les occupants devraient connaître, depuis le temps… 

(Compilé et traduit par Philippe G. pour CAPJPO-EuroPalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR), du Palestinian Monitoring Group (PMG): http://www.nad.ps/ , de la compilation de Leslie et Marian Bravery* (Palestine Human Rights Campaign, Auckland, Nouvelle Zélande).

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